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Gabon/Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) : Interpellations à géométrie variable

Les Aurélien Mintsa, Mays Mouissi Kinga, Ali Akbar Onanga Y’Obegue et autres dirigeants d’entreprises publiques actuellement dans le collimateur de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) et dans les mailles du filet de la justice sont arrivés hier hier aux affaires comme on dit trivialement au quartier. Et c’est eux que la CNLCEI appelle aujourd’hui à aller justifier l’origine de leurs présumées scandaleuses fortunes. Et les autres ?

Sans être l’avocat (du diable ?) des précités, on aurait presqu’envie de rire de cette démarche si ce n’étaient pas des affaires de gros sous de la République. Au cours d’une émission à la 1ère chaîne publique de télévision gabonaise, des journalistes s’étaient amusés à confabuler insidieusement sur l’origine de la richesse de M. Zacharie Myboto. Ce dernier, passablement agacé et à la limite de l’énervement, leur avait rétorqué, presque vociféré, « …j’ai travaillé, messieurs… ». On avait compris.
Il est juste et bon que la CNLCEI traque les fossoyeurs des biens de la République, quels qu’ils soient. S’ils sont bien acquis, il n’y a pas de raison que leurs détenteurs craignent quoi que ce soit d’une justice qui, de toute façon, est à leurs ordres. Ils pourront toujours, eux aussi, se prévaloir de ou d’avoir travaillé et que leurs énormes émoluments justifient l’immensité de leurs biens. Ce qu’il y a à regretter ici est que des détournements se font sous l’ère du CTRI qui se vante d’être venu pou éradiquer ces tares. Hélas !
Donc, l’actuelle démarche contre les présumés nouveaux riches, soupçonnés d’avoir mis la main dans le pot de confiture, pèche, malheureusement, aux niveaux du timing et des cibles visées. On constate, sans forcément le regretter, que la CNLCEI se met soudainement en branle toujours après que le supposé suspect d’enrichissement illicite ait porté une voix discordante de celle du CTRI. Et, étrangement, ceux qui sont dans le collimateur de la CNLCEI sont pratiquement les tenants actuels du pouvoir.
Il est de notoriété nationale, voire internationale, qu’au Gabon, depuis le règne d’Obo, la corruption et l’enrichissement illicite étaient le credo des gouvernants de cette époque. « …nous volions avec des pelles, eux ils volent avec des tractopelles… », aurait même avoué, publiquement, un baron de cette ère omarienne qui se pavane tranquillement au Gabon et à l’extérieur sans être ni inquiet ni inquiété. Et il n’est pas le seul. Ils sont là, connus de tous et de la CNLCEI, et même au sein du CTRI, il y en a qui sont devenus dodus grâce à la dolce vita dont ils font étalage au quotidien.
Comme dit supra, on ne défend pas des (supposés) voleurs, mais on aurait bien aimé que la CNLCEI explique comment des gens, nés sur les bords de la Moukalaba, de l’Ivindo, de la Mpassa, de la Sébé-Bricolo, de la Bouenguidi, de la Ngounié, du Ntem, de Mougotsi…se retrouvent sur les bords du Komo avec des terrains ancestraux grands comme dix stades de football. Comment des gens, même ministres pendant vingt ans, se retrouvent propriétaires de presque tout le patrimoine immobilier de l’Etat qui leur verse de colossaux loyers ?
C’est de cela qu’il s’agit à l’ère de la restauration des valeurs prônée par le CTRI. S’il est normal d’épingler aujourd’hui de supposés prédateurs des biens de l’Etat, il serait aussi de bon ton de le faire pour tous leurs devanciers. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux et bien plus insolemment opulents que les petits poissons qu’on tente d’exhiber là. Et Dieu seul sait s’ils étaient des hommes qu’il faut à la place qu’il faut pour mériter pareilles largesses et, pire, de voler encore l’argent de tous les contribuables.

Hippolyte Bitegue

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