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Interview de Noël Bertrand Boundzanga : « S’il y a vacance du pouvoir et élection présidentielle anticipée, je serai candidat »

Jeune intellectuel engagé du Gabon, le professeur Noël Bertrand Boundzanga n’est plus à présenter. Très actif ces derniers jours avec les autres membres de la société civile, il mène le combat du respect de l’Etat de droit au Gabon qui passe par le respect de la Constitution. Acteur de premier plan du « Club 90 », il alimente aussi l’idée de se présenter à la présidentielle anticipée au cas où l’article 13 de la Constitution du Gabon est mis en mouvement. Lors d’un entretien qu’il nous a accordé hier, nous faisons ici le tour de l’actualité au Gabon.

Mingo Express : Monsieur Boundzanga, bonjour ! Depuis bientôt un mois, le Gabon est dans l’incertitude suite à l’hospitalisation, à Riyad, du chef de l’Etat Ali Bongo. En ce moment, la société civile est vent debout.

Noël Bertrand Boundzanga : C’est peu dire ! Ce n’est pas la maladie d’Ali Bongo qui réveille la société civile, mais les manigances de la Cour constitutionnelle. Mme Marie Madeleine Mborantsuo n’a plus de limites dans les débordements qu’elle s’autorise pour garder le pouvoir d’Etat dans le giron du clan Bongo et PDG. Cher ami, hier, des femmes, qui organisaient un sit-in pacifique devant la Cour constitutionnelle, ont été gazées et arrêtées. Parmi elles, neuf ont été arrêtées. Quelle faute ont-elles commise ? Rappeler à la Cour constitutionnelle qu’elle n’aurait pas dû modifier la Constitution ? Et la police, faut-il qu’elle soit toujours en train de gazer les Gabonais pour semer la peur dans l’esprit des Gabonais ? Jusqu’à quand va-t-on supporter ça ?

Lors d’une conférence de presse que vous et les autres acteurs de la société civile avez animée samedi dernier, vous demandez la tête de Marie Madeleine Mborantsuo, président de la Cour constitutionnelle.

En effet, 28 ans à la tête d’une institution peuvent être à l’origine de la croyance de sa toute-puissance. Elle est partiale et partisane… Elle ne renvoie plus depuis longtemps la neutralité de la haute juridiction. Les choses sont claires à ce niveau, Mme Marie Madeleine Mborantsuo ne peut plus être présidente de la Cour constitutionnelle.

Mais comment vous faîtes pour l’enlever ?

En prenant le pouvoir.

Et comment faîtes-vous pour prendre le pouvoir ?

Ça c’est le peuple qui en décide.

L’absence de preuve de vie d’Ali Bongo n’alimente-t-elle pas la suspicion sur ce qui devient un mystère d’Etat ?

Nous sommes tous surpris par la gestion de cette affaire. Pourtant, Hervé Opiangah a dit qu’Ali Bongo est un homme comme un autre. Il peut donc tomber malade. Pourquoi en fait-on un mystère si ce n’est qu’on vise autre chose ? La société civile a demandé des bulletins de santé du chef de l’Etat, elle a même dit qu’elle pouvait se constituer en délégation pour aller voir le chef de l’Etat à Riyad. Le plus simple c’est de dire ce qu’il en est exactement.

Sur votre compte Facebook on peut lire : « S’il y a vacance du pouvoir, je serai candidat à l’élection présidentielle anticipée qui s’ensuivra. » Est-ce du bluff ?

Pas du tout. S’il y a vacance du pouvoir et élection présidentielle anticipée, je serai candidat pour présider aux destinées de notre pays. Mais je m’exprimerai plus tard sur cette question. Il y a trop d’enjeux là-dedans et le moment ne s’y prête pas pour en parler.

N’y a-t-il pas de risque qu’en vous déclarant candidat à la présidentielle anticipée, si elle a lieu, on vous accuse de vous servir de la société civile ?

Je suis un homme et bientôt on me dira aussi que je profite de mon genre. Je suis d’abord un membre de la société civile. Mais il y a une évolution dans ma manière d’appréhender l’action citoyenne.

Vous allez rallier un parti politique ou en créer un ?

Je ne suis pas seul dans ce projet. Nous travaillons pour l’alternative la plus crédible. Peut-être qu’on en créera un. Ça reste à voir.

Aujourd’hui, il y a une marche. Y serez-vous ?

Bien sûr. Je serai à Rio, répondant à l’appel de la Coalition pour la nouvelle République pour défendre la Constitution et l’Etat de droit.

Vous soutenez donc Jean Ping ?

Y a-t-il un mal à soutenir Jean Ping ?

Mais on vous voit aussi avec Barro Chambrier ?

Ecoutez, je n’ai pas à me départager entre ceux qui sont allés aux élections et ceux qui les ont boycottées, même si je regrette ces divisions. Je prends tout, à condition que toutes les stratégies visent et aboutissent à la prise du Palais du bord de mer pour l’instauration d’un Etat de droit et le progrès socio-économique de notre pays.

Votre mot de fin.

Soit on est profondément patriote et on défend la Constitution, soit on ne l’est pas et on laisse faire le clan Bongo/PDG. Les Gabonais doivent se réveiller indépendamment de leurs appartenances politiques. La Constitution ne peut pas être un torchon qu’on modifie à volonté sans respecter les procédures. On ne peut pas vouloir défendre la loi et, en même temps, la piétiner. Aujourd’hui, la Cour constitutionnelle fait de notre pays un Etat anarchique. On ne peut pas l’accepter et nous allons le dire quel que soit ce que cela nous coûte.

Noël Bertrand Boundzanga, merci.

C’est moi qui vous remercie.

 

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