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Brice Clotaire Oligui Nguema en Guinée Equatoriale : Analyse d’un séjour diplomatique placé sous le signe du renforcement de la fraternité entre les deux États.

La visite d’État effectuée par le président de la République Gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, en Guinée Équatoriale le 4 juin 2025, constitue un événement diplomatique notable, particulièrement lorsqu’elle est examinée à la lumière du différend frontalier de longue date qui oppose les deux nations voisines.

Ce déplacement, intervenant un peu plus d’un mois après l’investiture du président gabonais et juste avant un sommet de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) prévu se tenir à Malabo le 7 juin prochain, s’inscrit dans une dynamique complexe mêlant la consolidation du pouvoir post-transition au Gabon, la recherche de légitimité régionale, et la volonté affichée de résoudre pacifiquement un contentieux territorial historique centré sur les îles Mbanié, Cocotiers et Conga dans la baie de Corisco.

Les objectifs de cette visite étaient multiples et stratégiques. Au-delà du renforcement des liens bilatéraux traditionnels entre deux pays « frères », il s’agissait pour le président Oligui Nguema de poursuivre les efforts de normalisation des relations du Gabon avec ses partenaires régionaux après la transition politique intervenue en 2023. Comme lors de sa première visite en septembre 2023, l’objectif était de rassurer, d’expliquer la situation interne du Gabon et de plaider pour une pleine réintégration au sein des instances régionales comme la CEEAC, dont la Guinée Équatoriale est un membre influent et dont le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo est le doyen respecté.

La rencontre visait également à consolider une approche diplomatique axée sur la coopération régionale. La participation annoncée au sommet de la CEEAC quelques jours plus tard renforce cette dimension régionale de la visite.

Le différend frontalier entre le Gabon et la Guinée Équatoriale constitue la toile de fond la plus sensible de cette rencontre. Ce litige remonte aux années 1970, plus précisément à 1972 lorsque le Gabon a pris le contrôle de l’île Mbanié et des îlots voisins de Cocotiers et Conga, situés dans des eaux potentiellement riches en hydrocarbures. Malgré une convention signée à Bata en 1974 visant à délimiter les frontières maritimes, le désaccord sur la souveraineté de ces îles a persisté, empoisonnant périodiquement les relations bilatérales.

Récemment, en mai 2025, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a rendu une décision sur ce différend, bien que les détails et la portée exacte de cette décision nécessitent une confirmation et une analyse approfondie quant à son application et son acceptation par les deux parties.

Cependant, les développements survenus lors de la visite du 4 juin 2025 semblent indiquer une volonté de privilégier une approche bilatérale négociée. L’impact le plus significatif de la visite du président Oligui Nguema sur ce différend réside dans la réaffirmation conjointe et publique de la volonté des deux chefs d’État de parvenir à un règlement pacifique et fraternel. Cette posture d’apaisement a été concrétisée par l’annonce de la création d’un comité conjoint d’experts gabonais et équato-guinéens. Ce comité a reçu le mandat spécifique d’examiner en profondeur la question des îles en litige et de formuler des propositions pour une solution durable et mutuellement acceptable.

Cette initiative institutionnalise le dialogue et marque une préférence claire pour la négociation directe et la recherche d’un compromis politique, potentiellement en complément ou en dépassement du cadre strictement juridique international. Comme l’a souligné le président gabonais, cité par Gabon Media Time, « Nos deux pays n’ont aucun intérêt à voir ce dossier nourrir des tensions inutiles« . Cette démarche s’inscrit également dans un contexte régional favorable, à la veille d’un sommet de la CEEAC visant à renforcer l’intégration, où la résolution pacifique des conflits bilatéraux est encouragée.

En privilégiant le dialogue, la coopération et en mettant en place un mécanisme bilatéral dédié à la résolution du litige, les deux pays signalent une volonté commune d’apaisement et de recherche d’une solution « fraternelle ». Si les défis demeurent, notamment quant aux travaux futurs du comité conjoint et à l’articulation avec d’éventuelles décisions juridiques internationales, cette rencontre diplomatique a indéniablement permis de relancer positivement la dynamique de résolution de ce contentieux historique, dans l’intérêt de la paix et de la stabilité en Afrique Centrale.

 

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