Objet : Immigration clandestine au Gabon
Monsieur le Ministre et cher compatriote
Sous le titre « Immigration clandestine », votre service de presse a publié sur les réseaux sociaux, en date du 15 juin 2018, une information relative à l’entrée à Libreville de deux groupes de clandestins et d’une importante cargaison de cannabis. Le communiqué précise que c’est lors d’un contrôle de routine, effectué dans la nuit du 13 au 14 juin 2018, que les agents de l’Office central de lutte anti-drogue (Oclad), appuyés par la Brigade anti-criminalité (Bac) ont surpris, au petit matin, sur les rives de la plage d’Acae, 5 Nigériens à bord d’une pirogue chargée de douze sacs de 22 boules de cannabis. Ils ont été placés en garde à vue. Le lendemain, 15 juin, toujours au petit matin, entre 3h et 5h, 70 clandestins, dont 33 femmes et 37 hommes, ont été interpellés sur la baie de Michèle Marine. Ils ont aussi été placés en garde à vue. En vingt-quatre heures, 75 individus ont débarqué clandestinement sur la côte de l’estuaire du Gabon avec de la drogue.
Monsieur le Ministre,
Un adage dit que « l’occasion fait le larron ». Aussi, permettez moi de féliciter, à travers vous, vos services pour cette édifiante communication qui contient des informations claires sur les efforts de vos agents qui sont présents sur le terrain jusqu’au petit matin ; communication qui confirme aussi malheureusement ce que près de 95 % de Gabonais pensent du « trop-plein démographique », qui devient une menace pour notre pays, et de la piètre qualité de la surveillance de notre espace maritime. Cette menace est réelle et quotidienne dans tout le pays. Dans une lettre ouverte, destinée en priorité aux ressortissants de Woleu-Ntem, publiée dans le journal Le Mbandja n° 455 du vendredi 01er juin 2018 à la page 4, une éminente personnalité, le Pr Gabriel Zomo Yebe, attire l’attention des habitants de cette province sur « l’immigration incontrôlée qui frappe actuellement le Gabon et qui ne devrait laisser personne indifférent ». Pour ma part, depuis plus de 20 ans, j’attire en vain l’attention des autorités sur ce phénomène que je qualifie de « bombe à retardement ». L’honorable professeur écrit que : « depuis quelques années, des ouest-Africains, notamment des Burkinabè, des Maliens, des Nigérians, des Sénégalais, des Sierra-léonais (et j’en passe probablement), par petits groupes, se sont installés dans nos villes et migrent maintenant pour s’installer dans nos villages. Cela se fait sous nos yeux sans que nous n’en prenions véritablement conscience, habitués que nous sommes à la présence des populations non fang (Blancs et Noirs) sur nos terres du nord-Gabon… Dans nos villages, chacun a dû constater cette présence des populations venues hors d’Afrique centrale. L’accroissement de la demande qu’ils engendrent booste l’investissement privé et public. De même, ils apportent un savoir-faire dans beaucoup de petits métiers. Toutefois, sans contrôle, cette population étrangère peut constituer une véritable menace comme en témoignent aujourd’hui de nombreux exemples en Afrique… C’est cette menace, plutôt, ce sont ces menaces, car elles sont nombreuses, qu’il nous faut conjurer aujourd’hui ».
Monsieur le Ministre,
Voilà le constat d’un compatriote averti et « apolitique » qui connaît le Gabon et qui fait partie des responsables de la formation des nos jeunes dans un système scolaire et universitaire totalement dégradé. La problématique de l’immigration clandestine a un puissant impact psychologique dans la population. Elle est contenue dans le besoin de changement et d’alternance que le peuple appelle de ses vœux. Il est vrai que cette situation est ancienne et l’incapacité des dirigeants de l’Etat-PDG à impulser des activités entrepreneuriales dans les secteurs des PME, de l’agriculture, de l’artisanat et des petits métiers a créé depuis plusieurs décennies un cadre favorable à l’implantation facile des étrangers sur nos terres. L’exode rural aidant, les villages se sont vidés des personnes valides et aptes à organiser la vie des ruraux dont les activités courantes sont aujourd’hui exercées par des étrangers : agriculture, pêche, petit commerce, etc. Ce n’est pas la présence des étrangers chez nous qui est une menace, mais leur trop grand nombre et leur continuelle entrée illégale au Gabon sans que l’Etat mette en œuvre des moyens pour arrêter le processus. Il faut un sacré culot ou des complices bien organisés pour faire d’Acae et de Michèle Marine des lieux de débarquement de clandestins. Deux endroits qui sont pourtant situés dans des zones non loin des quartiers peuplés et fréquentés de la capitale. Si des malfrats réussissent à y accoster deux pirogues au petit matin au réveil, combien plus accostent-ils en pleine nuit ? Envoyez vos agents du côté du Cap Estérias. Ils découvriront un pan de la ville placé sous le contrôle des étrangers. Il y a des parties du territoire qui nous échappent depuis très longtemps. La situation du Gabon est catastrophique à tous les niveaux. Il faut craindre que le peuple gabonais, formé par nos communautés linguistiques, disparaisse progressivement pour laisser la place à la formation d’un peuple hétéroclite, sans racines ni connaissance de notre histoire, notre culture, nos mœurs, us et coutumes.
