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Gabon : Un incident au CAPAL met en lumière l’urgence de la nationalisation de la pêche artisanale

Un incident survenu au Centre d’Appui à la Pêche Artisanale de Libreville (CAPAL) a récemment mis en lumière les tensions et les enjeux liés à l’approvisionnement et à la commercialisation du poisson, soulignant l’urgence d’une réappropriation nationale du secteur. Une mareyeuse gabonaise, Marie Coralie Ayigone, se serait vu interdire d’approvisionnement suite à une prise de parole jugée critique lors d’une rencontre avec les autorités.

Les faits remontent au lundi 14 juillet 2025, lors de journées de réflexions sur le secteur de la pêche artisanale, organisées à l’auditorium de l’immeuble des Eaux et Forêts. En présence de la ministre de la Pêche et de la Mer, Laurence Ndong, de Maurice Ntossui Allogo (Eaux et Forêts) et de Shaning Zenaba (Commerce), Dame Marie Coralie Ayigone avait fait un plaidoyer. Elle y exposait les difficultés rencontrées par les mareyeurs gabonais au CAPAL, notamment la difficulté de s’approvisionner directement à la pirogue et la mainmise de communautés étrangères sur le secteur.

Peu après cette intervention, une vidéo devenue virale, diffusée par Yents Kumbe, président de l’Union Gabonaise des Coopératives du CAPAL, a alerté sur l’intimidation subie par Marie Coralie Ayigone. Selon M. Kumbe, un groupe de femmes de nationalité étrangère, exerçant également au CAPAL, aurait interdit à la mareyeuse gabonaise de se voir vendre du poisson, en représailles à ses déclarations. L’incident a révélé un monopole de fait exercé par certaines communautés étrangères, accentuant les inégalités et rendant difficile le travail des commerçantes gabonaises, parfois contraintes de revendre leur poisson à des prix dérisoires sur les marchés de Libreville pour dégager une petite marge.

Interpellée par la direction du CAPAL pour faire la lumière sur cette affaire, Dame Coralie Ayigone a confirmé les pressions, bien que la direction du centre ait démenti en être à l’origine. Il semblerait que l’initiative provienne directement d’autres commerçantes, agissant peut-être à titre de représailles.

Cette situation met en exergue l’urgence de mettre en place des mécanismes efficaces pour nationaliser ce secteur. Actuellement, la majorité des acteurs sont des non-nationaux qui bénéficient de nombreux avantages, tels que des prix de place très bas (10 000 F par mois avec la glace fournie) et un accès direct à l’approvisionnement via leurs époux ou frères pêcheurs. Cette position dominante leur permet de constituer des « lobbies » et d’exercer une pression sur les commerçantes gabonaises afin de maintenir leur monopole.

La réappropriation de ce secteur est devenue plus qu’urgente, d’autant plus que le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a instruit les autorités compétentes d’œuvrer à la réappropriation de l’économie locale. Une telle mesure impacterait positivement le pouvoir d’achat des ménages et ne pourra se concrétiser que si l’ensemble du circuit de la pêche artisanale est détenu et contrôlé par les Gabonais.

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