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Conférence de presse du Pr. Albert Ondo Ossa : Propos sur l’état de la nation et son positionnement politique

Le vendredi 29 avril 2022 dernier, le Pr. Albert Ondo Ossa a convié la presse, la classe politique et la société civile à l’hôtel Triomphal (situé au boulevard triomphal). Il était question pour lui ce jour-là, de décliner sa vision sur l’état de la nation Gabonaise à moins de 15 mois de la prochaine présidentielle. Mais aussi se positionner vis-à-vis du peuple comme un sérieux client pour la prochaine élection présidentielle, si de nombreux compatriotes faisaient bloc autour de son ambition. Nous proposons ici, l’intégralité de son propos liminaire. Bonne lecture !

Je voudrais dans mon propos introductif traiter, dans un premier temps, de l’état de la Nation. J’aborderai, dans un second temps, mon positionnement politique. Je présenterai par la suite certaines questions d’actualité, avant de me pencher spécifiquement sur la situation des jeunes désœuvrés et les perspectives qui s’ouvrent à ces derniers.

S’agissant tout d’abord de l’Etat de la nation, force est de reconnaître que rien ou presque n’a changé depuis 2021, ni sur le plan politique, ni sur le plan économique, encore moins sur le plan social.

Sur le plan politique, la concertation nationale que tous les acteurs politiques souhaitaient de tous leurs vœux est renvoyée aux calendes grecques. Les décisions de suspension et de levée des mesures prises pour endiguer la pandémie covid-19 n’ont été ni expliquées, ni justifiés. C’est manifestement le pilotage à vue qui caractérise le mode de gouvernance politique.

Lors de la dernière conférence de presse que j’ai animée en mai 2021, j’ai montré l’urgence de corriger les déviances de notre Etat et les dérives du pouvoir actuel, notamment la suprématie d’une catégorie de Gabonais et leur positionnement majoritaire dans toutes les institutions de la République, une injustice flagrante. Malheureusement, cette tendance s’est amplifiée, au point d’être même dénoncée par un hiérarque bien connu du PDG.
Sur le plan économique, la situation continue de se détériorer car, comme il fallait s’y attendre, la crise sanitaire du Covid-19 a eu des implications économiques profondes. Des habitudes de consommation, d’adaptation et de contournement des décisions prises par l’Etat, se sont profondément ancrées. Dans une telle configuration, le gouvernement aurait dû prendre des mesures
correctives et incitatives. Malheureusement, il a opéré comme d’habitude : se complaire dans un suivisme puéril et moutonnier et prendre des décisions dans l’opacité, sans étude préalable, sans repère et sans même prendre l’avis d’experts sérieux en la matière.
La situation budgétaire du Gabon s’est d’autant plus dégradée qu’aucun effort d’assainissement budgétaire, en termes de meilleure maîtrise des dépenses de fonctionnement, en particulier la masse salariale, ne s’est profilé à l’horizon. Bien au contraire, les dépenses non budgétisées ont été effectuées en masse, alors que dans le même temps les retraités peinent à percevoir leurs pensions. De 2021 à 2022, il n’y a eu aucune tentative d’ajustement concernant les critères de surveillance multilatérale de la CEMAC et, précisément, les indicateurs de second rang. C’est ainsi qu’en matière de dette, rien n’a été amorcé pour réduire les arriérés de dettes aussi bien intérieurs qu’extérieures. Pour preuve, la charge financière de la dette atteint à peine 25 % des recettes fiscales dans la loi de finances 2022.

La relance de l’économie gabonaise est restée un slogan, car la relance par la consommation à travers le paiement de la dette intérieure, le paiement régulier des pensions de retraite, le paiement des rappels sur salaires et autres arriérés, ainsi que par la revalorisation du pouvoir d’achat des citoyens n’a pas été effective. Pas plus que la relance par l’investissement qui aurait nécessité une dynamisation du secteur privé, à travers notamment l’allégement des procédures de création des entreprises, la réduction de la parafiscalité et la réduction du coût de l’énergie, ainsi que je l’ai dernièrement suggéré.

