Le département de l’Okano est le troisième département du Woleu-Ntem après le Woleu (Oyem) et le Ntem (Bitam). Ce classement se justifie peut-être par le nombre d’habitants, mais sur les plans stratégique et économique, le département de l’Okano semble être le plus important dans le Woleu-Ntem et l’un des mieux dotés au Gabon. Cependant, s’il joue un rôle majeur économiquement et stratégiquement, il est, cependant, négligé sur le plan politique.
En effet, de Léon Mba, Omar Bongo, Ali Bongo à Oligui Nguema aujourd’hui, aucun président n’a accordé une attention politique particulière au département de l’Okano au pro rata de son poids économique, politique et stratégique. Conséquence, il est identifié comme l’une des bases fortes de l’opposition au Gabon.
Sur le plan économique, le département de l’Okano est l’une des localités qui ont fait la prospérité de Rougier Gabon depuis 1957 au moment où le bois était la première richesse de notre pays. Aujourd’hui, on dénombre dans l’Okano :
– 20 sociétés forestières et plusieurs unités de transformation du bois ;
– la filière principale de Siat (ex-Hévégab) avec une usine de transformation du latex en caoutchouc naturel ;
– une activité d’exploitation d’or et de diamants ;
– une grande activité agricole soutenue (ananas des villages Belleville et Douala).
Sur le plan politique, l’Okano rappelle le congrès international fang (Unifang) de Mitzic en 1947. Mais l’Okano a également déversé sur le marché politique, aussi bien lors du monopartisme que du multipartisme, des cadres compétents et de haut vol qui ont participé à écrire positivement les pages de l’histoire du Gabon…
Sur le plan stratégique, le département de l’Okano est la principale porte d’entrée (La lara et Sam) vers d’autres provinces du Gabon à partir du nord. Le projet de route transafricaine traverse obligatoirement le département de l’Okano qui dispose également des chutes Fe2 dans lesquelles sera érigé le barrage hydro-électrique qui devrait alimenter le Woleu-Ntem et certaines régions des pays environnants. De par sa situation géographique, le département de l’Okano est l’unique canal qu’empruntent les flots de marchandises en provenance du Cameroun et de la Guinée Équatoriale à destination de Libreville, Makokou, Booué, Ndjolé, Lambaréné, Port-Gentil. De même, le ravitaillement de certains produits au Cameroun et en Guinée Équatoriale en provenance du Gabon, passe inévitablement par Mitzic.
De ce fait, le département de l’Okano, par sa localisation géographique particulière (centre du pays fang, de Yaoundé à Libreville et de Malabo à Ouesso, d’où la tenue du congrès Unifang en 1947), Mitzic a toujours joué un rôle historique non négligeable dans la culture, dans l’éducation et la formation au Gabon et dans le rayonnement militaire de la France en Afrique centrale entre 1914 et 1918 (le seul camp militaire français dans le Woleu-Ntem se trouvait à Mitzic).
Cependant, au regard d’un tel poids économique, politique et stratégique, Mitzic a toujours été politiquement pauvre. Malgré la présence de nombreux cadres suffisamment bien formés, aucun pouvoir politique au Gabon n’a jamais élevé des ressortissants de l’Okano durablement à des responsabilités élevées. En dehors d’Omar Bongo qui fit de Jean Baptiste Ngomo Obiang ministre de la Jeunesse et des Sports, tous ceux qui ont été appelés au gouvernement n’ont été que des demi-ministres (ministres délégués). C’est le cas de Eyang Ntoutoume Gisèle Laure, Assengone Obame Françoise, Mvé Nkoghe Louis Philippe, Gwodog Crépin, Dr Ndoutoume Ngome Jonathan et Eyeghe Nze Emmanuel. C’est quoi cette malédiction ?
Pire encore, depuis le début de la transition, le département de l’Okano a vu certains de ses fils être débarqués du peu de positions qu’ils occupaient dans la haute administration. C’est ainsi que Crépin Gwodog a été évincé de la direction générale de la SCGRE, Pénafort Mintsa a été viré de la direction générale des marchés publics et Aboubacar Minko-mi-Nseme vient de perdre son poste d’ambassadeur du Gabon au Maroc.
Qu’est-ce qui bien justifier cette marginalisation, l’Okano disposant encore de cadres compétents qui ne demandent qu’à exceller comme les autres à un niveau suffisamment élevé de l’Etat ? Le Gl Oligui devrait y songer afin de remédier à cette humiliante injustice.
il y a quelle injustice franchement. Pensez Gabon d’abord et non Okano d’abord. La géopolitique nous a tellement retarder dans ce pays. Chacun veut le bien de son village, sa région, sa famille au lieu de vouloir du bien du pays tout entier.