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Gabon/République des humiliations et marche de protestation à Mékambo : Le maire PSD aux arrêts

« Nul ne peut être humilié ou torturé, même lorsqu’il est en état d’arrestation ou d’emprisonnement ». Pourtant c’est écrit dans la Constitution, mais les Bongo s’en foutent.

Réagissant au mouvement d’humeur des populations de Mékambo, chef-lieu du département de la Zadié, dans la province de l’Ogooué-Ivindo, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de procéder aux arrestations, dont celle du premier magistrat de la ville. Une brutale réponse à un problème qui frustre les populations et dont il porte seul la responsabilité.

La question des relations homme/faune vient de franchir une étape inquiétante dans la province de l’Ogooué-Ivindo. Cette question est tellement préoccupante qu’elle s’était invitée lors de la présidentielle de 2016. « Dîtes à Ali, lorsqu’il viendra ici pour sa campagne, que les éléphants ne sont pas loin. Qu’ils votent pour lui », disait le candidat Jean Ping aux électeurs de l’arrière-pays. Il ne croyait pas si bien dire dans un pays où un éléphant a plus de prix aux yeux du pouvoir qu’un être humain. Excédé par le harcèlement dont elles sont victimes de la part des éléments qui saccagent leurs plantations, les populations de la Zadié, la mort dans l’âme, n’avaient d’autre choix que d’exprimer leur colère le mardi 25 mai 2016 en descendant dans la rue. Le sous-préfet, représentant le gouvernement, a été exfiltré, car pris en grippe par les populations qui estimaient qu’il est le représentant des protecteurs des éléments qui non seulement déciment leurs plantations, mais aussi vont désormais jusqu’à poursuivre et à ôter la vie aux humains. Qui peut accepter cela ? A cela s’ajoutent d’ailleurs le braconnage, l’exploitation sauvage d’autres ressources telle que l’or ou le diamant…
Ce qui nous pousse à nous poser une autre question, à savoir, pourquoi les éléphants, jadis très loin de nos villages, viennent désormais roder aux abords et commencent à devenir nos familiers malgré leur caractère agressif. Poser la question, c’est déjà y répondre. Tout simplement parce que la forêt profonde, qui est le milieu naturel des éléphants, est aujourd’hui pillée et saccagée par les grands exploitants forestiers qui, au passage, dénaturent la forêt et privent les pachydermes aussi bien de leur bouffe que de leur environnement. Il leur reste quoi ? Chercher et trouver des endroits où ils peuvent, eux aussi, trouver leur pitance. Voilà comment, à cause du gouvernement qui ne pense qu’à son gain, les éléphants quittent la forêt profonde pour roder aux abords des villages, saccageant les plantations et donnant la mort aux chasseurs.
Le gouvernement gagnerait à assister les populations, à anticiper leur réaction et à les accompagner dans cette bataille contre les éléphants où elles se sentent malheureusement abandonnées, le régime ayant pris fait et cause pour la protection des bêtes. Non, il n’y a pas de honte à reculer. Ce n’est pas en envoyant des Iveco arrêter de manière spectaculaire et humiliante les autorités locales que l’on va régler ce problème qui pourra finir au bout de calibres 12 des populations contre les kalachnikovs du régime.

Suite aux manifestations de Mékambo, voici la liste non exhaustive des personnes arrêtées qui ont été enregistrées lors de la marche de protestation organisée par le collectif des planteurs de la Zadié. On en dénombre onze : 1. Juste Omer Ezona (maire de Mékambo) ; 2. François Dioba (président du Conseil départemental) ; 3. Arnaud Moandoma Sinandong (porte-parole du collectif des planteurs) ; 4. César Auguste Mamadou (secrétaire général du collectif) ; 5. Dieudonné Momoazokou (chef du quartier Mbélakèmbè) ; 6. John Mboula ; 7. Amine Colombo ; 8. l’épouse d’Anaud Moandoma Sinandong ; 9. Un des fils d’Arnaud Moandoma Sinandong ; 10. Imouate Sinandong (le petit-frère d’Arnaud Moandoma Sinandong) ; 11. Jonas Ikome.
Au moment où nous mettions sous presse, les premières personnes arrêtées étaient en route pour Makokou pour être présentées au procureur de la République. D’autres arrestations seraient en cours sur place à Mékambo.
Le régime, face à une question sociale, apporte une réponse politique brutale, Mékambo, faut-il le rappeler est l’un des fiefs de l’opposition dans l’Ogooué-Ivindo.

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