A la faveur de la célébration des 58 ans d’« indépendance » de la Côte d’Ivoire le lundi 06 août dernier, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara (Ado) a annoncé aux Ivoiriens des mesures historiques qui rentrent dans le cadre du règlement de la crise post-électorale qui date de 2010 : amnistie des prisonniers politiques, pas de candidature en 2020, etc.
Des mesures qui interpellent le chef de la junte putschiste gabonaise Boa…en butte, lui aussi, à une grave crise politique qui bloque tout le pays et menace à tout moment d’éclater. Dans son adresse attendue le 16 août prochain en soirée, rentrant de le cadre de la commémoration aussi des 58 ans d’« indépendance » du Gabon, Boa gagnerait à sortir de sa bulle pour intégrer la réalité dans son logiciel mental.
Ado tente (enfin) de sortir par la grande porte de l’histoire…
Le président ivoirien a annoncé, en effet, l’amnistie de près de 800 personnes poursuivies ou condamnées après la crise de 2011 dans son pays, en particulier l’amnistie de Simone Gbagbo, épouse de l’ancien président aujourd’hui emprisonné au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, mais également, l’ancien ministre de la Défense Lida Kouassi, condamné pour complot, et l’ancien ministre de la Construction Assoa Adou, condamné pour trouble à l’ordre public ou encore Souleymane Kamaraté (dit « Soul to Soul »), proche du président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro qui faisait l’objet d’une enquête pour détention d’armes. Ado a aussi annoncé d’autres mesures comme, par exemple, la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI), pourtant issue d’un dialogue politique national à l’époque, ainsi que la décision de limiter sa présidence à deux mandats pour couper court aux rumeurs d’un éventuel troisième mandat en 2020.
Il s’exprimait ainsi à la télévision nationale () dans un message télévisé enregistré. Un discours très axé sur les thèmes de la réconciliation nationale, de l’unité et de la paix. Des mesures qui visent à apaiser le climat politique (opposition) et à consolider la réconciliation nationale, donnant ainsi une tonalité, quoi qu’elle soit, particulièrement forte et républicaine, à la célébration de l’an 58 de son pays.
Bien que comparaison ne soit pas raison, la hauteur prise par Ado n’est pas sans questionner l’attitude immature et désinvolte de l’enfant-roi et illégitime Boa qui, par deux fois (2009 et 2016), a déjà endeuillé le Gabon en prenant le pouvoir par les armes sous les regards béats de la Communauté internationale, mais grâce à la couverture diplomatique de la France qui empêche, au nom des intérêts français au Gabon, l’aboutissement de l’alternance et des procédures judiciaires et politiques internationales contre la junte (CPI, sanctions de l’UE).
Dans cet élan, Boa, qui sait mieux que quiconque, que l’attaque au QG de Jean Ping et à Port-Gentil, avec des fosses communes dissimulées ici et là a laissé un pays profondément et à jamais contre lui, se refuse à tout véritable apaisement. Il a orchestré un dialogue politique en 2017 sans l’observation de l’UE et de l’Onu et sans Jean Ping, il ne partage vraiment pas le pouvoir… A cela s’ajoute la poursuite d’arrestations, d’enlèvements, de tortures, voire de disparitions ou d’exils d’activistes politiques. Les cas sont là : Amieng Whashington, Pascal Oyougou, Frédéric Massavala, Bertrand Zibi, Hervé Mombo Kinga, etc. Le harcèlement judiciaire est en marche parallèlement contre les membres de la société civile (syndicalistes, ONG) libre et les responsables politiques de l’opposition.
Au sortir de son monologue d’Angondjé, aucun geste fort de réconciliation nationale n’a été entrepris : commission d’enquête indépendante sur les violences post-électorales de 2016, indemnisation des victimes survivantes ou leurs familles, amnistie, etc. On pourra faire des reproches au régime d’Ado (notamment le fait que seul le clan Gbagbo est à la CPI et non lui-même ou ses lieutenants comme Guillaume Soro), mais il peut, ne fût-ce que par la forme, se targuer d’avoir au moins mis en place, dès 2011, la commission dialogue-vérité-réconciliation (CDVR), la commission spéciale d’enquête en 2011, puis la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv) en 2015. Des initiatives qu’il a engagées dans le but de faire éclater la vérité, d’apporter le réconfort de la Nation aux victimes et de guérir son pays de cette tragique crise.
Mais, au Gabon, l’enfant-roi s’enfonce dans l’arrogance, le mépris de l’opposition et s’attaque aux Gabonais en menaçant leur bout de pain (salaires des fonctionnaires) tout en se foutant de ceux qui sont au chômage ou licenciés. Par dessus tout, il dilapide l’argent du pays avec sa « légion étrangère ».