Nommé pour redresser la boîte dans un temps relativement court, Christophe Eyi, pistonné par Pablo Escobar et Guy Patoutou, semble s’inscrire dans la durée et s’y trouver un titre foncier. Ce qui irrite grave les agents et syndicats de la maison CNSS. D’aucuns ne se privent même plus pour dire que la CNSS serait en plein pillage et la situation pourrait dégénérer dans les jours qui viennent, car les 5 000 nouveaux droits du président de la République pourraient ne pas concerner les véritables bénéficiaires. Notamment ceux qui attendent leur pension depuis plusieurs années.
Selon des sources internes, il semble que le traitement des dossiers de pensions se fait selon le principe du Fifo (premier dossier entré, premier dossier sorti). Ce qui signifie que sont concernés en priorité par les 5 000 nouveaux droits, les retraités qui attendent depuis 2015, pour certains. Par conséquent, aucun nouveau dossier ne devrait figurer dans ce lot de 5 000 nouveaux droits si tous les anciens dossiers ne sont pas payés. Malheureusement, ce ne serait pas le cas. En effet, plusieurs dossiers déposés récemment ont été liquidés pour être payés dans ces nouveaux droits. Il suffit de faire le rapprochement entre les dates de dépôt des dossiers à la CNSS et les dates de paiement des nouveaux droits. Une situation qui va laisser pourrir encore les dossiers de ceux qui attendent déjà depuis plusieurs années. Il faut également relever que, certains d’entre eux étant décédés, leurs pensions pourraient faire l’objet de détournement dans le contexte actuel de non-conformité.
Dans les jours qui viennent, le nombre important de réclamations liées aux nombreux dysfonctionnements occasionnés par l’initiative de payer les pensions en ignorant les normes afin de contourner la grève des agents pourrait contraindre les retraités à emboîter le pas aux agents grévistes de la CNSS. Même pour les pensions, ils privilégieraient les retraités de leur circonscription électorale au détriment des dates dépôt des dossiers de demande de retraite. Cela veut dire que plusieurs bénéficiaires de nouveaux droits, sollicités depuis 2015, pour certains, ne seront pas prioritaires au bénéfice du bétail électoral. Sans compter qu’entre-temps, plusieurs sont décédés dans l’attente de leurs pensions depuis plus de 7 ans parfois. Si ce n’est pas du banditisme d’Etat, alors c’est tout comme.
Les agents de la CNSS entrent dans la 5ème semaine de grève. Plutôt que d’appeler au dialogue social, afin de chercher des solutions amiables, Christophe Eyi se mure (encouragé et soutenu à bout de bras par Pablo Escobar et Guy Patoutou) dans un silence inexplicable et préfère recruter des agents alors qu’il prétend que la masse salariale est insupportable. Démagogie, quand tu nous tiens ! Une telle attitude devrait interpeller l’opinion nationale en général, les employeurs, les travailleurs et les retraités en particulier. A qui profite réellement cette grève qui dure depuis plus d’un mois déjà ?
En effet, comment expliquer qu’après avoir conclu un accord avec les travailleurs, pour mettre un terme au litige qui oppose les deux parties et que le recouvrement a largement dépassé les objectifs fixés, on préfère contourner la grève en utilisant, pour effectuer les paiements, des moyens qui génèrent non seulement des dépensent énormes, mais aussi, ouvrent la porte à une fraude massive ? Des dépenses qui auraient largement réglé la question du 13ème mois, considérant qu’une partie des agents a déjà été payée.
De ce qui précède, la question suivante s’impose à tous : à qui profite réellement la grève ? En effet, la violation des règles de sécurité, l’externalisation du paiement des pensions vers une micro finance privée est une porte ouverte à la fraude massive, notamment le détournement des derniers publics à travers le paiement de pensions fictives, des personnes décédées et des doublons. Car sans les agents des services de la CNSS en grève, dédiés aux tâches de contrôle avant et après les paiements, qui permettent de nettoyer les fichiers, d’identifier et de distinguer avec précision les vrais bénéficiaires des faux, le risque pour la micro finance de Christophe Eyi de payer aux mauvais bénéficiaires est très élevé. Dans de telles conditions, une bonne partie des 10 milliards dégagés par le président de la République pour payer les nouveaux droits pourrait bien prendre une autre destination.
Laurent Lekogo