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Santé d’Ali Bongo : L’inévitable vacance du pouvoir

Mborantsuo en mode ambiance

A ce stade de la théorie médicale et au regard des antécédents de santé de Boa (il s’était déjà évanoui au salon d’honneur de l’aéroport Léon Mba en début de mois, en partance pour le Mali sans plus s’y rendre), la vacance de pouvoir, tant redoutée par le clan Bongo au pouvoir depuis 52 ans déjà sans discontinuité et sans partage, paraît inévitable à court et moyen termes d’ici décembre.

Sauf miracle de la Providence, s’il s’en sort vivant, Boa, gagnerait à s’occuper de sa santé et de ses petits-enfants dans un pays d’« exil » de son choix, étant entendu que personne ne le chassera comme le président élu Jean Ping l’a encore rappelé aux diplomates étrangers. Mais pour son repos et sa sécurité, il gagnerait, comme Yaya Jameh, Ben Ali, Blaise Compaoré et consorts, à quitter les choses avant que les choses ne le quittent pour toujours. Rien ne vaut la vie, même pas la présidence moribonde d’un pays pétrolier comme le Gabon, surtout après 9 ans de règne personnel avec un bilan catastrophique à tous points de vue et un plus de 50 ans de domination dynastique des Bongo.
Si certains voient dans les ennuis de santé de Boa les effets de rituels indigènes en représailles d’une la violence politique qui ne dit pas son nom depuis qu’il est aux affaires (tueries au QG de Ping, disparition d’Amo, crimes rituels), d’autres estiment que Boa doit suivre son traitement hors du pays pour allonger son espérance de vie, s’il, bien sûr, sort vivant de cet AVC.
En tout état de cause, la vacance du pouvoir (article 13 de la Constitution tripatouillée par Boa en janvier 2018) est inéluctable. La junte, qui se rend compte qu’elle n’a pas, dans les sillages téké et altogovéen, un « successeur » capable, veut gagner du temps selon deux scénarios.

Acte 1 : faire comme en Algérie…avec un président légume

Malgré un état de santé morbide, il s’agirait, pour eux, d’éviter l’article 13 en faisant venir Boa une fois par mois pour faire quelques images avec le gouvernement (Conseil des ministres) et maintenir la thèse de la continuité de l’Etat et du bon fonctionnement des institutions que Mbourantsuo veut déjà mettre en exergue. Cela leur éviterait, seulement à court terme, la terrible épreuve d’une nouvelle élection présidentielle après la débâcle de 2016. Ce qui ne ferait que prolonger les incertitudes. Dans ce cas, la troïka actuelle aura des pouvoirs encore plus réels et renforcés. La répression, la violence, la gabegie et la corruption vont encore prendre de l’ampleur. Les contrôles, interdictions de voyage ou de rentrée au Gabon, les marches des partis ou syndicats seront bien plus réprimés.

Acte 2 : l’occurrence du pire…

Dans ce cas, si Boa venait, sans le lui souhaiter au nom de l’éthique chrétienne humaniste, à décéder à la suite de cet AVC, la junte sera bien obligée de déclarer la vacance du pouvoir dans les jours qui vont suivre. Pour certains analystes, ce scénario est le plus scruté au sein même du clan des Bongo. Des noms fusent : Ali Akbar, Idriss Ngari, Malika Bongo Ondimba (sa fille), Frédéric Bongo Ondimba (son frère plus craint qu’Ali lui-même), Oyiba Jean Pierre, Jean Boniface Assélé, etc. Selon des analystes, le clan Bongo sent que le pouvoir, après Boa risque très probablement de leur échapper. L’opposition, quoique divisée autour de la participation aux législatives et locales d’octobre dernier, songe déjà au remake de la candidature unique. Jean Ping, Oyé Mba… Des noms circulent déjà. La France, consciente des enjeux, est dans une situation intenable : entre laisser la démocratie s’exprimer et prendre le risque de voir venir aux affaires un Gabonais issu des groupes ethniques qu’elle craint au Gabon (notamment les Fang, les Punu et les Nzébi) et tenter de forcer le passage d’un 3è Bongo sur le fauteuil royal avec les risques qui vont avec, dont ses ressortissants et ses intérêts pourraient ne pas sortir indemnes comme la masse des Gabonais. Les Gabonais, cette fois-ci, n’accepteront pas, après 2009 et 2016, de se voir encore imposer un quidam au nom des seuls intérêts de la France.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Souhaitons toujours un prompt rétablissement à Boa.

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