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Establishment et présidentielle en France, en Francophonie et ailleurs

La  question de savoir si la France est encore un pays démocratique se pose… On peut lire sur le Net que « les présidents sont présélectionnés par l’oligarchie maçonnique… Le vote n’est qu’illusion, donner l’illusion au peuple qu’il a le choix et la liberté » et que « de nombreux Parisiens découvrent les résultats du 1er tour alors qu’ils sont dans les files d’attente pour voter… La fraude est totale… Ces élections (françaises) sont un véritable scandale ». C’est ce qu’un Français au nom, surnom ou pseudonyme, de Laurent Du Mcse a écrit sur son mur. Qu’elles soient vraies ou pas, on peut lire dans d’autres fora des propos et des observations qui vont dans le même sens. Le texte est encadré par une photo de Jacques Attali sans que l’on sache si cet écrit est ou non de lui.

La France est présentement dans une compétition électorale dont les résultats du premier tour ont été publiés le 10 avril dernier. Ils donnent, pour les 5 principaux candidats : Macron Emmanuel (27 %) ; Le Pen Marine (25 %) ; Mélenchon Jean Luc (22 %) ; Zemmour Eric (7 %) ; Pécresse Valérie (5 %). En rapprochant ces résultats à la campagne, à l’affluence et à la mobilisation des partisans de chaque candidat, l’observateur est surpris de constater les décalages qui apparaissent entre ces pourcentages et le travail effectué auprès des électeurs. Objectivement, on peut affirmer que la campagne électorale française de 2022 s’est présentée sous  3 formes.
D’abord, celles de Zemmour et Mélenchon qui pouvaient laisser croire qu’ils feraient de gros scores au regard de la forte participation populaire à leurs meetings. Les deux hommes ont fait une campagne traditionnelle, à l’ancienne, comme l’on s’en était habitué. Leurs résultats ne reflètent nullement leur excellente propagande électorale.
Ensuite, il y a eu la campagne des deux dames : Le Pen, qui a (comme Zemmour) été parfois mise en difficulté et à la peine par quelques fanatiques anti-droite, et Pécresse, ou dame tristesse, dont les prises de parole publiques ont été très lamentables ; à l’exemple de son premier grand meeting.
Enfin, il y a eu le comportement royal du président candidat qui a profité de la guerre entre la Russie et l’Ukraine pour se placer abusivement au-dessus de la mêlée. Certainement bien conseillé par ses collaborateurs, il a orienté sa campagne sur la nécessité de la paix et la fierté d’appartenir à l’Europe dans un monde irréversiblement globalisé. Le tout diffusé à la télévision. Macron n’a participé à aucun débat TV. Il a organisé peu de meetings. Pourtant, il s’est retrouvé premier au premier tour de l’élection.

L’establishment prend des formes variées à travers le monde

L’analyste qui pense que le monde politique est étranger et séparé du reste des autres sphères et segments de la société et du pouvoir commet une erreur qui conduit à l’aveuglement. La politique et le pouvoir au niveau suprême ont toujours été au centre de la vie socio-institutionnelle, culturelle et religieuse d’un peuple, d’un Etat. Ils intéressent, attirent et s’intègrent les plus puissants milieux d’affaires économiques, financiers et monétaires nationaux et internationaux. Ils subissent leur influence et se soumettent à leur diktat et inversement. En Occident, les grandes familles fortunées contribuent à faire et à défaire les présidents et leurs gouvernements.
En Afrique et ailleurs, l’establishment se sert des gens d’armes  (policiers, militaires, gendarmes et autres milices armées) qui participent à un enrichissement effréné pour conserver le pouvoir. Dans aucun pays du monde les institutions responsables et juges de l’organisation des processus et de la proclamation des résultats électoraux ne sont totalement neutres, impartiaux, indépendants et libres. Dans toute élection présidentielle il y a, d’un côté, la face visible, représentée et incarnée par le jeu et le théâtre politique, et, de l’autre côté, la face mystico-ésotérique oligarchique qui participe à la défense des gros intérêts liés aux enjeux historiques. Tous deux recourent, pour gagner l’élection, aux menaces, à la violence, à la corruption qui sont le propre des humains de toutes les races et de tous les continents.