Sur le plan social, rien n’a bougé. Il suffit d’évoquer la situation de deux secteurs essentiels que sont la santé et l’éducation. En matière de santé, l’hôpital public souffre toujours d’un manque de maintenance. Les plateaux techniques restent vétustes, avec des équipements de laboratoires ou de radiothérapie peu fonctionnels au point que les structures publiques deviennent des « mouroirs ». Le secteur privé supposé venir à l’appui est, en dehors de quelques exceptions, dans un état indescriptible car évoluant sans contrôle avec la prolifération de structures non viables sur l’ensemble du territoire.

En matière d’éducation, le système éducatif gabonais est quasiment bloqué avec des grèves qui se succèdent du fait qu’aucun problème n’est réglé et que le pouvoir joue le pourrissement. Aucun investissement additionnel dans les infrastructures scolaires et universitaires n’a été entrepris et lorsque certains travaux sont réalisés comme à l’UOB, les coûts en sont exorbitants, sans aucun rapport avec le service fait. La majorité des écoles manquent de bâtiments adéquats et de matériels didactiques. La gestion du système est toujours opaque avec des décisions qui ne sont ni réfléchies, ni élaborées et qui concourent chaque jour que Dieu fait à la détérioration de notre système éducatif.

Sur ces deux domaines, l’égalité des chances que le pouvoir a souvent clamée n’est qu’un slogan de plus, un vœu pieux sans réel effet car les inégalités subsistent et la fracture sociale s’agrandit. Les privilèges de naissance demeurent et aucune nouvelle hiérarchie sociale, dans laquelle les positions supérieures seraient occupées par les plus méritants (la méritocratie), ne se profile à l’horizon.

En ce qui concerne ensuite mon positionnement politique, je voudrais, une fois de plus, et à la suite des interpellations de nombreux compatriotes, l’expliciter. Ainsi que j’ai eu à le dire, je n’appartiens à aucun parti politique, je suis membre de la société civile et de la société civile non organisée. Au regard de la situation actuelle de notre pays et de son évolution au cours des vingt dernières années, j’ai opté finalement pour la « Realpolitik », une stratégie politique fondée non pas sur des a priori idéologiques ou des jugements de valeur, mais sur l’importance économique ou géopolitique des partenaires. En cela, Je m’inspire du Chancelier allemand Bismarck (1815-1898), qui recherchait des alliances pour faciliter l’unité de l’Allemagne et assurer l’équilibre entre les empires européens.

Mais pourquoi suis-je sans parti politique, pourquoi suis-je sorti de la société civile organisée et pourquoi mon engagement pour la « Realpolitik » ? A la base, tout d’abord les limites structurelles des organisations traditionnelles d’encadrement de la société que sont, d’une part, les partis politiques et, d’autre part, les syndicats, cercles d’intelligence et autres associations et, ensuite, la situation économique et géostratégique de notre pays le Gabon.

S’agissant des limites structurelles des organisations traditionnelles d’encadrement de la société, j’évoquerai principalement l’attitude lamentable du PDG qui se présente comme le premier d’entre eux. Le PDG a non seulement échoué sur tous les plans mais, en plus, il utilise malicieusement les leviers de l’Etat pour empêcher, par la corruption, la coercition et la fraude, l’épanouissement des autres partis et même tout simplement une expression politique saine dans notre pays. Ainsi les autres partis, pourtant de qualité pour la plupart, se retrouvent rongés par des intrigues, des parricides, des alliances contre nature et autres trahisons. Souvent dédoublés, ils se retrouvent incapables de concevoir de grands projets d’avenir, en vue d’une alternance rassurante, d’où la désaffection générale des Gabonais pour la politique.
Le fonctionnement actuel de notre système politique émiette et divise le peuple alors que je prône la démocratie participative, autrement dit une forme de partage et d’exercice du pouvoir, fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision politique. Fort heureusement, de nombreuses personnalités politiques de notre pays partagent cette vision. Nul doute que, le moment venu, nous nous entendrons pour faire avancer notre pays.

