Tristement coutumier du fait ces derniers temps, le football gabonais a encore fait son buzz avec le scandale de harcèlement sexuel, d’attouchements et des viols, survenu au sein de la sélection nationale féminine de football de moins de 20 ans lors de son déplacement au Maroc, puis en France où elle participait à la Sud Ladies Cup à Marseille, en France, du 8 au 18 mai 2019 dernier.
Nos U20 sont rentrées d’un tournoi qui se jouait à Marseille avec, dans leurs bagages, cinq défaites en autant de matches et un peu plus de 40 buts encaissés. De prime abord, on pouvait être tenté de justifier cette humiliation uniquement par un manque d’expérience lié à l’absence d’un championnat structuré. Pourtant, derrière cette déculottée (aux sens propre et figuré) se cachait un véritable scandale, en marge du kevagate, celui de harcèlement sexuel, d’attouchements et de viols au sein de cette sélection féminine de football. Une dérive jugée très grave où, dit-on, certains membres des staffs technique et administratif pourraient être mêlés et pour laquelle le ministre en charge des Sports, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dans une communication officielle, dit avoir « saisi le procureur de la République pour l’ouverture d’une enquête qui pourrait aboutir, si les faits sont établis, à des poursuites judiciaires contre les auteurs présumés ».
Malédiction ou juste une mauvaise passe pour le sport-roi chez nous ?
La question mérite d’être posée au regard de l’ambiance qui entoure le football gabonais depuis plusieurs mois déjà, voire des années. Les férus du football gabonais ont encore en mémoire l’élimination de leur équipe nationale ‘A’ de la coupe d’Afrique des nations qui se tiendra très prochainement en Egypte du 21 juin au 29 juillet, avec 24 participants. Une lamentable élimination, presque programmée, précédée de plusieurs scandales : l’avion boudé par les joueurs qui allaient affronter le Soudan du sud à Juba, Maganga Moussavou éconduit des vestiaires des Panthères, un affront mal digéré par l’ancien vice-président, l’épisode de l’absence de contrat de travail et des arriérés de salaire de Daniel Cousin…, etc. Et l’élimination, le 23 mars dernier à Bujumbura, à l’issue du match retour contre le Burundi de l’équipe nationale suivie de sa dissolution par la tutelle.
C’est avec tous ces souvenirs encore vivaces dans les esprits des Gabonais que des familles ont appris, le 24 mai dernier, l’existence de prédateurs sexuels rôdant autour de leurs adolescentes de moins de 20 ans confiées à la sélection nationale de football pour porter haut les couleurs de notre pays le Gabon. Aujourd’hui, le football gabonais est plus médiatisé pour ses multiples scandales, généralement liés aux mœurs et à la cupidité, que pour ses succès. Une sorte de malédiction, pourrait-on croire.
‘’Impunité zéro’’ ?
Certes, ces déclarations du ministre des Sports se veulent rassurantes : « … Nous avons pris l’engagement d’apporter des réformes dans le sport afin qu’il demeure un facteur d’épanouissement, de cohésion et d’unité de la Nation. Les comportements déviants, tels que le harcèlement sexuel, la violence psychologique et les pressions de toutes natures ne peuvent y prospérer. La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur ».
Pourtant, les parents attendent et espèrent, en effet, que cette loi sera appliquée avec toute la rigueur nécessaire. Car si ces pratiques se sont toujours situées dans la sphère de la simple rumeur et soupçon, leur mise à nu aujourd’hui trahit une pratique bien courante dans les milieux sportifs nationaux. Elles trahissent également le rôle nocif que ces fossoyeurs du sport au Gabon ont toujours joué. Cupides et immoraux, ils apparaissent clairement comme les véritables causes des échecs que connaissent nos différentes sélections sportives, échecs qu’ils s’empressent d’imputer trop facilement aux seuls athlètes qui, eux, ne demandent qu’à évoluer dans des cadres et des conditions répondant aux standards internationaux.
Quant à la justice, attendons qu’elle vienne démentir les pessimistes qui soutiennent qu’il n’arrivera rien à ces coupables pédophiles et violeurs…