La vérité électorale n’existe nulle part au monde à 100 %

Les USA, qui se réclament de la plus grande et noble démocratie de la planète, ont démontré qu’ils n’avaient pas de leçon à donner aux autres pays. Souvenons-nous de la crise électorale née entre G. Bush et Al Gore qui a porté sur le nombre de voix. L’establishment avait refusé de recompter les voix de chaque candidat comme le demandaient les Démocrates. Plus près de nous, Donald Trump, le malheureux candidat républicain, avait récusé la validité de la victoire de son rival démocrate Joe Biden qu’il accusait d’avoir été élu grâce à la fraude.
En Afrique, la crise électorale présidentielle de la Côte d’Ivoire, qui a opposé Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, représente un cas d’école à analyser froidement dans les centres de formation politique. Ici, c’est la France qui s’est substituée à un pan de l’establishment ivoirien, dont du reste, elle fait partie.
En France, deux candidats étaient, plus que les autres, habitués aux joutes électorales pour y avoir participé à plus de deux reprises. Mélenchon et Le Pen. Macron était à sa seconde candidature, lui qui, « sans crier gare », s’était invité avec audace et orgueil à l’élection présidentielle de 2017 par une téméraire incursion qui lui avait permis d’accéder au pouvoir d’Etat en France. Pécresse, la novice candidate de l’historique dominatrice droite française, a fait chou blanc. Après sa victoire dans son milieu politique LR, comme tout postulant, elle s’est crue capable d’accéder au pouvoir. Son lamentable résultat est à la fois la preuve du déclin de son parti et de la décadence de la démocratie en France. Sarkozy, l’un de ses illustres compagnons, englué et condamné dans des affaires judiciaires, s’est montré infidèle à son égard. Il a choisi de soutenir Macron. Le monde politique et du pouvoir se nourrit de trahisons, d’égoïsme et de félonies. Il obéit à une logique que la logique ignore.
Marine, héritière du parti et de l’idéologie de son père, à la suite d’une campagne approximative, arrive en deuxième position et se retrouve au second tour du scrutin. Il est singulier de constater que le « pouvoir d’achat », son thème de prédilection, a pris une place déterminante dans les préoccupations des Français et a influencé leur comportement. Zemmour a fait une campagne dynamique et populaire. Ses meetings, ses audiences dans les médias et les réseaux sociaux laissaient croire qu’il serait, comme il l’affirmait, au second tour contre Macron. L’establishment en a décidé autrement. C’est à croire qu’on lui fabriquait cette affluence pour mieux le punir de son arrogance et de sa grande liberté d’expression et de parole. Il a abordé le thème de « grand remplacement et de lutte contre l’immigration », certes majeur, qui va à l’encontre de la volonté des mondialistes qui ont fait de la planète un grand marché où tout circule, s’échange, se vend avec l’encadrement d’un système de plus en plus laxiste qui fait fi de la qualité des produits alimentaires, médicaux, sanitaires, etc.

En 2017, Macron venait du milieu bancaire et financier qui l’a porté au pouvoir.

