En début de semaine, le régime via le Centre gabonais des élections (CGE), a fait institué un bulletin de vote unique concernant la présidentielle et les législatives du 26 août prochain. Primitivement, le même CGE avait via le gouvernement, fait modifier le code électoral afin de supprimer les enveloppes accolées, non sans vouloir mettre sur le dos de l’opposition, la paternité de cette prétendue réforme.
Il faut dire que le camp de la majorité présidentielle fait preuve d’une lamentable malhonnêteté flagrante en tentant de faire croire aux Gabonais que l’opposition a sacrifié ses espoirs sur l’hôtel de ses intérêts personnels. La vérité est que le régime voyant sa Bérézina à venir, ne sait plus où mettre la tête. Et comme à son habitude, le régime a souvent appelé au dialogue avec opposition. Des rencontres qui se terminent par des conclusions dont le régime doit traduire en texte de loi. Malheureusement, le pouvoir a la particularité de tordre le cou au consensus qui souvent ressort de ses rencontres avec l’opposition, pour imposer ce qui rentre dans ses intérêts afin de conserver le pouvoir. Car, le régime est conscient que le jour où il prendra des dispositions permettant un vote libre et sincère au Gabon, le pays connaîtra l’alternance. Il ne veut donc pas scier lui-même, la branche sur laquelle il est assis…
Rappelons que lors de la dernière concertation majorité/opposition, parmi les mesures arrêtées, figurent, entre autres, l’intégration de la biométrie dans le système électoral actuel, le rapatriement des réfugiés politiques, ainsi que l’indemnisation des victimes des récents événements liés aux protestations qui ont éclaté suite à l’annonce des résultats électoraux, l’instauration d’un bulletin de vote unique comprenant l’ensemble des candidats…
D’ailleurs, ne voulant se laisser tondre la laine sur le dos, les partis politiques de l’opposition ayant pris part à la concertation politique du 13 au 23 février 2023, lors d’une déclaration de presse donnée le 03 août 2023 dernier et parvenue à notre rédaction, rappellent que :
« Les partis politiques de l’Opposition ayant pris part à la concertation politique voulue par l’Opposition sur invitation du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA du 13 au 23 Février 2023 à l’Esplanade du Ministère de la Défense Nationale, informent l’opinion nationale et internationale de ce qui suit :
– 1°) Les modifications actuelles du code électoral et les modalités pratiques d’organisations des scrutins à savoir le retrait des enveloppes accolées, le retrait des représentants des candidats dans les bureaux de vote et le bulletin unique version CGE, n’ont jamais été évoquées au cours de la concertation politique d’une part ;
– 2) Le comité de suivi conformément à l’article 6 du Décret n° 0010/PR/MI du 21 Février 2023 dont la mission principale était de mettre en œuvre les recommandations consensuelles, n’a jamais tenu ses assises d’autre
part.
– 3) Que la Concertation, conformément aux articles 6 et 7 du décret susmentionné n’est pas achevée dès lors que le comité de suivi n’a pas épuisé les points inscrits à l’ordre du jour.
– 4) Qu’une cacophonie s’est installée entre le Gouvernement de la République et le Centre Gabonais des Elections entraînant une confusion généralisée du processus électoral et des actes unilatéralement pris. Hors, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur Alain Claude BILIE BY NZE, tente de faire croire à l’opinion nationale et à la communauté internationale qu’il a conviée le 28 juillet 2023, que de manière consensuelle, les deux camps ayant pris part à la concertation étaient en phase avec le déroulement du processus actuel.
Face à ces dangereuses situations, et conformément au code de bonne conduite en son article 3 alinéa premier, et du règlement intérieur en son article 7 qui stipule : « Le Bureau peut recourir au Président de la République en cas de nécessité, à son initiative ou sur proposition de la plénière » Fin de citation. Les membres du Bureau et l’ensemble des délégués de l’Opposition, sollicitent l’arbitrage urgent du Chef de l’Etat.
Les partis politiques de l’Opposition tiennent à affirmer solennellement leur totale désapprobation sur les actes pris par le Gouvernement et le Centre Gabonais des Elections (CGE) en marge des conclusions de la concertation politique et mettent en garde le Gouvernement sur les conséquences qui en découleraient de ses agissements à la veille des élections générales en cours. »
Le gouvernement a encore le temps de rectifier le tir. Mais il ne peut se camoufler derrière l’opposition pour faire croire que les mesures impopulaires, lâches et imbéciles qu’il prend en ce moment pour l’organisation des prochaines élections, émanent de la réflexion de l’opposition.