C’est ce qu’a déclaré Jean Rémy Yama lors de l’assemblée générale de la Conasysed tenue le mercredi 7 novembre dernier. Nous publions intégralement le propos du président de ladite confédération.
Camarades travailleurs, chers concitoyens, peuple gabonais,
Ali Bongo Ondimba et son gouvernement ont décidé, dans le projet de loi de finances 2019, de déclarer la guerre aux travailleurs en particulier et au peuple gabonais en général. Ils s’acharnent sur nous pour nous « anéantir ». En effet :
Acharnement contre les agents publics
– Tous les salaires bruts mensuels à partir d’1 000 000 de francs cfa seront prélevés d’au moins 100 000 et ceux qui gagnent à partir de 2 000 000 perdront 400 000 par mois. Pour les autres salaires inférieurs à 1 000 000 de francs cfa, ils subiront aussi des coupes avec le cadre de la loi de finances rectificative. Tous les agents publics à termes seront touchés.
– Suppression des avancements par ancienneté et des régularisations des situations administratives,
– suppression du paiement des rappels des soldes aux agents publics ;
– suppression de la prime de risque dans le secteur santé ;
– paiement généralisé des pensions provisoires aux retraités du secteur public ;
– baisse entre 50 et 100 % de l’indemnité des services rendus tant dans le secteur public que dans les secteurs parapublic et privé.
Acharnement contre le peuple
– Taxes sur le ramassage d’ordures (7 % de vos factures d’électricité). L’Etat doit 22 milliards de francs cfa à Averda alors que cette somme a été décaissée mais n’est pas allée dans les poches d’Averda. Est-ce la Faute des agents publics ? Est-ce la faute des agents du secteur privé ? Et maintenant on nous demande de payer cette dette de 22 milliards de francs cfa par une taxe de 7 % sur les factures d’électricité. Ça veut dire que le kwh va devenir plus cher. Au nom de quoi doit-on l’accepter ?
– Taxes sur les transactions électroniques (10 % sur Airtel money, mobicash, transactions bancaires, etc.) ;
– taxes sur les sociétés dans le secteur pétrolier qui entraineront l’augmentation du prix du gaz, du carburant et des services. La Banque mondiale vient de classer l’Afghanistan plus attractive que le Gabon pour faire les affaires à cause de la pression fiscale et du banditisme de l’Etat qui n’honore pas ses engagements vis-à-vis des entreprises qui sont obligées de lui porter plainte auprès des tribunaux internationaux. Est-ce la faute des agents publics ? Est-ce la faute des agents du secteur privé ? Et là, les impôts et taxes augmentent à nouveau. Vous pensez que ça va attirer les investisseurs qui sont en train de fuir le Gabon justement à cause des impôts et taxes élevés ?
Camarades travailleurs, chers concitoyens, peuple gabonais,
L’acharnement d’Ali Bongo Ondimba et son gouvernement contre les travailleurs s’illustre également dans leur volonté de faire ratifier une ordonnance modifiant certaines dispositions de la loi 1/2005 portant statut général de la fonction publique.
– En 2015, la Conasysed a fait échouer leur plan. L’ordonnance 00013 a été déclarée caduque suite à sa non ratification par les députés (le Sénat l’avait ratifiée),
– En février 2018, l’ordonnance 00016 est déclarée caduque suite à sa non ratification grâce à l’action de Dynamique unitaire. Les députés avaient demandé au gouvernement de revenir avec un projet de loi et ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux, car une réforme aussi importante ne devait pas se faire de façon lapidaire.
– Fin septembre 2018, ce même gouvernement revient à la charge avec l’ordonnance 00030 dont le contenu est identique aux ordonnances 00013 et 00016.
Par ces actes, camarades travailleurs, peuple gabonais, nous devons considérer Ali Bongo Ondimba et son gouvernement comme un ennemi et les traiter comme tels, car ils cherchent notre malheur.
