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La chronique/Gabon : Oublier l’oubli ?

Par Guy Nang -Bekale, Docteur d’Etat en Sciences Politiques. Tél : 077 35 89 49
« J’ai choisi de twister les mots et de révéler certains faits pour qu’un jour nos enfants sachent ce que certains ont été ; ce que d’autres ont obtenu et ce que nous avons fait du Gabon ».

Si les tenants de l’Etat PDG-Emergent décident d’organiser des élections par respect du calendrier officiel, c’est qu’ils ne vont rien lâcher et qu’ils ont déjà tout mis en ordre pour se déclarer vainqueurs et demeurer au pouvoir. Que les électeurs soient invités à aller aux urnes après 7 ans d’une crise (2016-2023) qui a provoqué la colère, la haine, la mort de plusieurs compatriotes et plongé le Gabon dans la désolation, cela dénote un manque de considération et du mépris à l’égard des citoyens gabonais de la douzaine de bureaux de vote de Libreville qui ont été privés de leur liberté d’expression. Jean Ping a été élu en 2016 avec près de 70 % des suffrages exprimés. A la suite de cela, tout a été fait par les entités internationales, en complicité avec un groupe de Gabonaises et de Gabonais, pour qu’il n’accède pas au pouvoir. Les dirigeants, les opposants, les simples gens et tous nos contemporains du reste du monde le savent. L’histoire retiendra pour toujours le nom, le prénom et la nationalité de celui qui a remporté le scrutin présidentiel de 2016 : Jean Ping Okoka, Gabonais de naissance.

Monsieur le président Jean Ping et cher compatriote !

Comme les années passent vite ! Sept ans déjà et nous voilà à la veille d’une autre élection présidentielle. A l’observation, le plan ourdi par les nervis du PDG-E pour vous écarter de la vie politique et vous priver définitivement de la présidence de la République et tuer durablement le rêve et l’espoir d’alternance du peuple gabonais qui vous a confié son destin en 2016…, ce plan machiavélique, anti-populaire et anti-démocratique risque de se concrétiser si, comme vous l’avez dit, on ne dégage pas Ali au moment où le pouvoir PDG-Emergent agressif, illégitime et corrompu se prépare à faire rebelote, où certains de vos anciens compagnons et soutiens politiques de 2016 se préparent à participer à la mise en scène de la comédie électorale programmée pour 2023. Les Gabonais sont inquiets. Les questions qui reviennent couramment dans les conversations informelles sont : Ping et la CNR parviendront-ils à dégager Ali et à prendre le pouvoir ? Que feront-ils en 2023 s’ils n’y parviennent pas ? Combien d’opposants seront candidats ? Ping sera-t-il encore candidat ? Soutiendra-t-il un candidat, lequel ? Quelle est la stratégie de la CNR pour les lendemains ?
Par devoir, responsabilité, éthique et correction, il vous revient, en votre qualité de dépositaire légitime de la souveraineté du peuple, de faire connaître, par patriotisme et par respect de vos engagements, à nos compatriotes, futurs candidats de l’opposition et électeurs, votre choix, votre sentiment, votre appréciation et votre décision sur la présidentielle qui aura lieu dans quelques mois ou qui pourrait être différée. Bien à vous !

L’élection d’un président de la République n’a plus aucun sens au Gabon

Voire dans les pays francophones africains. Ici, les militaires accèdent au pouvoir après un coup de force ou aidés par un mouvement populaire. Là-bas, un fils de président est porté au pouvoir à la suite d’une mascarade électorale supervisée par la Communauté internationale. Toutes les opérations préparatoires des présidentielles en francophonie noire prennent la forme de la cooptation d’un homme lige au service des puissances étrangères. Jacques Foccart, Pierre Péan, Robert Bourgi et bien d’autres personnalités françaises ont avoué que les deux Bongo ont été installés au pouvoir par les politiciens étatiques français. Il y a une forte imbrication d’importants intérêts entre les institutions chargées de l’organisation et de la gestion des élections présidentielles en Afrique noire francophone, la France et le reste de l’Europe. Quand des catégories de nationaux considèrent que le pouvoir suprême et les richesses d’un pays sont leurs propriétés, ils s’obligent à utiliser tous les moyens de l’Etat pour durer au commandement.
Depuis 1967, les Gabonais pédé-gistes, puis émergents confirment cette réalité qui se nourrit de règlements de comptes entre membres d’une même famille politique, d’un même gouvernement, d’un même pays. Les comportements agressifs des dirigeants PDG entre eux-mêmes et à l’encontre des populations s’expliquent essentiellement par la course et la compétition de l’enrichissement facile et rapide. Le PDG est un parti politique foncièrement méchant, égoïste et diabolique. Il prive le peuple gabonais de la liberté d’expression, de la justice, du progrès, du développement socio-économique, des richesses du pays et, partant, de ses attributs de pouvoir souverain.

A la jeunesse gabonaise

Jeunes gens ! Nous aussi nous avons été jeunes. A cette période de la vie, si vous n’êtes pas courageux, téméraires, voire un peu fous, vous le regretterez quand vos forces, sous l’effet jumelé du temps et du vieillissement, commenceront à vous lâcher et à vous affaiblir. C’est souvent entre 30 et 40 ans qu’un jeune doit affirmer sa virilité, sa détermination, la force de son caractère, son amour pour la liberté et la patrie en utilisant l’énergie divine qui sommeille au tréfonds de son être. Dans l’histoire vraie et/ou rapportée de l’évolution de l’humanité, tous les grands hommes de cœur et d’intelligence, génies aux esprits sains, sont morts jeunes entre 30 et 40 ans. Ce fut le cas, entre autres, de Louis Antoine Léon de St Just, mort à 27 ans, Maximilien de Robespierre à 30 ans, Jésus-Christ à 33 ans, Camille Desmoulins à 34 ans, Georges Jacques Danton à 35 ans, Ernesto Che Guevara à 39 ans… Patrice Emery Lumumba à 35 ans, Thomas Sankara à 37 ans, Germain Mba Nguema à 39 ans, etc. Tous ces jeunes gens et d’autres, beaux pour la majorité, sont morts pour défendre et rester fidèles aux valeurs et aux idéaux qui gouvernaient leur existence terrestre dont la vérité, la justice, la liberté, la dignité, l’honneur, l’amour et la solidarité partagés. La plupart avait un réel mépris pour l’argent, les luxures et les apparats qui dénaturent l’être humain en le ramenant à l’animalité, à la sauvagerie et à la barbarie. Idéalistes par nature, ils étaient conscients de leur condition de mortels et, pendant quelques belles années, ils ont vécu dans la sublime félicité divine qui flotte sur la planète.

Jeunesse ! Ô jeunes Gabonais, si vous le saviez ! Quand, en mai 1990, les jeunes de Port-Gentil, en transes et pris de courage, étaient descendus dans la rue pour manifester leur colère et réclamer la justice à la suite de l’assassinat de Monsieur Joseph Rendjambé Issany, secrétaire général du Parti gabonais du progrès (PGP), qui, hélas, s’était par la suite rétréci comme une peau de chagrin, les peuples étrangers étaient surpris de voir des Gabonais mobilisés pour une noble cause. Ce fut la dernière grande manifestation politique populaire au Gabon du siècle dernier.
En conclusion, l’élection présidentielle ne doit pas continuellement transformer notre pays en une foire d’empoigne où tous les mauvais coups sont donnés… Mais y a-t-il encore des sages au Gabon ?

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