Monsieur le Ministre,
Il n’y a pas longtemps, en compagnie d’un frère, nous avons eu une très vive altercation, qui a failli dégénérer en rixe, avec le commerçant d’une échoppe. L’homme avait une bouilloire d’eau pour faire sa toilette avant la prière. Il se lavait le visage, les bras, les pieds et se rinçait la bouche en rejetant l’eau sur le sol. L’eau de sa toilette dégoulinait sur le trottoir et plusieurs personnes, dont des Gabonais femmes et hommes, passaient sur cette eau sale. Je me suis arrêté pour lui poser la question de savoir s’il était obligé de se laver en public et pourquoi ne le faisait-il pas derrière chez lui, loin de la vue des passants ? Etonné par ma question, il m’a toisé et a répondu avec dédain qu’il devait faire des ablutions avant de prier. J’ai levé la voix, lui aussi et… On trouve les échoppes des étrangers non seulement dans les villages les plus reculés du pays, mais aussi dans les quartiers huppés des villes. A Libreville, j’ai aperçu, à la Sablière, qui est par excellence le « quartier bourgeois » du pays, des échoppes d’ouest-Africains. Qui donne à ces gens les cagibis et les autorisations d’installation en ce lieu pour ouvrir des commerces ? Même s’il est connu que certains servent d’indics aux policiers et enquêteurs. Un soir, avec des amis, nous avons pris la décision de faire un tour de ville aux environs de 2 heures (au petit matin). Cela m’a permis de constater que pendant que nous dormons, les vendeurs de cigarettes, de bonbons, de chewing-gums, de flashs et cartes de crédit de téléphone, de kola, de capotes, de kobolos et autres babioles (et, peut-être, du cannabis aussi) veillent sur la ville. Il y a aussi certainement des agents de la PJ et autres qui la sillonnent pour la sécurité et la surveillance, mais pour l’essentiel, ce sont les étrangers qui savent bien ce qui se passe la nuit dans Libreville. Ce sont eux qui connaissent mieux la configuration des quartiers et même les adresses des personnalités politiques et les immatriculations de leurs véhicules. La quasi totalité des bords des rues des quartiers populaires de Libreville sont occupés par des commerçants ouest-africains. Au marché de Mont-Bouët, les trottoirs sont envahis par les vendeurs au point que la circulation en voiture est rendue difficile et pénible. Voila ce que le trop plein d’étrangers entraine au Gabon et comment, petit à petit, le pays échappe aux Gabonais. Votre communiqué est sans ambigüité. Il prouve et confirme qu’il y a un véritable problème démographique dont le traitement part de la connaissance du nombre de Gabonais au regard de celui des étrangers. La multitude d’Eglises de réveil et de mosquées est un indicateur fiable pour comprendre ce qui se trame dans le pays. La majorité des responsables de ces lieux de culte sont des immigrés, légaux ou pas. Pour mesurer l’ampleur du phénomène, faites un tour dans les quartiers sous-intégrés et les marchés. Nos villes ressemblent de plus en plus aux villes de l’Afrique de l’ouest.
Monsieur le Ministre,
Les Librevillois se posent la question de savoir par quelles voies et avec quels documents de voyage entrent au Gabon des mendiants, des infirmes, des vieillards, des délinquants qui déambulent dans les rues : par voie terrestre, aérienne ou maritime ? Où habitent-ils ? Quelles sont leurs activités ? Ils sont imams, muezzins, marabouts, prophètes, évangélistes, commerçants, artisans, agriculteurs, etc. A quand leur intégration véritable dans notre société ? Leurs défunts sont enterrés dans un cimetière qui est leur propriété parce qu’il ne faut pas mélanger leurs morts avec ceux des Gabonais qui n’ont plus de cimetière décent.
En mes qualités de citoyen et de patriote, j’ai tenu à vous exprimer respectueusement mon sentiment sur le peuplement anarchique du Gabon ; sentiment qui, me semble-t-il, est partagé par beaucoup d’autres compatriotes. Pour terminer, il serait judicieux et rassurant que vos services communiquent sur :
– le nombre d’étrangers qui résident en permanence au Gabon et ceux qui ont acquis la nationalité gabonaise par origine géographique : Européens, Asiatiques, Américains, Africains du centre et de l’ouest, etc. ;
– le nombre de temples protestants, d’églises catholiques, de mosquées, d’églises de réveil et assimilés, en situation légale et illégale, implantés sur tout le territoire ;
– les sommes d’argent que la régularisation des « sans-papiers » et l’octroi de la nationalité gabonaise ont rapporté à l’Etat.
A part la « garde à vue », que deviennent les clandestins : sont-ils renvoyés chez eux ou doit-on régulariser leurs situations comme l’avait préconisé un de vos prédécesseurs ? Les contrôles de routine ne suffisent plus pour lutter contre cette menace, ce danger. Il faut sévir en sanctionnant avec fermeté tout manquement à la loi…quoique la sanction n’existe que pour certains cas et que le droit n’a plus de partisans au Gabon. Chaque semaine, des masses de « sans-papiers » se présentent à la documentation pour la régularisation de leur présence au Gabon. Certes cela fait entrer des espèces dans les caisses, mais surtout aggrave un problème de société qui est l’envahissement et l’occupation du Gabon.
Monsieur le Ministre d’Etat,
Il y a urgence et le gouvernement doit se donner les moyens pour affronter ce phénomène d’immigration et d’occupation des terres par des nomades. L’immigration des peuples est ancienne. Elle prend des proportions inquiétantes au Gabon et partout à travers le monde. Pendant que Libreville et les villes de l’intérieur manquent de décharges et de dépôts publics d’ordures, le Gabon tout entier devient un dépotoir humain.
Guy Nang-Bekale