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LETTRE OUVERTE D’UN PRÊTRE GABONAIS À SON FRÈRE GUY PATRICK OBIANG NDONG.

Le ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang Ndong, lors de la cérémonie de prestation de serment.

Bonjour cher frère, si j’avais eu un autre canal par lequel j’aurais pu te contacter, je l’aurai fait volontiers. Malheureusement, l’écart que vous ne cessez de créer entre vous les riches d’une part et nous les pauvres d’autre part m’oblige à utiliser d’autres moyens de communication pour t’atteindre. En choisissant les réseaux sociaux, mon objectif n’est pas de faire le buzz, mais de m’adresser à toi de manière sincère. J’avoue que mon cœur est plein de tristesse et la colère en moi est débordante. Toutefois, si mon statut m’empêche de céder à la rancune et à la colère, il me contraint en revanche de dire toujours la vérité pour la gloire de Dieu et pour le salut de monde. C’est dans cet esprit que j’ai décidé de m’adresser à toi, cher frère.

Mon grand-père disait: « emot avang wa egne an’awa », autrement dit, celui qui te sépare lorsque tu te bats est ton familier. Et c’est parce que tu es mon frère que je m’engage à séparer la bagarre que tu livres au peuple Gabonais depuis un temps. Pierre Claver Zeng Ebome, dans l’une de ses chansons dit ceci « Ntiè osse, bene wo yem kom, ossone osse été », une manière de dire que tout différend peut se résoudre sans honte. Mais, peut-être m’interrogeras-tu sur le lien qui nous unit. La réponse la voici:

Es-tu Gabonais ? Je le suis moi aussi.

Es-tu woleutemois ? Je le suis moi aussi.

Es-tu de la tribu Essangui (Dumassi) ? Moi je suis Essangui de Mba’a Essangui.

Es-tu ministre de la République ? Moi je suis ministre du culte, donc Prêtre de l’Église Catholique, Apostolique, Romaine, incardiné dans l’archidiocèse de Libreville.

Es-tu au service du peuple gabonais ? Moi je suis au service du peuple de Dieu qui est au Gabon.

Donc, en m’adressant à toi, je m’adresse à mon propre frère,  et c’est pourquoi je te tutoie.

En effet cher frère, le conseil que j’ai à te donner le voici: « SI TU NE PEUX PAS ÊTRE MOÏSE POUR TON PEUPLE, N’EN SOIS PAS NON PLUS UN PHARAON ». En clair, si tu ne peux pas résoudre les problèmes des Gabonaises et des Gabonais, il serait mieux que tu démissionnes de ta charge, au lieu d’en créer. Depuis un moment, ton image est noircie par la manière dont tu gères cette crise sanitaire. Il est possible que tu ne sois pas responsable des décisions que tu édictes, mais plutôt un exécutant.  Et si tel est le cas, sache que ces décisions sont impopulaires. Raison pour laquelle je te propose de poser un acte héroïque qui te permettra de rentrer dans l’histoire du Gabon de manière honorable. Tu seras admiré par tes compatriotes, accueilli par ta communauté, valorisé par ta tribu et reconnu comme un digne descendant de NGUI MISSÔ, Ancêtre et fondateur de la tribu Essangui.

En fait, depuis 2009, la misère du peuple gabonais a connu une ascension vertigineuse : paupérisation de la population, gel des recrutements dans la fonction publique, les crimes rituels, la dépravation des mœurs, la recrudescence de la loge et autres associations maçonniques etc. Et pour couronner le tout, la Covid-19 est apparue. Le peuple Gabonais a crié, hurlé sa misère et son désespoir, mais tu es resté sourd et impassible.  Et pour exprimer son ras-le-bol, il a adjoint à ses cris le son des casseroles. Malgré cela, tu t’es radicalisé, et aujourd’hui on compte déjà des morts du côté du peuple.  Notre sol a encore bu le sang de ses enfants, avalé le sang des innocents. Les familles ont encore crié leur révolte et les géniteurs vont une fois de plus renverser les rôles en enterrant ceux qui devaient les accompagner à leurs dernières demeures.

Cher frère, sais-tu un seul instant que quand un pauvre crie le Seigneur entend (psaume 33,7) ? Es-tu conscient que la voix du peuple c’est la voix de Dieu (vox populi, vox Dei)? As-tu pensé un seul instant que l’homme ne peut impunément défier Dieu ?

Pour le savoir, il suffit de lire Exode 3, 7-8. Dans cette période, il est question du dialogue entre Dieu et Moïse. Le contexte de cette rencontre est l’oppression dont est victime le peuple de Dieu en Égypte comme l’est actuellement le peuple gabonais. Ce peuple est malmené, spolié, exploité, opprimé, brimé et tué.  Et Dieu s’adresse à Moïse en ces termes: « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs : oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens… ». Malheureusement, malgré les avertissements de Moïse, Pharaon s’est obstiné, et nous savons ce qui lui est arrivé (lire Exode 15). Bref, Pharaon a tout perdu dans la mer rouge. Aujourd’hui, la Bible parle de Pharaon pour mettre en exergue l’impossible victoire de l’homme face à Dieu. Et comme Prêtre, je reste convaincu que le cri des filles et fils du Gabon a été entendu par Dieu. Si tu ne fais rien pour améliorer la situation actuelle en posant des actes héroïques, l’histoire risque de se répéter. C’est pour t’éviter cette foudre de la part du Seigneur que je t’écris pour te dire « CHER FRÈRE, SI TU NE PEUX PAS ÊTRE MOÏSE POUR TON PEUPLE, N’EN SOIS PAS NON PLUS UN PHARAON. »

FRATERNELLEMENT !

ABBÉ SÉRAPHIN OBAME-NDONG.

 

 

 

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