Algérie – Soudan : en un mois, deux dictateurs arabes africains viennent d’être pourchassés, emportés par le vent de contestation populaire de leur propre peuple, ceci sans coup de feu et sans effusion de sang.
Abdelaziz Bouteflika d’Algérie et le Soudanais Omar el-Béchir ont été contraints de quitter le pouvoir par la pression de la rue, autrement dit de leur propre peuple.
Bouteflika, 82 ans, dirigeait l’Algérie depuis 1999. Et el-Béchir, 75 ans, était à la tête du Soudan depuis 1989. L’un et l’autre n’envisageaient pas de quitter le pouvoir maintenant. Et pourtant, pour le premier, cloué dans une chaise roulante par un AVC, il n’avait plus les capacités physiques et mentales pour présider aux destinées de son pays. Mais il tenait quand même à s’éterniser au pouvoir, agrippé au fauteuil présidentiel.
Pour le second, c’est en voulant tripler le prix du pain qu’il a creusé sa tombe politique, car il n’en fallait pas plus pour que le peuple descende dans la rue. Des mois durant, il demandait le départ du dictateur. Et, enfin, le dictateur est tombé hier comme un fruit mûr… Même si personne ne peut nier que la main de l’Occident est derrière et qu’elle a tout fait pour motiver les contestataires, particulièrement au Soudan où la bouille d’Omar el-Béchir irritait les Américains, il faut convenir que lui et son régime ont prêté le flan.
Les dictateurs dans le monde et particulièrement au Gabon doivent savoir qu’être à la tête d’un pays, c’est d’abord un sacerdoce. On est là avant tout pour servir le peuple et non pour l’écraser tout en jouissant paisiblement des richesses du pays. Cela marche toujours un temps, mais pas tout le temps, surtout à un moment où le peuple, mortifié par des années de corvée, d’humiliation et d’oppression, finit inexorablement par se révolter. Bien souvent aussi, l’oppresseur réussit à étouffer la révolte par la violence aveugle en versant dans le tout répressif comme c’est le cas au Gabon où, depuis lundi dernier, nos enfants sont gazés, poursuivis dans les rues par des policiers aux ordres qui se livrent à des actes de torture et des brimades sur des gamins qui ont l’âge de leurs propres enfants. Mais, on le sait, en dictature, il n’y a ni pitié, ni compassion, ni attention, même pas pour des enfants. Surtout s’ils sont impétueux, décidés et insouciants du danger.
Nos enfants ont décidé de marcher pour refuser une mesure inique, amorale et immorale à l’image du régime dictatorial de Libreville. Naïvement ils se sont dit qu’à force de marcher, ils finiront certainement par faire marcher les choses en leur faveur. Le régime a sorti ses outils de douleur, ses chiens de chasse pour mordre et causer la douleur à nos enfants, oubliant qu’il n’y a pas de douleur plus grande que l’ignorance, la souffrance et la médiocrité dont font d’ailleurs montre certains de ces policiers qui ont jeté la honte aux chiens.
Un jour viendra, et il n’est plus loin, où le peuple fera réellement corps avec son armée. Et ce jour-là…