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La nécessité d’une convergence d’actions de l’opposition gabonaise face à un pouvoir vacillant

*Par Igor NZIENGUI DOLIVET
Le Gabon vit au rythme des péripéties du régime Bongo-PDG très affaibli par l’accident vasculaire cérébral dont a été victime le président illégitime Ali Bongo Ondimba le 24 octobre 2018 à Riyad, en Arabie Saoudite.

Ce régime des apparences trompeuses, ou personne ne sait ce qui se passe ni ce qui va se passer, a trouvé son expression dans des montages de vidéos qui frisent le ridicule. Exhibés pour rassurer l’opinion nationale et internationale, ces montages grotesques ont encore augmenté le scepticisme des Gabonais sur la situation réelle au sommet de l’Etat.
En effet, le 4 décembre 2018, une vidéo muette d’une trentaine de secondes, diffusée par la télévision marocaine et l’Agence France Presse, montrait, pour la première fois, un Ali Bongo Ondimba assis de profil et visiblement paralysé du coté droit recevant la visite du roi du Maroc. Le lendemain, un autre montage présente Ali Bongo Ondimba, toujours assis de profil, devant une délégation dirigée par la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, accompagnée du vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou, et de l’ancien Premier ministre Issoze Ngondet. Cette vidéo de quelques minutes se déroule également sans aucun son. Le 31 décembre 2018, un troisième montage, toujours réalisé au Maroc, montre Ali Bongo Ondimba très affaibli, au regard hagard, éprouvant d’énormes difficultés à articuler et à tenir un discours de trois (3) minutes. Le 7 janvier 2018, Ali Bongo Ondimba est victime d’une tentative de « coup d’Etat ». Contre toute attente, ce dernier demeure silencieux. Cet acte soudain n’a certainement pas permis le montage d’une vidéo dans les temps. Le 15 janvier 2018, après avoir annoncé le retour au Gabon d’Ali Bongo Ondimba la veille, sans aucune image et dans la plus grande discrétion, une vidéo présente Ali Bongo Ondimba, toujours assis, au regard toujours hagard, incapable d’exercer le moindre geste notable, recevant, à une distance considérable, la prestation de serment des membres du nouveau gouvernement gabonais auxquels le protocole de la présidence avait au préalable retiré tous les téléphones portables. Cette cérémonie s’est déroulée sans la présence des journalistes.
A la fin de la diffusion de cette vidéo, la présidence annonce le retour d’Ali Bongo Ondimba au Maroc, moins de 48 heures après son arrivée au Gabon, toujours sans aucune image et sans qu’il n’ait pris le soin de s’adresser au peuple gabonais au vu des derniers développements de l’actualité politique au Gabon (tentative de coup d’Etat, nomination d’un nouveau Premier ministre, nouveau président à l’Assemblée nationale, déclenchement de la vacance de pouvoir, etc.). Ces différentes vidéos et le silence d’Ali Bongo Ondimba frappent l’opinion de deux manières.
D’une part, elles semblent prouver qu’Ali Bongo Ondimba n’est pas mort. D’autre part, leur mise en scène maladroite parait infirmer l’information. A l’analyse, le subterfuge cache le fait qu’Ali Bongo Ondimba est bel et bien incapable d’assumer les lourdes charges liées à la fonction de président de la République. Ce qui traduit les efforts désespérés du régime vacillant pour gagner du temps pour conserver le pouvoir.

Une volonté de conserver le pouvoir par tous les moyens

Dans le contexte d’incertitude actuelle et sans successeur désigné d’Ali Bongo Ondimba, le régime vacillant veut faire croire à l’opinion nationale et internationale au fonctionnement normal des institutions. Ainsi veut-il continuer à gouverner derrière la façade d’un président en incapacité avérée pour donner l’illusion de la pérennité et ne pas déclencher l’article 13 de la Constitution gabonaise qui consacre une vacance de pouvoir déjà effective. Outre le pouvoir, le régime vacillant tente de protéger ses biens et privilèges par tous les moyens. Encore faut-il qu’il résiste à ses divisions internes marquées par une guerre des clans dans le cercle d’Ali Bongo Ondimba. Cette guerre a été renforcée par « l’éviction » de l’ancien Premier ministre Issoze Ngondet par un des clans, avec le scénario d’un film digne de « bandits ». Face à cette volonté manifeste de conserver le pouvoir, par le refus de respecter l’ordre constitutionnel, quelle est la capacité de l’opposition à offrir une alternative au régime vacillant ?

La convergence d’actions de l’opposition comme nécessité

La situation au sommet de l’Etat commande à l’opposition gabonaise de taire à nouveau les egos surdimensionnés afin de saisir cette circonstance divine pour la libération de notre très cher pays, le Gabon. A titre de rappel, l’opposition gabonaise avait suscité l’admiration dans le monde à l’occasion de l’élection présidentielle du 27 août 2016 du fait de la désignation du président Jean Ping comme candidat unique à ladite élection. Devant le monde entier, cette démarche avait été couronnée par la large victoire de Jean Ping, le président élu par le peuple gabonais. Cette dynamique unitaire témoigne de la capacité de l’opposition gabonaise à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation lorsque les circonstances l’exigent. L’histoire de notre pays, qui rentre dans une phase décisive, nous impose à tous aujourd’hui encore, nous, partisans du changement, cette posture unitaire autour d’un porte-étendard. Elle doit s’inscrire sur un élément essentiel en démocratie, à savoir la légitimité.
Dans cette optique, pour avoir été constant dans la revendication de sa victoire volée, le président Jean Ping incarne toujours cette légitimité, comme l’atteste sa dernière sortie politique du 15 décembre 2018 où il a rassemblé plus de 10 000 partisans du changement toujours acquis à sa cause, en dépit des manœuvres dilatoires du régime vacillant.
Aussi, les discussions avec les autres leaders de l’opposition gabonaise doivent se poursuivre malgré les hésitations de certains afin qu’ils définissent ensemble les actions futures de la résistance.
Cette dynamique unitaire donnera plus de consistance au rapport de force entre un régime aux abois, qui tente par tous les moyens de se maintenir au pouvoir, et une opposition majoritaire dans le pays qui représente l’espoir du peuple gabonais. Le peuple gabonais ne comprendra pas une toute autre posture que celle de la convergence d’actions de l’opposition.
Cette convergence doit se traduire par l’organisation commune de plusieurs rassemblements devant les représentations de certaines institutions nationales et internationales (Cour constitutionnelle, Union européenne, ambassades de France et du Maroc, Unoca) afin de réclamer le respect de l’ordre constitutionnel au Gabon.
Par ailleurs, une tournée explicative de toute l’opposition à l’intérieur du pays, sur la situation au sommet de l’Etat, remobilisera les nombreux partisans du changement, afin d’opposer une résistance farouche à toute les velléités de conservation éhontée du pouvoir.

*Diplômé de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université du Sahel (Sénégal)

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