Il y a quelques jours, on a démissionné Eugène Mba, le maire de la commune de Libreville pour la même vraie ou fausse raison de détournement de fonds que son prédécesseur Léandre Nzuè. Tous deux, membres du PDG, avaient été élus à une très large majorité comme il est de coutume au PDG. Mais pour une fois, il faut le souligner, parce que c’est inhabituel, un responsable PDGiste a été réputé honnête par de nombreux citoyens gabonais de toutes les appartenances politiques. Le brouhaha soulevé par cette inique décision du Conseil municipal commence à diminuer.
De mémoire de Gabonais, l’on avait rarement vécu des situations aussi déplorables que celles qui apparaissent ici et là dans le fonctionnement des institutions administratives du Gabon. Des élus dont les mandats sont écourtés par des décisions politico-administratives, des magistrats traités de corrompus et d’incompétents par leur hiérarchie, des directeurs de cabinet présidentiel et des membres du gouvernement qui sont emprisonnés pour détournement des deniers publics, des soldats qui tirent à balles réelles sur les civils aux mains nues, des projets annoncés haut et fort puis abandonnés et/ou sans un début d’exécution, des élections présidentielles truquées qui portent au pouvoir le perdant du scrutin avec la complicité de l’institution en charge de la justice électorale et des puissances étrangères, un dirigeant étatique gravement malade qui s’accroche au pouvoir avec la dernière énergie. Ce sont autant de faits avérés qui font du Gabon un pays atypique et qui l’éloignent des standards, des règles et des valeurs qui caractérisent les États dits modernes, membres de la célébrissime Communauté internationale qui se réclame d’être composée des Etats républicains souverains, démocratiques et de droit. Sous les coups des butors émergents et leurs comparses, la société gabonaise, déjà fragile et désarticulée, sombre et va à vau-l’eau en laissant indifférents les agents et les acteurs de la Communauté internationale dont les organismes de financement continuent à accorder des fonds à une équipe ministérielle dont la gouvernance est un échec patent et irréversible et qui, pour ne pas déclarer la banqueroute, recourt à toutes sortes de subterfuges en continuant à mobiliser les ressources tant au niveau continental qu’international.
Malgré cet endettement effréné, aucun projet programmé n’a été exécuté. Deux parmi ceux qui ont connu une grande publicité sont aussi les plus démonstratifs de la démagogie et de l’incohérence politique du régime PDG-émergent. D’abord, la démolition précipitée de la Cité de la démocratie, ce beau et robuste complexe architectural, pour faire place à la construction d’un terrain de golf qui n’a jamais débuté et qui a privé la capitale du pays d’une salle de conférences. Il y a ensuite le projet de « la baie des rois » qui raconte toute la honte du pays. En effet, dans la majorité des villes côtières, le bord de mer est sa vitrine. On y passe à pied et en voiture avec le plaisir de regarder à perte de vue l’étendue d’eau en contemplant au crépuscule du jour les dernières lueurs du soleil couchant. Aussi, c’est avec goût et raffinement que les Etats soucieux du bien-être de leurs populations aménagent leur front de mer pour offrir aux habitants la jouissance d’un pan de la beauté divine. L’Estuaire du Gabon mérite un meilleur traitement que ce navrant tableau que les gouvernements imposent à la multitude depuis des années. Quel message reçoivent les étrangers qui arrivent pour la première fois ou pas à Libreville et longeant le bord de mer ? En particulier la partie qui s’étend de la Fondation Jeanne Ebori jusqu’au riquiqui siège de la compagnie Air France. Sur ce tronçon, la vue sur la mer est obstruée par une barrière de tôles sales qui étaient supposées protéger le futuriste chantier de la baie des rois et qui jaunissent sans choquer et attirer l’attention des gouvernants qui y passent, mais celle des simples gens. Quant à l’amas de sable qui a été déversé en ce lieu, il a donné naissance, derrière ces tôles, à une belle verdure luxuriante entrecoupée de jolis arbustes. Il est temps que le gouvernement libère la vue sur la mer et la Pointe-Denis, à cette place pour permettre aux citoyens, surtout aux personnes âgées, de jouir pendant quelques temps encore de l’un des sublimes et merveilleux spectacles de leur jeunesse quand ils passaient de longs moments à regarder le soleil descendre à l’horizon en donnant l’impression de sombrer lentement dans l’eau.
Mesdames, Messieurs, chers compatriotes membres du gouvernement,
S’il vous plaît, puisque ce projet semble abandonné, il serait judicieux d’enlever les tôles qui sont en train de prendre la rouille au bord de mer en avilissant cet espace. Il faut dégager le sable qui a été déposé à cet endroit ou alors, comme nous l’avons déjà suggéré, créez un circuit de promenade pour marcheurs et sportifs amateurs…
Grâce au talent et au génie des experts informaticiens et esthéticiens, Ali Bongo est dernièrement apparu transformé et rayonnant, mais visiblement affaibli par la maladie. Les cameramen ne n’ont pas montré Ali à sa descente du véhicule à son arrivée à l’Assemblée nationale, ni à sa montée sur l’estrade et pas plus qu’à sa descente et à son retour. Cependant, il occupe toujours le fauteuil de chef d’Etat sans pour autant exercer la fonction présidentielle. Se pose alors la question de savoir si c’est réellement Ali Bongo qui a initié et conduit, sans la caution des Gabonais, le projet de « l’entrée du Gabon à la hussarde dans le Commonwealth » et engagé le rapprochement avec la Russie. Le silence, le calme et l’attitude des Gabonaises et des Gabonais francophiles face à ces entreprises sont éloquents et traduisent un sentiment fait à la fois d’incompréhension, de doute, d’indifférence, d’indécence et de pudeur. Les démocrates patriotes gabonais doivent se mobiliser pour engager le peuple dans une voie qui ne devrait plus les conduire vers une nouvelle forme de domination politique, de spoliation de leurs richesses ou vers une dangereuse étape faite de violence et de haine.
Guy Nang Bekale