Zemmour sort du milieu journalistique et intellectuel, réputé pour son caractère critique et sa liberté de penser. Mélenchon, le dernier tribun de la France politique, est le dernier produit et héritier du glorieux passé socialiste et révolutionnaire. L’homme est un redoutable débatteur et un orateur d’une parfaite éloquence. Son idéologie se fonde sur le progrès et l’harmonie de l’humanité. Il a déclaré que cette présidentielle était son dernier baroud d’honneur. Ses partisans et nombreux observateurs avaient pronostiqué sa présence au second tour. Il a été managé à distance et stoppé par la haute bourgeoisie franco-européenne d’affaires et politique.
Par cette analyse, nous tentons de faire parler les gestes, les comportements et les faits de 5 des 12 candidats à la présidentielle française et surtout d’évaluer leurs performances hors des résultats du premier tour qui semblent surprenants. Sur près de 40 millions d’électeurs, ils obtiennent respectivement : Macron (9 784 985 voix, 27,8 %) ; Le Pen (8 135 456 voix, 23,1 %) ; Mélenchon (7 714 574 voix, 22 %) ; Zemmour (2 485 757 voix, 7 %) ; Pécresse (5 %). Si la démocratie française était fondée sur la transparence, la vérité et la justice des scrutins, la présidence française de cette année aurait livré des résultats différents au premier tour.
Dans tous les Etats de tous les continents, aucune élection majeure à laquelle prend part un président-candidat à sa succession n’a jamais été propre. Quand il se présente, c’est pour vouloir gagner. Et pour gagner, il met en œuvre tous les moyens dont il dispose ; les moyens de l’Etat compris. Les forces de l’ombre, dites hypocritement apolitiques, sont les plus pernicieuses et les plus agissantes négativement lors des élections présidentielles aux enjeux stratégiques. En Occident, c’est la haute bourgeoisie formée des oligarchies économiques, financières, maçonniques et d’affaires et en Afrique, ce sont l’armée, les opérateurs économiques et, accessoirement, les entités maçonniques et confessionnelles. Ce sont ces centres de pouvoir qui déterminent les résultats des élections. Le vote n’a alors pour finalité que de donner l’illusion au peuple qu’il a le choix et la liberté.
C’est pour cela que l’abstentionnisme est devenu l’arme de lutte la plus efficace contre les laideurs et les intrigues politiciennes, les manipulations et les tripatouillages des résultats électoraux tout en les déterminant. La majorité des abstentionnistes jugent que les résultats des élections sont, a priori, truqués et préétablis, qu’ils ne changeront pas considérablement leurs conditions et cadres de vie et que les politiciens sont de perfides malfaisants : menteurs, tricheurs et vénaux.
C’est ainsi qu’en Europe, dont la France, l’abstentionnisme s’installe dans les consultations électorales en poussant graduellement le suffrage universel vers le suffrage restreint, voire le vote censitaire réservé aux perfides oligarques et aux partisans des groupes et partis politiques en compétition. On peut noter de fortes similitudes entre les élections présidentielles en France et en Afrique francophone. Elles sont toutes entachées de scandales, plus ou moins graves, avant et/ou après leur tenue. Rappelons les scandales des diamants de Bokassa sous V. Giscard d’Estaing, des emplois fictifs à la mairie de Paris sous J. Chirac, des salaires injustifiés de l’épouse de Fillon et des costumes qu’il a reçus de Bourgi, du financement libyen de la campagne de Sarkozy et de l’affaire Pygmalion, du compte bancaire off-shore de Cahuzac sous Hollande, des grosses sommes d’argent payées à McKinsey par le gouvernement de Macron. En France et dans toute la francophonie, la politique et la démocratie électorales se moquent de la morale et se situent au-dessus d’elle.
Or, tout ce qui prive la morale de sa splendeur, en voulant se substituer à elle, viole forcément la loi et, surtout, la Constitution qui est la mère des lois. Le pouvoir d’achat, ou pouvoir de consommer, est, pour le Français, ce qu’est le dollar pour l’hégémonie économique et monétaire des Américains : une valeur refuge. En plaçant Le Pen en deuxième position du scrutin, l’électorat français a avalisé et légalisé le plan secret de l’establishment. Pour sauvegarder son aisance matérielle et son pouvoir d’achat, une grande partie du peuple français a toujours été complice de l’esclavage, du colonialisme, du néo colonialisme et de l’impérialisme pratiqués par leurs dirigeants qui sont aussi ses bourreaux.
Dans les sociétés où l’argent est érigé en pouvoir absolu, toute remise en cause du pouvoir d’achat devient une vitale préoccupation nationale. Certes, l’argent est indispensable pour vivre, mais les valeurs collectives que le peuple a en partage doivent être préservées. La remise en cause insidieuse ou ouverte de la morale et de la justice est un risque grave qui ébranle et déstabilise les sociétés. Quand une partie de la population non négligeable est convaincue qu’un puissant groupe d’intérêts est dépositaire du pouvoir qui est dévolu légalement et normalement au souverain qui est le peuple, toutes les institutions républicaines se vident de leur crédibilité et perdent la confiance des citoyens.

Les résultats des élections françaises ont laissé à beaucoup de Français, aux abstentionnistes et aux témoins étrangers un goût amer.

Par l’insignifiant bilan de son quinquennat, la qualité médiocre de sa campagne, sa gestion approximative de la présidence de l’UE et de la crise russo-ukrainienne, Emmanuel Macron ne méritait pas, si la France était une démocratie, d’accéder au second tour de l’élection. Et s’il en sort victorieux, ce sera par défaut parce que l’establishment n’a pas trouvé et coopté un candidat de remplacement crédible et fidèle. Zemmour est trop agité et peu introduit, Mélenchon, fidèle à son objectif de partage des richesses, est perçu comme un sulfureux paria. Seule  Marine le Pen conserve une  minime chance de remplacer Macron. Telles sont les modalités communes en vigueur, dont la France est initiatrice, pour accéder au pouvoir d’Etat en Afrique francophone et en France.
La campagne présidentielle de 2022 a montré le côté trompe-œil de la démocratie française. Elle a manqué de ferveur, d’enthousiasme, d’engouement et de mobilisation populaires. Le retrait de Mélenchon de la vie politique laissera un vide qui donnera à la politique française une saveur insipide. Zemmour Eric, le dernier entrant, aura bon jeu de se prévaloir du renouveau de la classe politique.

Guy Nang Bekale

 

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