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Le scénario d’un acte vrai assumé mais manqué

Guy Bertrand Mapangou, le Porte-parole du gouvernement des putschistes a tourné en dérision l’acte des soldats.

Pour une certaine partie de l’opinion, le soldat Kelly Ondo Obiang et ses collègues ont assumé leur responsabilité devant la situation d’incertitude et de chaos programmé que les mêmes émergents sont en train de mettre dans tout le pays. Le fait que les populations soient descendues dans les rues pour marquer leur soutien à ce groupe montre que les Gabonais, quelle que soit la manière que cela arrive, en ont marre de ce régime et de la même famille qui pille le pays depuis 50 ans.

Désabusés par des élections à chaque fois truquées et soldées par des centaines de morts par balles, les Gabonais en viennent aujourd’hui à penser que seul un coup de force, comme l’acte posé par ces jeunes officiers de la garde d’honneur, est la seule option pour « libérer » le pays des mains de l’oppresseur.
Pour cette opinion, le commando conduit par Kelly Ondo Obiang a fait ce que le peuple attend de son armée, en dernier rempart lorsque les politiques, divisés et corrompus, tous bords confondus, ont lamentablement échoué. C’est-à-dire mettre de l’ordre dans le pays et restaurer la République et la démocratie. Ce qui veut dire, quelle que soit la lecture ethnique ou régionale que certains privilégient comme ils l’ont toujours fait par le passé, que le malaise qui touche tous les secteurs de l’administration publique et la société du fait d’une gouvernance catastrophique abonnée aux détournements, assassinats politiques et crimes rituels depuis 2009, les forces armées du régime sont désormais très politisées et conscientes de leur responsabilité à jouer dans l’avènement d’un nouveau Gabon. Quelles que soient les inepties de Guy Bertrand Mapangou (porte-parole de la junte), plu rien ne sera comme avant le 07 janvier 2019. Au lieu d’un feu de paille, comme il a cru bon le dire, il y a plutôt un incendie dont le premier foyer cache, peut-être, un second qui, tôt ou tard, risque d’exploser et embraser toute la maison. Le moral ou mental militaire est quelque chose de difficile à bouger. Mais quand il bouge, il est difficile à stabiliser.
Envoyer des militaires tirer froidement sur d’autres militaires, quand tous, insurgés comme loyalistes, pour dire les choses, ont en réalité, en grande majorité les mêmes convictions sur la marche du pays, relève du suicide politique à terme. En 1964, l’armée gabonaise était sortie de sa caserne pour plier le régime Léon Mba. Omar Bongo, pour sa survie politique, a décimé une bonne fourchette de ce que l’armée gabonaise avait de cadres valeureux.
En 2019, contre toute attente, alors qu’un sérieux débat agite la classe politique sur l’inaptitude de Boa à continuer à diriger le pays, l’armée gabonaise, quoi que l’on dise, est sortie de sa réserve encore. Il faut une réponse politique dosée, responsable, car ce n’est pas en torturant sauvagement ces jeunes que l’étincelle qu’ils ont allumée va s’éteindre. Au contraire, d’autres diront « voilà où ils ont échoué, nous on va changé ça dans notre plan » et ce sera alors un vrai coup d’Etat.
La réponse politique viable qui, seule, peut ramener la sérénité dans les rangs de nos FDS et dans tout le pays, est la déclaration sans délai de la vacance du pouvoir et le basculement dans une transition démocratique négociée entre les sortants (émergents) et les nouvelles autorités qui seront élues. Sinon, demain le pays risque de brûler. Mais « quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le bout de son doigt ».

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