J’avoue, pour ma part, que je me suis toujours senti plus proche de la grande masse des citoyens qui, déçue par l’emprise maléfique du PDG sur l’ensemble de la classe politique et certaines organisations de la société civile, ronge son frein chaque jour que Dieu fait. Aussi, dans le lanterneau national, ne serai-je pas gêné d’apparaître, comme un descendant de la « gare routière », autrement dit quelqu’un qui reste fidèle au combat qu’ont mené les précurseurs qui nous ont pour la plupart quittés et, plus proches de nous, leurs porte-flambeaux et autres relais encore en vie. Cependant, je reste convaincu que la société civile indépendante a un rôle essentiel à jouer dans la nouvelle configuration des politiques publiques et dans les mutations politiques en cours. Ainsi que j’ai eu à le préciser lors du discours d’ouverture des premières assises de la société civile libre en 2015, les trois missions qui incombent aujourd’hui à la société civile dans notre pays sont :

1°) une mission de protection des citoyens contre l’arbitraire étatique ;

2°) une mission de contrôle, appelée également « mission de sécurisation de la liberté par la négative », qui consiste en l’observation et le contrôle du pouvoir politique (contrôle des élections en vue d’en garantir un déroulement équitable
et le strict respect des résultats issus des urnes) ;

3°) une mission de démocratisation, grâce à laquelle elle contribue au processus de formation de l’opinion (l’éducation de l’électorat).
Par rapport à la situation économique et géostratégique de notre pays, même si elle semble abandonnée en Europe depuis la fin du XIXe siècle, la « Realpolitik » me paraît plus adaptée aux pays en développement comme le Gabon, qui ne doivent nullement rechercher une supériorité militaire, mais plutôt la mise en œuvre d’une politique réaliste, modeste, simple et éloignée des utopies trop zélées. Elle permet une posture diplomatique pragmatique, par opposition à une politique idéaliste. De ce point de vue, les relations avec les puissances étrangères ne seront essentiellement fondées que sur les intérêts économiques et politiques des partenaires, ce qui requiert une parfaite évaluation de la situation, des forces et faiblesses des acteurs en présence, les idéaux cédant la place aux impératifs de la réalité. La forme d’organisation qui en découle est relativement proche de la social-démocratie, plus précisément une forme de centre-gauche, très éloignée de l’idéologie révolutionnaire. Elle recherche le consensus entre les acteurs sociaux en vue d’une plus grande efficacité économique reposant notamment sur une intervention judicieuse de l’Etat dans des domaines stratégiques et de souveraineté.
A cet égard, je reste attaché à l’idée que l’économie de marché ne peut fonctionner sans encadrement, car qu’il s’agisse des inégalités, de l’environnement, des dérèglements ou des excès de la sphère financière, des secteurs non marchands ou des secteurs comme l’éducation, la santé, la culture ou l’aménagement du territoire, le Gabon ne se construira qu’avec une économie de marché soumise à l’arbitrage des pouvoirs publics, seuls à même d’intégrer une participation citoyenne élargie. De plus, la fermeté dont l’Etat fera preuve le cas échéant et le respect qu’il saura inspirer, du fait de la qualité de ses acteurs, lui permettront de jouer, dans tous les domaines où c’est indispensable, son rôle d’arbitre et de garant de l’intérêt général.

Deux objectifs déterminent donc fondamentalement ma pensée politique, d’une part, l’amour du pays et la défense de ses intérêts et, d’autre part, la générosité, autrement dit la solidarité surtout vis-à-vis des couches sociales les plus défavorisées. Mon positionnement conduit néanmoins – et je le sais – à un questionnement important :

1°) peut-on réussir en politique sans avoir de parti ou sans appartenir à un parti politique ?

2°) quel cheminement implique une telle option politique ?

3°) quels en sont les enjeux sur les plans national et international ?

C’est alors qu’il est utile d’évoquer, pour mieux justifier mon positionnement, le concept de leadership souvent galvaudé dans notre espace. Le Gabonais, semble-t-il, serait à la recherche d’un leader, ce qui devrait inciter chaque acteur politique à vite se faire remarquer pour occuper le terrain. Mais il apparaît clairement, à mon avis, que nous cherchons à répondre à une question mal posée, car on voudrait se donner d’abord un leader, même sur la base de rien, sans idéologie, sans ligne politique ni cheminement, pourvu que le leader choisi dispose d’un portefeuille conséquent. Une question : peut-on objectivement choisir un leader du seul fait de sa puissance financière ?

