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Dialogue social du juge Julien Nkoghe Bekale : Le bâton et la carotte !

En lançant le dialogue social, son dialogue social il y a quelques jours, le Premier ministre Julien Nkoghe Bekale s’est visiblement mis dans une posture de dissimulation et de distraction. Allant jusqu’à prendre des libertés avec la loi, non sans brutaliser l’ordre institutionnel pour faire oublier aux uns et aux autres, l’existence d’Ali Bongo le seul vrai maitre du bateau Gabon, le PM n’étant plus responsable devant la représentation nationale.

Des rumeurs parlent même de corruption de certains leaders syndicaux qui seraient passés à la caisse palper l’oseille. D’autres par contre trop exigent ont fait l’objet de la brutalité du régime à l’image de la Dynamique unitaire (DU) qui a exigé négocier directement avec Ali Bongo Ondimba et qui a vu son espace de la cité Awendjé envahi par les forces de l’insécurité du régime le samedi 27 avril 2019 très tôt au matin. Une situation bien embarrassante qui lui a poussé à pondre ce communiqué de presse : « –Considérant les paragraphes suivants sur la liberté syndicale -Cinquième édition (révisée) de l’organisation Internationale du Travail (O.I.T) : -178 : L’inviolabilité des locaux et biens syndicaux constitue l’une des libertés civiles essentielles pour l’exercice des droits syndicaux ; -179 : L’occupation des locaux syndicaux par les forces de l’ordre, sans mandat judiciaire les y autorisant, constitue une grave ingérence des autorités dans les activités syndicales ; -180 : L’inviolabilité des locaux des organisations de travailleurs et d’employeurs a comme corollaire indispensable que les autorités publiques ne peuvent exiger de pénétrer dans ces locaux sans l’autorisation préalable des occupants ou sans être en possession d’un mandat judiciaire les y autorisant, la Confédération syndicale Dynamique Unitaire, prenant a témoin l’opinion nationale et internationale, exige du gouvernement gabonais le retrait immédiat des forces de l’ordre qui ont envahi le terrain de Basketball de la cité Awendje afin d’empêcher la tenue de l’assemblée générale des travailleurs prévue audit terrain, ce samedi 27 avril 2019 à 10h. Le Bureau Confédéral de Dynamique Unitaire. ».

Un gouvernement qui veut réellement négocier avec des partenaires, doit se mettre dans une logique d’humilité, de compréhension et de patience et non comprimer les syndicats qui ne chantent pas ses louanges ou qui refusent de se faire graisser la patte. En empêchant la tenue de l’AG de la Dynamique unitaire, le gouvernement a contourné le problème, il ne l’a pas réglé. Pire, il ne donne de facto raison à ceux qui soupçonnent que le dialogue social du PM ne serait en réalité, un subterfuge, une entourloupette ayant pour but, d’embrouiller les compatriotes sur les vrais problèmes tout en donnant l’impression que le PM peut se mettre à la place du président de la République, alors que la loi ne lui en donne même pas un peu la possibilité et la qualité.

La seule possibilité de donner des chances à ce dialogue social est de dire aux partenaires, dans quel état se trouve le chef de l’Etat, détenteur suprême du pouvoir exécutif, unique architecte de la politique de la nation et clef de voûte des institutions. Brutaliser certains syndicats et corrompre d’autres est loin d’être le remède. Ne nous voilons pas la face, ne partageant plus le pouvoir exécutif avec le président de la République, le Premier ministre ne peut décider de rien. Surtout, dans le contexte actuel, marqué par les incertitudes sur les capacités physiques et cognitives d’Ali Bongo. Julien Nkoghe Bekale l’ignorait-il ? Si on a des raisons d’en douter, on peut tout autant y croire. Du coup, son initiative mérite d’être analysée avec minutie.

En effet, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le dialogue social se définit comme « l’ensemble des processus de négociations, de partage de l’information ou de consultation mis en place entre le gouvernement, les employeurs et les salariés dans le cadre de problématiques ou de questions liées à la politique économique et sociale menée par l’État ». Jusqu’ici, les initiatives de ce type ont été décidées par le président de la République et placées sous son autorité. Le rôle joué par le Premier ministre dans l’édition en cours a, de ce fait, quelque chose de surprenant. En tentant de minimiser les blocages nés de l’absence d’Ali Bongo, en évitant le débat sur le respect de la liberté syndicale, Julien Nkoghe Bekale a légitimé les critiques de certains participants. A-t-il pris l’engagement d’institutionnaliser le cadre de concertation ? Il a plutôt ouvert la polémique sur l’étendue de son pouvoir réglementaire. A-t-il proclamé sa volonté d’impliquer « l’ensemble du corps social » ? Il a davantage donné l’impression d’instrumentaliser certains syndicats qui auraient été soudoyés et d’ostraciser d’autres, les poussant jusqu’à leur dernier retranchement.

En faisant comme si l’absence du président de la République n’était pas lourde de conséquences, en se gardant de demander le retrait de l’arrêté portant suspension des activités de la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed), le Premier ministre a suscité des doutes sur ses réelles intentions. A-t-il prétendu tenir un «langage de vérité» ? Il s’est, en réalité, posé en chantre d’une gouvernance rétrograde, fondée sur la dissimulation, l’intimidation, le débauchage et les intrigues d’arrière-cour.

Si les participants à ce dialogue social ne veulent pas servir de marchepied, ils ne doivent nullement transiger avec les principes républicains et valeurs démocratiques. Sur les réformes en elles-mêmes, notamment celles liées à la redistribution de la richesse nationale, tant de réserves peuvent être émises. Julien Nkoghe Bekale a cru user d’un argument d’autorité en se référant au Plan de relance de l’économie (PRE). En annonçant la mise en place de commissions thématiques, il s’est posé en homme de méthode. N’empêche, il n’a apporté aucun gage d’ouverture. De même, il n’a donné aucune garantie quant à la mise en œuvre des politiques publiques. Enjeux essentiels d’une telle grand-messe, la formulation d’un consensus national et la participation de l’ensemble des acteurs à la vie publique sont loin d’être assurés. Fidèle à lui-même, le Premier ministre n’a nullement levé les inquiétudes sur sa conception de la gouvernance démocratique. Bien au contraire. N’ayant pas proclamé le caractère inaliénable du droit de grève, s’étant montré insensible au sort de le Conasysed, ayant présenté les réformes envisagées par son gouvernement comme des panacées, ayant annoncé sa volonté de prendre un arrêté en lieu et place d’un décret, il a laissé le sentiment d’être engagé dans une intrigue politique politicienne.

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