Depuis qu’il a usurpé le pouvoir en 2016, l’enfant-roi nous a habitués à des slogans politiques creux, aux maquettes et au mensonge. Malheureusement, il se trouve encore dans ce pays certains excités qui pensent, comme Franck Nguema, que si le Gabon ne décolle pas pour aller dans le bon sens, ce n’est pas la faute de l’autocrate émergent, mais bien celle des membres de ses multiples gouvernements.
Les générations d’Omar Bongo se souviennent de ses déclarations tonitruantes. Nous n’en retiendrons que deux, car elles semblent liées. La première est celle-ci : « Je suis le seul homme au monde qui peut faire de son chien un ministre et de son chat un général ». Cette animalisation des membres du gouvernement et des forces de sécurité et de défense faisait marrer quelques imbéciles heureux et pourtant, Obo prouvait à la face du monde qu’au Gabon, comme le rappelait André Dieudonné Berre Aboukou lors de son investiture à la tête de la municipalité de Libreville : « Dieu en haut, Omar Bongo Ondimba en bas ! ». A partir de là, que peuvent les Premiers ministres ou les ministres ? Léon Mebiame (ancien PM lors du Monopartisme, puisse Dieu garder son âme dans la paix !) n’avait-il pas dit : « J’étais Premier ministre, mais je n’ai jamais gouverné » ? Le pouvait-il seulement aux côtés du grand guide éclairé ?
L’autre déclaration lourde de conséquences balancée après les années 90 est celle-ci : « Je préfère faire confiance à un Bûcheron du Haut-Ogooué qu’à un pédé-giste du Woleu-Ntem ».
Cette conception tribaliste du pouvoir par Omar Bongo n’est pas loin de celle de son successeur Ali Bongo. Autant Omar Bongo a tenu le Haut-Ogooué en surfant sur la peur du Fang, de même il le méprisait en le tenant par le puissant pouvoir de l’argent et des postes. Non sans user à bon escient de la politique du « diviser pour mieux régner ». Ils sont nombreux, les compatriotes qui en ont fait les frais.
Ali Bongo, en revanche, a pour seul point commun d’avec son « père » la haine et le mépris envers les Gabonais. Il n’a jamais fait mystère de sa préfère étrangère. On ne compte plus les étrangers devenus milliardaires sous le règne de ce petit-là alors que les Gabonais croupissent dans la misère et un sous-développement innommable. Comment donc des Gabonais normalement constitués peuvent-ils venir dire que si telle localité n’est pas développée, c’est la faute du Premier ministre, du ministre ou du DG du coin parce que tel PM ou tel ministre ou encore tel DG a développé chez lui ? Les exemples souvent cités sont ceux de Doupamby, à Fougamou, Dr Paulin Obame Nguema à Kango et Manf’10 à Ndendé. A mon sens, cette conception du développement est dangereuse, car elle montre aux yeux du monde que le Gabon se développe en détail, sans vision globale et malheur aux provinces, départements, communes, quartiers et villages qui n’auront pas la chance d’avoir un PM, un ministre ou un DG d’une administration juteuse.
Au sortir de l’indépendance, Léon Mba, père de la nation, parlait du chemin de fer, du port en eau profonde de Mayumba et du Transgabonais. Malheureusement, par la suite, c’est le développement par les politiciens du coin qu’on a subi. Ce type de développement a fait mal au pays. Conséquence aujourd’hui, les politiciens de notre pays pensent être dans une télé-réalité quand ils font de petits ponts, de petits dons chaque semaine un peu partout dans le pays. Ils démontrent eux-mêmes que nos populations sont sous oxygène et chaque jour c’est des images de routes dégradées, de compatriotes transportant des cercueils sur la tête, d’autres navigant à bord de vieux congélateurs qu’on reçoit ici. Des images qui font la honte de tout un peuple, dévoilant au grand jour que nous sommes dirigés par de non-Gabonais.
Prière de nous expliquer, par exemple, pourquoi l’Estuaire mérite ce traitement. Il suffit de regarder les axes routiers Ntoum-Cocobeach, Ntoum-Donguila et Kougouleu-Medouneu, sans oublier Nkoltang-Ayeme pour pleurer. L’Estuaire aurait-il un problème avec les Bongo ?
Mais ne soyons pas jaloux, ingrats et mesquins pour avouer que le chef de l’Etat, dès son arrivée au pouvoir, a manifesté sa volonté de doter le pays d’infrastructures aux normes internationales. C’est ainsi qu’il a commencé par les universités d’Oyem, Mouila et Port-Gentil, puis il a enchaîné avec la baie des rois, le nouvel aéroport d’Andem, la Transgabonaise, une compagnie de transport aérien et, aujourd’hui, la ligne ferroviaire Port-Gentil-Libreville.
J’ai volontairement évité de parler des bassins versants et des 5 000 logements par an qui sont des acquis dont les tous les Gabonais peuvent se réjouir.
Guy Pierre Biteghe