Boa n’a jamais changé. Toujours égal à lui-même, il n’a jamais cessé de faire l’ingrat envers ceux qui l’ont souvent aidé à se maintenir au pouvoir. La première vague des mesures annoncées n’émeut pas encore grand monde, en dehors de l’interdiction des recrutements à la fonction publique, des stages, mais l’ensemble des mesures annoncées touchent davantage le « système » qui l’a fait « roi ».
La liquidation du système Bongo père-PDG
En effet, depuis des décennies, pour asseoir son audience populaire afin de justifier les hold-up électoraux nationaux et locaux, le PDG a usé de sa position de parti au pouvoir. Les femmes qui chantent dans les groupes d’animation du PDG sont, pour l’essentiel, le personnel de catégorie C et de la MONP de la fonction publique. Recrutées au niveau des maisons de la femme du PDG ou dans les maisons du parti, leurs dossiers étaient jusque-là portés par des députés, ministres, DG qui faisaient d’elles des fonctionnaires. En décidant de voir clair dans le fichier solde de la MONP et de ne plus recruter ce type de personnel, Boa met ainsi à mal la base militante du PDG.
Il y a aussi la mesure de suppression des postes de chargés de missions politiques et de chefs de cabinet à la présidence et dans les cabinets des ministres et du PM. Un coup dur pour le PDG encore parce qu’il s’agit des agitateurs politiques locaux qui, une fois l’élection terminée, sont souvent gratifiés pour devenir chargés de missions politiques ou chefs de cabinet. Les CMP des ministres gagnent un peu mois de 200 000 Fcfa par mois, ceux du PME un peu plus du double et ceux du PR dans les 700 000 à 1 000 000 de Fcfa le mois. On les compte, pour l’ensemble des cabinets ministériels, à quelques centaines. Or, ces CMP sont les vrais animateurs du PDG dans les arrondissements (communes) et les villages (cantons). Boa va-t-il ordonner, dès le 25 juillet 2018, avec le passage aux bons de caisse des fonctionnaires, la suppression pure et simple de ces personnels politiques souvent en service à la maison du PDG ?
La mesure, qui touche davantage les cadres du PDG eux-mêmes, est celle qui supprime les postes de 2è adjoint pour tous les postes dans les cabinets ministériels. Boa a fait annoncer que les postes de directeur de cabinet adjoint, SG adjoint 2 et plus des ministères, DG adjoint 2 et plus des administrations centrales sont purement et simplement supprimés. Un sérieux coup dur pour toutes ces personnes souvent coptées dans le cadre du militantiste partisan au-delà de leur grade administratif (A1). En effet, on n’est pas nommé DGA 1, 2 ou 3 par hasard. Ce processus est politique et très clientéliste.
Enfin, l’autre mesure phare concerne les avantages des présidents des institutions (Sénat, Assemblée nationale, cours de justice), mais aussi les présidents de conseils d’administrations (PCA) des sociétés publiques ou parapubliques. Une fois encore, Boa démontre qu’il n’a peur de personne et ne doit à qui que ce soit des comptes de sa gestion autocratique et anti-démocratique du pays. Le PDG est, là encore, le plus touché car, comme pour les précédentes mesures, l’opposition n’est pas concernée. Les DG, conseilleurs, chargés de mission politiques, les présidents des institutions et leurs avantages sont des PDGistes ou nommés parmi les partis de la majorité [minorité] pour l’émergence. En effet, le sort des anciens ministres et autres barons du régime comme Paul Biyoghe Mba et consorts vient d’être scellé par Boa. Désormais, ils n’auront plus droit à un salaire mensuel, à des voitures de luxe, garde du corps, ménagères. Les anciens Premiers ministres, dont Jean François Ntoutoume Emane, Casimir Oye Mba et Jean Eyeghe Ndong sont aussi touchés parce que leur « retraite » de PM va être aussi amoindrie ainsi que les avantages qu’ils percevaient.
Sur le plan politique, Boa entend démontrer qu’il reste le maitre du jeu politique et peut faire et défaire toutes les situations que certains considéraient depuis le temps d’Omar Bongo comme « acquises ». Le PDG, fer de lance du régime, se retrouve complètement désossé. Car ce sont ces petits emplois, ces recrutements et nominations clientélistes à la fonction publique (SGA 1, 2 & 3 ; chargés de mission, chefs de cabinets….), ces avantages financiers et administratifs, mais aussi ces points de chute (PCA) qu’il miroitait à des opposants affamés, à des jeunes et à tous les Gabonais pour les attirer dans son escarcelle.