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Décès de Casimir Marie Ange Oye Mba : le dernier souvenir et le clap de fin !

Casimir Oye Mba et Guy Nang Bekale

La nouvelle du décès de Casimir Oye Mba est tombée le matin du 16 septembre 2021 comme un couperet. A notre rédaction, nous n’étions pas trop surpris d’autant plus qu’en apprenant son départ pour la France, inquiets, nous envisagions cette éventualité. Non pas parce que nous lui souhaitions la mort, mais parce que, de tous les Africains qui ont quitté l’Afrique pour se faire traiter le Coronavirus en France, sauf perte de mémoire, aucun n’est revenu vivant. Le dernier cas en date étant celui de l’ancien Premier ministre de Côte-d’Ivoire, Charles Konan Banny. Guy Nang Bekale, haut commis d’Etat et notable fang du Moyen-Ogooué qui a bien connu l’homme, témoigne ici, de son ultime rencontre avec CAM la Classe.

C’est indéniable : la mort est inscrite dans l’Homme et l’homme le sait. Mais, pris et préoccupé par les exigences de la vie, il n’y prête pas suffisamment attention. Toujours surpris, les vivants ne parviennent pas à décrypter les signes et à décoder les messages prémonitoires que la mort leur envoie. En quelques clics et secondes, la nouvelle de la mort de Casimir Oye Mba a fait le tour du monde ce jeudi 16 septembre 2021. Surpris ? Oui ! Je le fus : d’autant que Casimir Oye Mba m’avait fait appeler par sa secrétaire pour un rendez-vous à son domicile le mardi 24 (août ?) à onze heures.

Nous avons passé plus d’une heure à sa terrasse en parlant du Gabon avec amour et amertume. Notre conversation portait non seulement sur la crise qui sévit depuis plusieurs années dans le pays, mais aussi sur le débat qui a cours au sein de son parti, l’Union nationale, pour l’élection de son organe dirigeant, dont la candidature de Paulette Missambo, à la suite de la retraite du président Zacharie Myboto. Pris de soif, j’ai commandé une bière  qu’une dame m’a servie. Un jeune journaliste est passé récupérer un pli, puis il est reparti aussitôt… Quoiqu’un peu bedonnant, « il  semblait en forme ».
Notre conversation a continué sur un sujet qui me tenait à cœur, à savoir son regard et son appréciation de la situation du Gabon et les place et rôle qu’il pensait pouvoir y avoir. Je lui ai dit : « Oye, on n’est jamais fini en politique tant qu’on vit ». En guise de réponse, cet homme, qui savait rire, m’a répondu par un fraternel rire sonore en me regardant droit dans les yeux. L’entrevue a été écourtée parce qu’il devait assister à un mariage. En m’accompagnant à mon véhicule, nous sommes restés quelques instants dans son jardin, les mains dans les poches, en nous regardant cordialement, fraternellement et amicalement. Au moment de nous séparer, toujours blagueur comme…, il m’a chahuté en voyant la roue de secours de ma voiture qui était en très mauvais état : « A Nang, même en cas de crevaison ta roue ne te sera d’aucune utilité », me dit-il d’un air goguenard. Témoins, ses gardiens qui nous observaient et surveillaient les déplacements de leur chef.
Nous étions nombreux à avoir pour Monsieur Casimir Oye Mba une réelle et sincère admiration. Certains, comme moi, y ajoutaient la fraternité et le respect. J’aimais bien Oye Mba et il me le rendait bien lors de nos apartés. Si j’étais le bon Dieu, je lui aurais confié la gestion du Gabon avec bonheur et en toute confiance. Il en était capable et avait la compétence et l’expérience pour ce faire. Comme je l’ai dit une autre fois, une grande partie du peuple gabonais est comme ces jeunes gens qui ne découvrent l’amour qu’après l’avoir perdu. Certes, nul n’est prophète en son pays, mais force est de reconnaître qu’Oye Mba était du nombre des rares derniers cadres de sa génération capables de faire du Gabon un pays digne et respecté et de rendre son peuple fier et heureux s’il avait été porté à la direction de l’Etat comme la majorité des Gabonais de toutes les provinces du pays l’avaient rêvé lors de l’élection  présidentielle de 2009.
Tu as emporté avec toi ta bonne humeur, ton faux air inamical et froid, tes rires et tes sourires, ta classe, ton élégance et ta courtoisie. Tu resteras incompris et considéré comme hautain et poltron par ceux qui ne t’auront pas observé et qui manquaient de sens de discernement. Pour moi et avec moi, tu étais très fraternel et d’une joie qui laissait entrevoir ce côté enfantin qui subsiste caché chez les Etres de cœur et de haute intelligence. En toi, le Gabon vient de perdre l’un de ses prestigieux citoyens.
Cher aîné ! As-tu eu le temps de parcourir mon ouvrage intitulé « De l’aurore au crépuscule de mon séjour terrestre » que je t’ai dédicacé en commettant une faute d’orthographe ? Tu m’as promis le lire quand tu seras tranquille comme à ton habitude. Alors, lis-le tranquillement !
Mon épouse et moi présentons nos condoléances à ta famille avec, au fond de nous, le souvenir vivace de ton invitation à Nzam’Alighe.
Repose en paix ! Nous t’aimerons durant tout le reste de nos jours.

Guy Nang Bekale

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