Le leadership, entendons-nous bien, est l’influence politique, psychologique, sociale ou autre d’un individu ou d’un groupe d’individus sur un autre groupe. Il traduit la capacité d’un individu à influencer et à fédérer un groupe, pour atteindre un but commun dans une relation de confiance mutuelle et pour une durée limitée. Le leader a donc des aptitudes particulières qui lui permettent d’être écouté et suivi par un groupe de personnes en vue d’atteindre certains objectifs. Alors se posent deux questions claires : pour quels objectifs les Gabonais se rangeraient-ils derrière tel ou tel ? S’agit-il en cela d’objectifs du ventre ?

Ne confondons nullement les choses, être leader, ce n’est ni une fonction, ni un titre officiel, ni un titre de propriété, ni un attribut familial, mais plutôt un ensemble de comportements et une attitude charismatique, autrement dit un ascendant naturel suscitant une forte adhésion d’autres personnes. Malheureusement, la majorité des hiérarques du PDG, leurs affiliés et autres alliés (de fortune ou par défaut) ne sont pas aujourd’hui capables, nous en convenons, de faire autre chose que ce qu’ils ont toujours fait : piller et dépenser les ressources publiques pour venir ensuite, en période électorale notamment, les redonner en partie au peuple sous forme de dons divers remis malicieusement au nom du Président de la République. Or, la fonction-objectif qui doit prévaloir dans le Nouveau Gabon est innover, transformer la société, autrement dit créer des idées, de la valeur et de la richesse en vue de réduire les inégalités actuelles, vaincre la pauvreté et assurer le bien-être de nos populations.
Pertinent parce qu’il correspond aux attentes de la grande masse des citoyens déçue par l’emprise maléfique du pouvoir sur l’ensemble de la classe politique et certaines organisations de la société civile, ainsi que je l’ai dit plus haut, mon positionnement apparaît parfaitement défendable. Mieux, il s’en trouve à plusieurs égards renforcé.

Pour ce qui est enfin des questions d’actualité et, en premier lieu, l’actualité internationale, on aurait bien aimé entendre le pouvoir sur les conséquences, pour l’Afrique et spécialement pour le Gabon, de la guerre en Ukraine, silence radio, pour employer une expression typiquement gabonaise : « que didiiii ! ». On aurait bien aimé entendre les autorités apprécier les positions des activistes sur la nécessité de réformer ou de changer le franc CFA, « que didiiii ! ». On aurait bien voulu que les autorités s’expriment publiquement sur la revendication légitime des pays africains à récupérer leurs œuvres d’art disséminées partout dans le monde, « que didiiii ! ».

En second lieu, par rapport à l’actualité nationale, on aurait bien aimé entendre le pouvoir sur l’utilisation des ressources empruntées et/ou reçues de l’extérieur pour lutter contre la pandémie Covid-19 et sur celles engagées par l’Etat, « que didiiii ! ». On aurait bien voulu entendre le gouvernement communiquer sur l’usage fait des ressources collectées à l’occasion des opérations MAMBA et autres, « que didiiii ! ». Etant donné que la loi de finances 2022 a été faite sur la base d’un pétrole à 60 dollars le baril et que l’une des conséquences de la guerre en Ukraine est le relèvement du prix du pétrole à plus de 100 dollars en moyenne annuelle. Sachant qu’un dollar de plus donne environ 50 milliards de francs CFA supplémentaires dans les caisses de l’Etat, on aurait bien aimé que la présidence de la République, si prompte à faire des communiqués, nous instruise sur l’usage qui serait fait de ce bonus (plus de 2.000 milliards de francs CFA, qui suffiraient à bitumer les 2.500 km de route dont le Gabon a besoin, à raison de 800 millions le km) et donner l’assurance qu’il ne terminerait pas dans les paradis fiscaux, « que didiiii ! », quelle désolation !

