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Enseignement supérieur/l’incongrue proposition du Snec-UOB : Une année blanche… ?

A l’occasion du point de presse qu’il a fait le mardi 15 septembre 2020, le Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec-UOB) a demandé au gouvernement, compte tenu des manquements liés à la réouverture des établissements supérieurs, la déclaration de l’année blanche en vue de mieux se préparer pour l’année prochaine. Une proposition aussi étonnante qu’incongrue et aux allures démagogiques faite par un syndicat censé se battre pour la profession et la transmission du savoir.

Le temps fort du point de presse du SNEC

Pour le Snec-UOB, en raison de la menace pesante de la Covid-19 et la persistance de certaines difficultés, les conditions ne sont pas réunies pour la reprise des cours dans les universités, instituts et grandes écoles du pays à la date prévue le 24 septembre prochain. Face à cette réalité, le Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec) s’est opposé à la reprise des activités pédagogiques le 15 septembre à Libreville. Il propose au gouvernement de décréter l’année blanche pour « cesser de faire dans le bricolage et le colmatage ».
Le président du Snec, Pr Mathurin Ovono Ebe, a estimé que le couvre-feu en vigueur est incompatible avec la reprise des activités pédagogiques et de recherche, les cours allant au-delà de 20h, notamment dans la formation continue. De plus, il a estimé que la reprise des cours ne saurait être effective « non seulement parce que l’arrêté interdisant les regroupements de plus de 10 personnes est toujours en vigueur, mais aussi parce que la présence des enseignants-chercheurs dans les salles de classe et amphithéâtres est conditionnée par le paiement intégral de toutes les vacations dues, sans oublier la régularisation de toutes les situations administratives, le paiement des rappels et l’arrimage complet de la pension de retraite au nouveau système de rémunération ».
Autant de carences qui ont poussé le Snec à proposer l’année blanche. Cette pause sera mise à profit par le gouvernement non seulement pour œuvrer à la multiplication des infrastructures qui permettraient de désengorger l’UOB, mais aussi de relancer la construction des universités d’Oyem, Mouila, Boué et Port-Gentil. En plus de l’année blanche, le syndicat a proposé au gouvernement de « sortir les enseignants-chercheurs du statut général des fonctionnaires afin de mieux suivre leurs carrières ».

Entre démagogie et opportunisme…

La proposition de Snec-UOB ressemble bien malheureusement à cela au fond. En effet, depuis au moins 2016, le Gabon et l’UOB en particulier ont-ils déjà eu une seule année universitaire « normale » ? Depuis quand des conditions optimales de cours et de formation des étudiants dans les grandes écoles, instituts supérieurs et universités publiques ont-elles été réunies ? L’idée n’est pas de défendre un gouvernement qui n’a d’ailleurs cure de ce secteur d’avenir pour le pays (formation de la jeunesse), mais de s’arrêter un moment et se demander si vraiment cette proposition a été bien réfléchie et soupesée. Elle entame quelque part la crédibilité du Snec-UOB. La crise de la Covid-19 est certes encore là, mais le maintien de la fermeture des écoles et universités est-il la solution idoine ? Rien n’est moins sûr.
Une année blanche (sans cours) devrait aussi s’accompagner du gel des salaires des enseignants puisque le salaire égale le service fait. Les universitaires seraient-ils prêts à cela ? Il y a une forme d’irresponsabilité collective qui se répand à travers le pays, insufflée par les tenants du pouvoir et qui, inconsciemment ou délibérément, se répercutent même dans des secteurs (politique, syndicalisme) censés se montrer déterminés et sensibles à la cause populaire. Qui gagne réellement en cas d’une année blanche ? Le régime Bongo y perdra-t-il quelque chose ou seront-ce les apprenants ?
Cette proposition apparaît saugrenue et contraire à l’éthique, à la vocation même de l’enseignement. L’UOB et les autres établissements seraient donc plus « exposés » au risque de la Covid-19 que ne le sont les bars, les mariages, les décès, les marchés à ciel ouvert, les magasins où tout le monde, y compris les enseignants-chercheurs eux-mêmes de l’UOB et d’ailleurs, passe son temps entre amis ou en famille sans respect des mesures barrières et de la distanciation sociale ? Non, le zèle partisan et excessif n’apporte rien au pays. Entre le courage et la cruauté des va-t-en guerre qui dirigent le pays et des propositions extrêmes et démesurées de ce genre, les jeunes sont tout simplement les victimes de combats personnels et politiques.

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