Les infos circulaient sous cape, tant le cousin de Brice Clotaire Oligui, nommé Administrateur directeur-général (ADG) de la Caisse de dépôt et de consignation (CDC), inspire la crainte dans la maison. Il aura fallu que le journal Echos du Nord (désormais en ligne), dans sa dernière parution, lève un pan du voile de la gestion de la CDC par le sémillant Marius Nkori. « Primes indues, non-respect des procédures et des dispositions statutaires, népotisme, etc. ». Visiblement, il y a à boire et à manger à la CDC.
Décidément le népotisme, le clientélisme et la gestion peu orthodoxe observée depuis des années au sein de l’administration publique gabonaise ont encore de beaux jours devant eux malgré la volonté affichée par les nouvelles autorités, en tête desquelles le général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, de les combattre. La preuve est au sein de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) où le nouvel Administrateur directeur général (ADG), Marius Nkori, s’illustrerait par des pratiques pour le moins discutables et qui mettraient en danger le fonctionnement de cette institution financière.
Ainsi peut-on lire dans la dernière parution d’Echos du Nord que « le nouvel Administrateur directeur général (ADG), Marius Nkori, multiplie les dérives au sein de cette structure qui, de l’avis de certaines sources internes, est en situation financière délicate. Premier exemple, l’octroi d’une prime exceptionnelle au personnel en mai dernier, faisant suite à la célébration du 1er mai… Mais à y regarder de plus près, l’objet de cette prime reste à ce jour un « total mystère ».
Nommé à l’issue du Conseil des ministres du 07 février 2024, ce titulaire d’une maîtrise en ingénierie financière, obtenue au Maroc, serait donc au cœur d’un véritable scandale au sein de la CDC depuis sa prise de fonction. S’il avait obtenu au forceps la confiance des plus hautes autorités, en tête desquelles son cousin, le président de la transition, le général Brice Oligui Nguema, ce dernier se distinguerait par des agissements à rebrousse-poil de l’orthodoxie financière que commande sa fonction, mais surtout par des pratiques qui rappellent les heures sombres de l’ancien régime Bongo-PDG, notamment la gestion administrative de l’institution.
Si l’on s’en tient aux informations dont on dispose, depuis l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante, au moins une dizaine de recrutements ont été effectués au sein de la CDC sans aucun suivi des procédures mises en place en la matière. Résultat des courses, une augmentation des effectifs sur fond de népotisme avec « des recrutements qui se font sur la base de la filiation ». « Une hausse non négligeable de la masse salariale puisque bon nombre de ces agents ont des salaires exorbitants », peut-on lire dans Echos du Nord.
Et ce n’est pas tout. En effet, de « l’indiscipline budgétaire au népotisme » reprochés à l’ADG, il se dit aussi que « quatre mois après sa nomination, Marius Nkori ne présente toujours pas de plan stratégique sur au moins trois ans qui intègre les éléments du Plan national de développement pour la transition (PNDT) malgré les nombreuses demandes formulées par l’Assemblée nationale, le CA et les commissaires aux comptes. A contrario, ce dernier ne ménage aucun effort pour effectuer des placements de fonds de tiers de l’ordre de 30 milliards de Fcfa dans des établissements de crédit ou bancaires à hauts risques.
Autant le dire des dépôts à la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (Bicig) au sein de laquelle il a longtemps été employé, le tout sans l’aval des responsables du service concerné à la CDC ».
Alors que le contexte économique du pays exige une rigueur et une transparence plus accrues, l’ADG, selon des sources bien introduites au sein de la CDC, se serait rendu coupable de plusieurs irrégularités durant le premier semestre 2024. Au nombre des griefs faits à l’ancien directeur de la trésorerie de la Bicig, l’octroi de primes exceptionnelles au personnel de l’ordre d’un million de Fcfa par agent. Avec un effectif avoisinant la centaine d’employés, c’est près de 100 millions de francs cfa qui auraient été distribués sans qu’une performance particulière ne le justifie et ce « alors que le résultat net de l’institution s’est avéré déficitaire pour l’exercice clos au 31 décembre 2022 et les comptes, au 31 décembre 2023, n’auraient pas encore été arrêtés à date et que plusieurs opérations engagées par l’État pourraient durablement obérer la trésorerie de l’institution », confie un syndicaliste sous anonymat.
En français facile, on comprend que, s’inscrivant, semble-t-il, dans la tradition du népotisme qui gangrène l’administration publique, Marius Nkori aurait entrepris des recrutements pour le moins discutables en totale violation des procédures encadrant ce type d’opération, surtout qu’un aucun plan d’action n’énonce avec pertinence de tels agissements. Entre la non-mise en concurrence des profils transmis par la direction générale, l’absence de documents dans les dossiers des postulants, l’inexpérience avérée, octroi de rémunérations exorbitantes en inadéquation avec les profils des candidats, ces recrutements auraient un impact indéniable sur le fonctionnement régulier de la caisse, ce alors que les autorités envisageraient même un plan de restructuration et, potentiellement, un plan social partiel.
Ce cousin d’Oligui affectionne la dolce vita
Il lui est aussi reproché une « gestion peu orthodoxe », notamment son appétit gargantuesque pour les « cigares, champagnes et voyages aux grands frais de la caisse ». Enclin à un train de vie princier, l’ADG de la CDC se distingue, « selon des sources internes, par son appétit vorace pour les voyages aux frais de l’institution malgré le fait qu’elle est en situation financière instable. A ce titre, pas moins de cinq missions, élargies à l’international, en trois mois ont été effectuées. En totale contradiction avec la stratégie de son prédécesseur qui ne comptait qu’une seule mission durant tout son magistère, soit cinq ans. Entre primes indues, non-respect des procédures et des dispositions statutaires, népotisme et placements financiers douteux, le nouvel homme fort de la CDC, par ailleurs cousin du président de la transition, ne semble pas encore disposé à faire rayonner l’institution qu’il dirige. Toute chose qui devrait interpeller sa tutelle ».
Silence, on restaure l’opulence à la CDC. Bon appétit, cousin !
Laurent Lekogo