Au lieu de cela, le gouvernement a perpétué l’invective, le déni et la fuite en avant. Au lieu d’être proactif, le pouvoir est, à chaque fois sur la défensive, réactif et rétrograde dans ses déclarations, prises de positions et autres décisions. C’est ainsi que, sur la situation internationale, le pouvoir s’est évertué
à vanter et à commenter sa décision de faire adhérer le Gabon au Commonwealth, sous le prétexte « de mieux préparer le pays à la mondialisation, avec à la base le souci de diversifier ses partenaires et dynamiser ses perspectives de développement ». Or, et je ne le dirai jamais assez, l’appartenance au Commonwealth n’apportera au Gabon aucun avantage commercial, aucune baisse des droits de douane, aucun accord de coopération civil ou militaire. De plus, et c’est bien connu, la seule manière de préparer un pays à la mondialisation est de rendre son économie performante, ce qui attirera nécessairement tous les bailleurs de fonds, ainsi que les investisseurs de tous bords et de tous les pays. Enfin, si les pays membres du Commonwealth prospèrent, ce n’est nullement en raison de leur appartenance à cet organisme mais plutôt grâce à une meilleure gouvernance.

Sur la situation nationale, le pouvoir entretient plutôt la distraction avec des communications futiles sur notamment :

– des changements de gouvernement sans réelle prise sur la vie des populations ;

– des ralliements au PDG de personnalités qui ne l’ont en réalité jamais quitté. Des ralliements qui n’ont, du reste, aucun effet sur le cours de la vie des citoyens ;

– des nominations et des promesses de nominations qui n’émeuvent ni n’intéressent personne, en dehors des gens qui appartiennent et ont toujours appartenu aux cercles du pouvoir ;

– l’introduction insidieuse dans les réseaux sociaux d’une possibilité de révision de la Constitution portant changement du modèle électoral où seuls les grands électeurs triés sur le tas iront aux urnes ;

– le pseudo réveil clamé tambour battant du PDG que nous savons moribond ;

– les constructions et autres actions d’éclats pour tenter de justifier la prochaine imposture en préparation ;

– le projet de loi fixant les sièges et dénominations des chefs-lieux des provinces et départements de la République, aux termes duquel la ville d’Akanda deviendrait le chef-lieu de la province de l’Estuaire.

Par ailleurs, malgré le retrait manifeste du Président de la République, on continue à entretenir l’illusion d’un chef d’Etat en forme, qui tient les rênes du pays. De même qu’on s’emploie allègrement à focaliser l’attention sur la prochaine élection présidentielle et à présenter un BONGO capable de se succéder à lui-même alors que tous ceux qui sont à la base de ce scénario catastrophe n’y croient pas du tout et ont leur candidat, tapis dans l’ombre, en attendant que le ciel s’éclaircisse. Des centaines de milliards sont subtilisés dans les caisses de l’Etat, mobilisés à cette fin tandis que des personnes idoines sont contactées et réquisitionnées. De qui se moque-t-on ?

A y regarder de près, parmi les positionnements et autres déclarations de candidature en cours, il y en a qui peuvent devenir très nuisibles pour notre pays. On peut globalement les classer en quatre catégories :

1°) ceux qui, ayant des choses à cacher parce qu’ils trainent des casseroles, se positionnent pour préparer et drainer leur ancienne clientèle de manière à en faire, le moment venu, un élément de chantage politique ;

2°) ceux qui se positionnent pour un strapontin et qui se déclarent très vite candidats pour attirer l’attention et être cooptés dès maintenant par le pouvoir ;

3°) ceux qui, sachant qu’ils ne peuvent pas y arriver, s’empressent de barrer la route à d’autres, en se positionnant très tôt sur une base ethnique, tribale et/ou sectaire ;
4°) ceux qui se positionnent plutôt pour préparer d’autres échéances à venir : les élections législatives et locales.
Cependant, les compatriotes qui ont de réelles chances d’y arriver parce justifiant de sérieuses aptitudes devraient encore s’entourer de précautions et se préparer sérieusement à la gestion du pays, le temps d’apprécier les contours et les écueils d’un pouvoir, ses multiples enjeux nationaux et internationaux, de rechercher minutieusement qui appeler le moment venu et pour faire quoi. Il s’agit d’un travail de fond car le pire en cela serait de commettre des erreurs de casting du fait de la précipitation et de l’impréparation. Dans de telles conditions, toute démarche rationnelle et judicieuse devrait tout ou moins prendre en compte certaines évidences :

