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Le spectaculaire changement de ligne éditoriale de TV+…

Incroyable mais vrai, un ministre de la République qui fait le zouave en publique pour plaire à Ali Bongo.

Les téléspectateurs de la chaîne privée de télé gabonaise TV+ ont cru, samedi dernier, à un canular, mais c’était pourtant vrai. Le média, primitivement ancré dans la critique du gouvernement depuis l’entrée dans l’opposition en 2009 de son fondateur, feu André Mba Obame, diffusait en direct le « retour » du dictateur émergent Ali Bongo du Maroc. Un programme qui était titré : « Ali Bongo Ondimba, président de la République, de retour à la maison ». Du côté de l’aéroport, Franck Nguema, le patron de cette télé, faisait le zouave.

Ils sont nombreux ces médias gabonais (journaux notamment) qui avaient, contre des espèces sonnantes et trébuchantes, perdu leur crédibilité et leurs lecteurs ou aficionados pour avoir fait une sortie de piste éditoriale. Pourquoi TV+, qui figurait, jusque-là, pour une grande partie de Gabonais, comme le média audiovisuel le plus crédible de la place, parce qu’il accordait l’antenne aux évènements et activités de l’opposition, tout en brocardait les travers socio-économiques de la gouvernance du pays sous Ali Bongo depuis 2009, a-t-elle choisi de couvrir en direct et sur un ton élogieux l’arrivée de ce même Ali Bongo ? La transhumance politique n’est pas née aujourd’hui dans ce pays.

L’entrée au gouvernement, en janvier dernier, de Franck Nguema, neveu de feu André Mba Obame, secrétaire exécutif de l’Union nationale, qui, jusqu’au bout, jusqu’à sa mort en avril 2015 à Yaoundé, au Cameroun, se considérait comme le vrai vainqueur et donc le président élu de la présidentielle de 2009 face à Ali Bongo, y est pour quelque chose. En entrant au gouvernement comme demi-ministre de l’Environnement, Franck Nguema a tenté de justifier sa décision en arguant que « J’ai été franc avec les Akandaises et les Akandais qui m’ont octroyé leur confiance. Je leur ai dit que je parlerai avec tout le monde, en tant qu’homme politique, sans exclusive. Si le président de la République m’appelle au gouvernement, pourquoi dois-je me débiner puisque j’ai promis aux Akandais que je veux leurs suffrages pour participer à la construction du Gabon et contribuer au bonheur des Gabonais ? ».  Le seul endroit pour contribuer au développement du pays est donc, pour F. Nguema, le gouvernement. Quel curieux patriotisme, réducteur et confortable ! Donc, pour cet ancien chantre de l’anti-Bongoïsme, du vivant d’Amo, Ali Bongo est redevenu très fréquentable. Sa gestion du pays, décriée par la grande majorité des Gabonais (dont les Akandais) qui a massivement voté Jean Ping (66 %) en 2016 et avant lui Amo (42%) en 2009, s’assimilerait donc à de la bonne gouvernance. Du déjà vu et du déjà entendu dans ce pays. Des explications aux relents profito-situationistes dont pourraient se sentir proches les Moukagni-Iwangou, Estelle Ondo, René Ndemezo’o et autres, désormais partenaires du régime en place. Franck Nguema entraine donc  TV+ dans son sillage, à la discrète, mais réelle satisfaction, affirme-t-on, du dircab Brice Laccruche Alihanga et de quelques intermédiaires qui avaient facilité l’accord pour son entrée à la mangeoire. Franck Nguema a choisi, à la différence de son oncle André Mba Obame. On aurait pensé que le neveu puiserait dans le charisme de l’oncle pour s’afficher comme l’exécuteur testamentaire de l’héritage politique d’Amo qui avait lâché ces paroles : « je ne sais pas quand je vais mourir ni comment. Mais je peux choisir ce pour quoi je dois vivre. La préservation de la République, la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit, offrir des conditions de vie digne à chaque Gabonaise et à chaque Gabonais… Tels sont les principes et les objectifs pour lesquels j’ai décidé de consacrer mon existence ». Un engagement jusqu’à la mort qui tranche avec les motivations émergentes du neveu. Maintenant que Franck Nguema est à la mangeoire, gageons qu’il obtiendra de ses nouveaux amis la libération du matériel de sa chaîne de télévision confisqué, aux dires de nos confrères, après la présidentielle de 2016. Ce ne sera qu’un rendu pour un donné.

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