Au moment où l’on attend, probablement vainement, l’épilogue judiciaire du litige opposant la membre du bureau politique du 3è arrondissement de Libreville Kama Dabany, au directoire, déjà amputé, des putschistes du 7 mars dernier, de nombreux militants et cadres du Parti Démocratique gabonais (PDG), se demandent où est bien passée la Commission permanente de discipline de l’ancien parti unique placée sous la présidence du camarade Dieudonné Yayi en mars 2022.
Depuis la chute du régime il y a huit mois, le parti légué par Omar Bongo Ondimba à son fils, semble apparemment livré à lui-même du point de vue de sa gestion administrative. Le mandataire légal, Luc Oyoubi, Secrétaire général adjoint 1 statutaire, donnant l’impression de prendre ses ordres ailleurs qu’au sein et avec l’encadrement des textes régissant une formation politique qui n’est pas encore dissoute.
Il en est ainsi de l’activation de la commission permanente de discipline, qui aurait dû être déployée dans le cas actuellement sous examen devant les tribunaux, de la militante de la première heure qu’a toujours été l’ex-épouse de feu Omar Bongo Ondimba.
En effet, en dépit du divorce prononcé avec l’ancien dictateur et du poids des ans sous lequel ploie maintenant l’artiste-politicienne, Joséphine Bongo, qui deviendra plus tard Patience Kama Dabany, n’a jamais fait démentir son activité, voire son activisme, au sein du PDG. L’accession de son fils au pouvoir en 2009, après sa promotion au parti en 2008, comme le seul vice- président légitimé par le congrès, du GCPF (Grand camarade président-fondateur) du PDG, n’a fait qu’ajouter à son activité et son zèle militants. Malgré les interférences et les recadrages d’une certaine Sylvie Aimée Marie valentin alias Sylvia Bongo Ondimba, alias la Veuve noire. Le dévouement de « la Mama » fut même tel, qu’elle n’a pas hésité à se fâcher avec son frère aîné, le Gl Jean-Boniface Assélé dont elle a contribué à contrecarrer, plus d’une fois, les visées à la mairie centrale de Libreville.
On peut aussi dire que c’est quelque part, sous son coaching, que Rose Christiane Ossouka Raponda a pu faire la carrière politique qui aura été la sienne jusqu’à sa déchéance fin août dernier, de ses ultimes fonctions de vice-présidente de la République.
A partir d’un tel profil, on voit dès lors la difficulté qui aura été celle des putschistes de début mars et de leurs commanditaires, non seulement de lui signifier de vive voix son exclusion du parti, mais aussi et surtout, de lui en donner les motivations. Ce qui était reproché à la mère du président déchu, sortant du champ d’application des sanctions disciplinaires actuellement disponibles dans les textes répressifs du PDG. Du reste, et selon les usages et la jurisprudence observés jusque-là à Louis, « l’indisciplinée » aurait dû être préalablement entendue, assistée d’un ou de ses conseils avant qu’on ne lui signifie de vive voix, sa sanction éventuelle qui dans tous les cas devait être graduée.
En réalité, c’est pour avoir tenu des propos outrageants et insultants contre le président de la Transition, président de la République, chef de l’Etat, le Gl Brice Clotaire Oligui Nguema, que Patience Kama Dabany a été exclue du PDG.
Certainement bien conseillée par ses avocats, l’ex-première dame n’a pas voulu se laisser impunément tondre facilement la laine. Quitte à subir directement les foudres qu’un procureur de la République, qui avait promis à l’auteur des propos publiés et largement partagés, en leur temps, sur les réseaux sociaux.
Pour autant, la procédure judiciaire tardant à avancer de ce point de vue, il reste tout-à-fait loisible aux principaux animateurs de la Commission de discipline du PDG de convoquer, éventuellement pour l’entendre et la sanctionner, l’ex-première responsable des femmes du Parti démocratique gabonais, la kounabéliste en chef. Mais Dieudonné Yayi (Président), Irène Farelle Koundé (1èreVpt), Anthony Mvoumbi (2è Vpt), aimé Ghislain Boupo (Rapporteur général), Guy Mouyouma (Rga1) et Hortense Nse-Mvie (Rga2), pourraient-ils oser ? Peu probable. Là où « les poules qui ont des dents », n’ont pas pu picorer.
Elive Sarah-Noëlle Nyanah-Mbeng