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Ministre de la Santé au Gabon : Jusqu’où peut aller Guy Patrick Obiang Ndong ?

En pleine Covid-19, le futur Premier ministre du Gabon et actuel ministre de la santé se tape le luxe de violer les mesures barrières à Oyem, alors qu’il se doit de les faire respecter.

Chahuté, pour certains, d’avoir taclé à ce poste de son ex-patron, Max Limoukou, perçu par d’autres comme celui qui peut faire revivre ce secteur, le docteur Guy Patrick Obiang Ndong, natif d’Oyem, tente de faire feu de tout bois entre visites inopinées et sanctions contre des médecins indélicats. Jusqu’où ira-t-il et au-delà de la communication qu’il entreprend ? Quel réel projet porte-t-il pour le secteur de la santé, ce grand malade de la gouvernance gabonaise ?

Un activisme en termes de communication…

Probablement en vue de gagner la confiance du Palais et celle de l’opinion, le nouveau ministre de la Santé, Guy Partrick Obiang Ndong, a multiplié, à peine nommé le 17 juillet 2020, des initiatives qui ne passent inaperçues dans les médias et l’opinion. Le 12 août dernier, au cours de sa visite au Centre hospitalier universitaire de Libreville, il a déclaré qu’il renonce à prendre le montant « injustifié » de plus de 20 millions de Fcfa par mois perçus depuis plusieurs années par ceux l’ayant précédé au ministère de la Santé. 20 millions représentent la bagatelle de 240 millions de Fcfa par an, soit plus de 1,2 milliard de Fcfa (de quoi faire saliver) au cours des cinq dernières années. Cet « appui financier à la tutelle » est « injustifié » selon lui. Pourquoi la tutelle, qui dispose d’un budget (cabinet et autres lignes de fonctionnement) doit-elle encaisser, chaque mois, une telle somme ? D’où provient-elle ? Du racket des malades dans les hôpitaux publics ou du détournement des lignes de crédits destinés à l’équipement médical ou à l’entretien des bâtiments hospitaliers ? Reste à savoir comment pareil détournement a pu échapper à la Cour des comptes durant des années.
Guy Patrick Obiang Ndong a décidé que, désormais, cette somme sera réaffectée à une dépense plus utile servant un intérêt général, notamment l’achat de médicaments pour approvisionner les hôpitaux publics où les malades sont systématiquement orientés vers des pharmacies privées. Un véritable contre-pied qu’il fait à l’endroit de ses prédécesseurs qui en avaient fait une rente mensuelle pour leurs intérêts personnels et politiques. Ils devraient pourtant en justifier ou en répondre.
Le 13 août 2020, il s’était rendu au Laboratoire national de santé publique (LNSP) pour constater le chapelet de maux qui rendent inefficace et presque inapte le laboratoire national, le premier centre national de diagnostic des maladies. Il s’agit, entre autres, de branchements anarchiques dans la structure, de déchets médicaux présents çà et là et de l’état de délabrement avancé de ladite structure. Comme dans d’autres structures visitées à Libreville et à l’intérieur du pays depuis le laps de temps de sa nomination, il a pointé du doigt la mauvaise gestion financière des responsables desdites structures qui disposent de budgets pour régler ces problèmes, mais les orientent ailleurs. Un discours fort pour un médecin en face de ses collègues.

Quel projet pour la santé publique ?

Si les premiers pas du ministre de la Santé suscitent ici et là déjà des commentaires et un regard encore perplexe sur les suites à donner, c’est sur la déclinaison d’un vrai projet porteur pour le secteur de la santé qu’il est attendu. Au terme de ces visites, les Gabonaises et les Gabonaises attendent que l’hôpital gabonais soit réellement accessible et soit un lieu de vie et non un mouroir.
La crise de ce secteur est profonde et date. Les services hospitaliers (urgences, généraux et spécialisés) sont désertés aujourd’hui par des médecins gradés. Ce ne sera pas de simples demandes d’explication qui ramèneront la conscience professionnelle chez ces professionnels à l’appât du gain bien aiguisé. Pour consulter un cardiologue, un dermatologue, un urologue, etc., il faut patienter des semaines, voire des mois, sinon se rendre à sa clinique privée. Entre-temps, des gens sans moyens meurent. Les urgences sont abandonnées à de jeunes internes (4 à 6 années de médecine) sans expérience. Leurs « chefs », eux, sont dans leurs cliniques privées. Ils perçoivent des doubles salaires : ce que l’Etat leur verse chaque 25 du mois et ce qu’ils engrangent dans les officines privées où ils vont vendre leurs services. Et le comble est que le même médecin, qui est « invisible » dans un hôpital public, est « visible » tous les jours, ou presque, dans une clinique privée alors que son revenu principal est versé par l’Etat, la fonction publique.
A cette indisponibilité du corps médical s’ajoute l’inégale répartition des moyens humains et techniques entre les structures de santé de Libreville et les centres hospitaliers de l’intérieur du pays. En province, les spécialistes n’existent presque pas. Les rares médecins et chirurgiens envoyés ici et là ne peuvent pas suivre correctement la pléthore de malades qui arrivent vivants à leurs portes. Résultat, être malade en province, c’est risquer la mort nette. Les moyens techniques tels que les plateaux techniques, les laboratoires (y compris l’impossibilité de diagnostiquer sereinement le Covid-19 en province) et les lits équipés de respirateurs relèvent du luxe d’un hôtel 5 étoiles. Les services tels que la pédiatrie, la maternité manquent de personnel qualifiés de haut niveau.
L’autre problématique est celle de la gestion financière. Il ne suffira pas de renoncer à l’« aide à la tutelle » pour éradiquer des pratiques encore très courantes de détournements des fonds et de racket des malades instituées dans les hôpitaux publics. A Oyem, d’où Patrick Obiang Ndong est originaire, comme dans les autres localités du pays, les hôpitaux font la grève régulièrement parce que les directeurs nommés à leur tête détournent l’argent des primes de garde à leurs fins personnelles. Résultat, les infirmiers et autres personnels ne prennent pas les malades et les morts qui s’ensuivent sont connues. Heureusement que c’est au Gabon où l’on ne porte pas plainte systématiquement contre ces directeurs d’hôpitaux et l’Etat pour ces « décès » évitables. Les gens se contentent encore de dénoncer sans agir légalement.
Affaire à suivre.

One Comment

  • Akoma Mba dit :

    Rien ne changera tant qu’une famille continue de diriger un pays avec un mort vivant. Toute la bande au pou our depuis belleurette sont des corrompus, des gens sans scrupules et ainsi sombre le Gabon dans la misère et la pauvreté.

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