Ces mesures d’austérité ne peuvent pas obtenir notre assentiment pour plusieurs raisons :
– absence de dialogue social ;
– absence de communication de l’audit de la fonction publique 2010,
– Refus du gouvernement de faire un audit de la masse salariale. On a une masse salariale de plus de 700 milliards. Elle paye quoi réellement ? Le mutisme du gouvernement laisse penser qu’il y a des choses qu’il cache à l’intérieur de la masse salariale ;
– l’insolence financière exprimée par les candidats du Parti démocratique gabonais (PDG) pendant les élections législatives et locales. Chaque candidat du PDG a eu au moins 25 millions de francs cfa. Pour ses 143 candidats, c’est donc la bagatelle somme de près de 4 milliards que ce parti a mobilisée. Est-ce que le SG du PDG peut nous dire dans quelle banque se trouve domiciliée le compte de son parti et qui peut justifier une telle sortie d’argent ? C’est dans les caisses de l’Etat que le PDG est allé puiser. Pendant la campagne, on n’a pas eu l’impression que le Gabon était en crise et qu’il n’avait plus d’argent.
– Le Gabon n’est pas pauvre. Des individus ont appauvri l’Etat et ils veulent nous appauvrir également afin de nous réduire en esclavage.
Ce gouvernement veut nous faire payer ses errements et sa mauvaise gestion. Depuis 2015 la masse salariale est bloquée par le gel des recrutements, avancements automatiques, titularisations et reclassements après. Or, la dette publique continue d’augmenter. Cette dette se situe, à la fin du mois d’octobre 2018, à plus de 5 200 milliards de francs cfa. Est-ce la faute des agents publics ?
Camarades travailleurs, chers concitoyens, peuple gabonais,
Nous devons agir, poser des actes qui doivent mettre hors d’état de nuire nos bourreaux. Ils veulent notre mort.
Le gouvernement dit que les résultats électoraux lui donnent le quitus de mener ces mesures d’austérité. Or, la légitimité de cette politique est escamotée par le taux d’abstention à près de 90 % aux élections. Ça veut dire que 90 % des Gabonais ne croient pas ou plus aux mécanismes de renouvellement des dirigeants politiques et ne se reconnaissent pas dans ces résultats farfelus. Ça veut dire aussi que les Gabonais croient à d’autres voies pour se libérer de cette oppression, surtout que les voies légales menées auprès de la Cour constitutionnelle ne trouvent pas d’issue à cause de sa connivence avec le gouvernement. Qu’avons-nous comme autres armes ? Ali Bongo, son gouvernement et ses complices ne nous laissent pas d’autres alternatives.
Les autres armes pour se libérer de ces mesures d’austérité trouvent actuellement tout leur sens, d’autant plus que l’instigateur de cette politique, AlBongo Ondimba, est porté-disparu. Le navire Gabon est sans commandant de bord, avance vers l’abîme et on veut faire croire que tout va bien. Tous les regards sont dirigés vers Riyad, en Arabie Saoudite où l’avenir du Gabon est en train se dessiner. En effet, avec plusieurs versions sur l’état de santé du chef de l’état à savoir :
– fatigue sévère nécessitant un repos selon les officiels gabonais,
– AVC selon certains médias occidentaux crédibles ;
– mort les réseaux sociaux.
Au-delà de toutes ces versions, où est passé Ali Bongo Ondimba ? Au nom de qui ce gouvernement s’exprime-t-il ?
Ne rien dire à ce sujet serait anormal, car les enjeux et les perspectives sont considérables pour les travailleurs et, de manière générale, pour le peuple.
Dynamique unitaire, en tant qu’acteur de la société civile, suit l’évolution du dossier avec la plus grande attention. Pour l’instant on s’en tient à la version officielle qui, à 3 jours du sommet de la paix à Paris, affirme qu’Ali Bongo prendra part à ce conclave international.
Si d’aventure, Ali Bongo Ondimba y est absent, alors Dynamique unitaire ne se fiera plus à la communication gouvernementale. Les autres versions qui signalent l’inaptitude d’Ali Bongo seront de fait les seules probables. Dans ce cas de figure, Dynamique unitaire exhorte les gouvernants politiques à choisir la « voie du bons sens »pour éviter de plonger le pays dans un chaos indescriptible. Le bon sens voudrait que si on s’est trompé, si on a pris une mauvaise voie, qu’on ait l’humilité de le reconnaitre et faire marche arrière.
C’est pourquoi Dynamique unitaire appelle les travailleurs, le peuple gabonais à une grande marche pour la défense des droits fondamentaux, du pouvoir d’achat, des acquis et de la République dans les prochains jours à une date qui vous sera communiquée ultérieurement. Les préparatifs de cette marche pacifique et républicaine débuteront dès demain jeudi 08 novembre 2018.
Pour le bureau confédéral,
Le président,
Jean Rémy Yama