Dans sa déclaration de politique générale lue à l’Assemblée nationale le 28 février dernier, Nkoghe Bekale a martelé que dans la feuille de route qu’Ali Bongo lui a confiée, il va poursuivre et systématiser le gel des recrutements des jeunes à la fonction publique. En clair, Boa, même diminué par la maladie, s’attaque toujours aux jeunes Gabonais pour les réduire à vie au chômage, à la pauvreté et à la misère avec, en ligne de mire, la suppression des bourses.
Pour Boa, les économies à faire pour rembourser les dettes extérieures qui l’ont enrichi, lui et ses amis politiciens et entrepreneurs, c’est sur le dos de la jeunesse gabonaise qu’il va les faire. Une politique dure qui augure un soulèvement populaire des jeunes dans les semaines à venir.
Les jeunes visés par Ali Bongo
Selon le rapport du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), daté de 2015, sur la croissance et l’emploi au Gabon, la population gabonaise est relativement jeune. Presque de 60 % de la population a moins de 25 ans et l’âge moyen des Gabonais est de 24 ans. Autrement dit, la société gabonaise est actuelle jeune majoritairement. Que fait le régime Bongo-PDG de ces jeunes ? Si, entre 2010 et 2014, la proportion des bourses avait considérablement augmenté, il faut dire que cela était une évolution constructive, un investissement dans la formation des jeunes, leur avenir.
Mais tous ces jeunes qui ont eu ces bourses d’études et qui sont ou ont terminé leur formation à l’UOB, à l’ENS, à l’Enset, à l’USS, à l’USTM, dans les écoles supérieures privées et les centres de formation de l’Etat et du privé sont destinés à quoi finalement ? Si, d’un côté, on comprend que la masse salariale prend des proportions inquiétantes (70 milliards de Fcfa/mois), de l’autre côté, le gel radical des recrutements est-il une solution politique responsable et durable ? Pas si sûr.
Evalué à 18 % lors du recensement général de la population de 1993, le taux de chômage au Gabon, au sens du Bureau international du travail (BIT), a été estimé par l’Enquête nationale sur l’emploi et le chômage (Enec) à 20,4 % en 2010 et le taux de chômage élargi (incluant les « chômeurs découragés »), à 27,6 %. Cette étude du Pnud a noté que le chômage augmente environ de 5 points au Gabon sur de courtes périodes en cas de crise. Ce qui est le cas depuis 2015.
Donc, avec les licenciements dans le secteur pétrolier, le BTP, les services, licenciements dus à la baisse d’activité, le chômage des jeunes frôle les 35 % actuellement. Le taux de chômage est presqu’aussi élevé en milieu urbain (environ 21 %) qu’en milieu rural (19 %). Cependant, en relation avec la forte urbanisation du Gabon, la grande masse des chômeurs (9/10) se trouve dans les villes, principalement dans les deux grands bassins d’emplois que sont Libreville et Port-Gentil où les taux de chômage sont respectivement de 21,2 % et 14,3 %. Le niveau élevé du chômage en milieu urbain et la proportion des chômeurs découragés renseignent sur le potentiel de main-d’œuvre non employée et la nécessité de mettre en œuvre des mesures pour augmenter leur employabilité. Les provinces de l’Estuaire (hors Libreville), du Moyen-Ogooué et de l’Ogooué-Ivindo sont les plus affectées par le chômage avec des taux respectifs de 28,5 % (les deux premières) et 23,5 %. Comment ces jeunes vivent-ils dans l’arrière-pays ? Avec de telles statistiques accablantes, Nkoghe Bekale est-il un chef politique vraiment responsable ?