1°) Ali BONGO est un homme du passé et un passé désormais révolu ; cela ne sert à rien de s’y attarder sauf pour avoir de la compassion pour un compatriote, lui pardonner tout le mal qu’il nous a fait et prier pour lui. Ce serait un acte fort de miséricorde et de réconciliation nationale ;

2°) le PDG est un parti obsolète, un produit périmé et bien périmé, qui n’est pas capable de s’actualiser car il n’excelle qu’en une chose : crier « OYE, OYE soutien, soutien à un certain grand camarade, grand timonier, qui dicte toutes les pensées et régente tout. Vidé de son contenu, le PDG ne me paraît pas apte ni à fonctionner normalement, à savoir défendre loyalement et avec rigueur ses idées pour un développement harmonieux et durable du pays (en a-t-il vraiment ?), ni autrement, par exemple œuvrer dans l’opposition.

Devant autant de distractions, d’incohérences et de manipulations de l’opinion, nous devons rester concentrés sur l’essentiel et prendre conscience que, ainsi que je l’ai dit la dernière fois – et je le redis avec force aujourd’hui – quel que soit le moment, quelle que soit la mue que le pouvoir opérera, quelles que soient la forme et la couleur qu’il prendra in fine, autrement dit quelle que soit la personne qu’il présentera à la prochaine élection présidentielle, le système BONGO – PDG doit être sanctionné et démantelé. Nous devons donc tous nous tenir prêts à nous lever comme un seul homme, en vue d’une alternance crédible au sommet de l’Etat et du redressement de notre cher pays le Gabon.

Je ne saurais terminer ce propos sans parler, encore une fois, de la jeunesse qui, est aujourd’hui totalement désemparée parce que sans travail ni repère. Je lui demande de garder malgré tout espoir. Aussi voudrais-je me permettre de formuler, à ce sujet, quelques recommandations utiles à l’intention des dirigeants de notre pays. Au vu du chômage élevé que connait le Gabon et plus encore chez les jeunes, l’Etat devrait insuffler une dynamique particulière par la création d’infrastructures éducatives et d’aides sociales ciblées, en vue de l’épanouissement intellectuel et moral des jeunes. Les recommandations spécifiques y relatives sont alors les suivantes :
1°) la création des pôles agréés susceptibles d’accueillir les jeunes désœuvrés qui, en fonction de leurs profils, de leur savoir-faire, bénéficieront d’une formation appropriée et éventuellement d’une aide permettant le renforcement/approfondissement de leurs compétences initiales, notamment dans les branches et les activités tels que le BTP, l’agriculture, la vulcanisation des pneus, la couture et bien d’autres activités actuellement négligées par les Gabonais. Les pôles agréés auront comme autres objectifs l’orientation des jeunes vers les centres éducatifs et/ou des formations pratiques correspondant à leurs ambitions et capacités ;

2°) l’octroi des subventions, après analyse au cas par cas, aux PME/PMI et autres entreprises qui recruteraient les jeunes issues de telles pôles et soutenir par ailleurs leurs demandes d’emplois ;

3°) la création et la construction de foyers jeunes travailleurs, afin d’y loger temporairement des jeunes en cours de formation et de stages, en CDD ou en alternance.

Il s’agit des petites initiatives certes, mais d’une portée appréciable pour ne pas laisser nos jeunes à l’abandon. Elles consistent à mobiliser, canaliser et recueillir les jeunes désœuvrés afin de leur assurer une meilleure insertion dans la vie active. Est-ce trop demander ? Je réponds non, cela dépend à la fois de la volonté politique et de la bienveillance des dirigeants car le Gabon en a parfaitement les moyens !

Que Dieu bénisse le Gabon !

Je vous remercie !

 

Pr. Albert Ondo Ossa

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