Annoncée depuis le 3 avril 2020, l’effectivité de la gratuité des loyers a été annoncée le 13 mai 2020 par le Ministère de l’économie en faveur de 6047 dossiers…Une information qui suscite l’étonnement et la colère des « petits propriétaires » roulés dans la farine et qui ne comprennent rien de la manière dont ils sont rétribués.
A écouter certains bailleurs qui sont allés émarger à la Caisse de dépôt et de consignation (CDC), les choses ne leur semblent pas bien fait. Et pour cause, les propriétaires de quatre ou cinq studios ou maisons n’ont reçu que le paiement équivalent à un seul studio ou maison. Pour les autres locataires, ils ne savent pas comment faire… D’ailleurs, pour ne pas subir pareille humiliation le mois prochain, de nombreux bailleurs sont allés menacer leurs locataires en leur demandant de s’acquitter du loyer sinon ils libèrent…
Un nombre douteux et faux
Selon le ministre de l’Economie, 6047 dossiers ont été reçus à ce jour. « Ces derniers font l’objet d’un traitement régulier pour une indemnisation dans les meilleurs délais. Notons que l’examen des dossiers intègre plusieurs étapes dont le tri pour vérifier la conformité des dossiers, l’analyse pour déterminer si les critères sont respectés et la validation avant le paiement », a expliqué Jean-Marie Ogandaga. Ce dernier a noté, cependant, la présence de dossiers incomplets. « Les intéressés sont contactés par le guichet pour fournir les pièces complémentaires », a souligné Jean-Marie Ogandaga. Par ailleurs, ce dernier a invité les propriétaires concernés par la mesure, et qui ne l’auraient pas encore fait, à constituer leurs dossiers sur le site www.economie-finances.gouv.ga.
Pour compenser les pertes des petits propriétaires suite à la mesure prise par l’Etat, le gouvernement a prévu une aide de 2,5 milliards de francs CFA. L’objectif de cette mesure est d’éviter les expulsions des locataires par les bailleurs hébergeants les personnes physiques ou morales, ayant perdu leur revenu du fait de la crise sanitaire actuelle. La décision concerne exclusivement les baux déclarés éligibles, du mois de mars 2020 jusqu’à la fin de la crise. Soit un bail inférieur ou égal à 250 000 francs CFA.
Colère des bailleurs et risque de troubles familiaux et sociaux
En réalité, ce que le ministre ne dit pas c’est que durant des semaines, les particuliers qui se rendaient au site du ministère de l’Economie à Arambo pour y déposer leurs dossiers, étaient systématiquement renvoyés à aller sur le fameux portail www.economie-finances.gouv.ga du ministère de l’Economie pour y déposer « virtuellement » leurs dossiers. Or, ce site avait comme par magie était déconnecté, mis en chantier. Les questions qui se posent comme Jean Marie Ogandanga a-t-il fait pour réceptionner 6043 dossiers sachant que le site du ministère de l’Economie était « fermé » aux usagers ? Qui sont les fameux 6043 petits propriétaires concernés sachant qu’au moins ils peuvent s’estimer à 20 000 rien que dans le grand Libreville ?
On sent encore, comme avec les kits alimentaires, une opération de communication dénué véritablement de responsabilité et de transparence. Ce que Jean Marie Ogandanga recherche en réalité c’est la désobéissance citoyenne à une initiative présidentielle louable. Autrement dit, les propriétaires lésés par lui et son administration dans leur volonté de gérer à leur façon les 2,5 milliards de FCFA n’auront pas d’autres choix que mettre leurs locataires à la porte. Et bonjour les dégâts dans les familles et les activités commerciales !
De l’avis de quelques chanceux de cette opération de com’, tous les dossiers acceptés ne sont même pas payés. Si un bailleur a 5 baux commerciaux concernés, on lui paie que 1 ou 2. Et le reste, se demande-t-il, qui l’indemnise ? On est dans la conséquence de la prise de décision sans étude de faisabilité. Le « saucissonnage » que tente de faire Ogandanga pour faire croire à son chef ABO et à l’opinion qu’il applique l’instruction qui lui a été donné est tout simplement décevant et irresponsable comme l’est déjà l’application de beaucoup de mesures d’accompagnement social en faveur des Gabonais économiquement faibles durement touchés par cette crise.