Pour marquer la campagne de sensibilisation sur la déclaration des biens, obligation légale qui pèse sur les dépositaires de l’autorité de l’Etat à leur entrée en fonction et à leur sortie, le PM de la junte, Julien Nkoghe Bekale a lancé, le 11 novembre 2019 à Libreville, une action de communication politique en allant transmettre, avec un large sourire, à la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) sa déclaration accompagné de caméras et de journalistes. Pour quel contenu véritablement ?
En effet, les bouts de papier que Nkoghe Bekale a déposés à la CNLCEI ont quelle véritable valeur politique et financière ? Si le notable de Ntoum voulait vraiment jouer la carte de la transparence, il aurait, depuis son entrée en fonction en janvier 2019, fait cette déclaration des biens. Pour se donner une bonne image auprès des bailleurs de fonds qui ne sont pas dupes non plus face à de telles supercheries, il est passé déposer ce que bon lui a plu de déclarer. Quelle est la valeur de son patrimoine ? Ses comptes bancaires au Gabon et à l’étranger ont il étés déclarés avec les justificatifs des montants disponibles ? Peut-il justifier sa richesse ? Ancien ministre du Pétrole, on raconte dans les couloirs de la primature que l’homme aurait un regard particulier et bienveillant sur l’actuel patron de l’or noir, Noël Mboumba. Ne dites surtout pas qu’à la commande, des colis (à l’odeur illicite ?) partiraient du département pétrole pour la primature. Les deux entités étant logées à l’immeuble dit du pétrole…
Où sont partis les 20 milliards du pétrole du peuple gabonais ?
Entre 2009 et 2011, quand il était un « puissant » ministre des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures sous son mentor politique Paul Biyoghe Mba comme Premier ministre, Nkoghe Bekale avait été épinglé, si l’on en croit nos confrères de La Griffe et un rapport de la Cour des comptes, dans un détournement de 20 milliards de Fcfa. Bien entendu, il n’avait pas détourné tout cet argent seul. Selon le rapport de la Cour des comptes, c’est en vertu du décret n° 00518/PR du 06 août 2002, autorisant l’affectation de 5 % des recettes minières et des produits pétroliers à la présidence de la République, que ces 20 milliards avaient été détournés. Or, soulignait Gilbert Ngoulakia (indéracinable président de la Cour des comptes) dans son rapport : « Ledit décret n’est pas conforme aux normes régissant les textes légaux et réglementaires. Par ailleurs, la constitution de fonds politiques ne se fait pas par décret, mais par un processus législatif ». Pire, avait révélé la Cour des comptes dans ce rapport pour bien accabler et enfoncer l’actuel PM : « le décret en cause n’a pas été publié et ne comporte pas toutes les signatures habilitées, notamment celle du ministère des Finances ». En clair, cet argent avait été « partagé » entre lui, Nkoghe Bekale, et le cabinet du président de la République selon une clé de répartition dont lui seul peut donner des explications aujourd’hui.
Comment un tel personnage qui, par la passé, n’a jamais fait montre de loyauté envers la Constitution et les lois de la République, peut-il aujourd’hui faire croire qu’il serait devenu « honnête » en déclarant, 10 mois après son entrée en fonction, ses biens ?, Lesquels précisément ? C’est le juge Julien Nkoghe Bekale qui se souviendrait de la loi aujourd’hui pour déclarer : « En tant que premier responsable de l’administration, il est de mon devoir de montrer l’exemple. Ainsi, j’ai procédé ce jour à ma déclaration de biens auprès de la CNLCEI. Nous avons l’obligation de rendre compte au peuple que nous servons ».
Ne riez pas, même si ce monsieur a vraiment le sens de l’humour ! Drôle de manière de servir le peuple gabonais qui croupit dans la misère et l’injustice dans lesquelles la gouvernance du régime actuel les plaque et dont Julien est largement comptable et responsable… Mais c’est parfois bon que nos hommes politiques animent le village en faisant du tapage médiatique. Au moins ça nous permet d’oublier un tant soit peu nos soucis quotidiens.