Après Ali Bongo qui avait eu le (dés)honneur de devenir le chauffeur du footballeur argentin Lionel Messi en juillet 2015, le tour est revenu, en août 2019, à son ministre Alain Claude Bilie-By-Nze de remettre un passeport gabonais à l’acteur américain Samuel Lee Jackson, vêtu d’une simple culotte bermuda. Pitié du Gabon !
Un étrange « benga »
Que Samuel Lee Jackson ait ou pas trouvé ses vraies origines chez les Benga du Gabon n’est pas en soi un problème. C’est son affaire. Mais c’est la rapidité avec laquelle un passeport gabonais lui a été établi, tel un vulgaire papier, qui pose problème. Ensuite, là où le bât blesse, c’est de savoir que c’est en culotte bermuda que le ministre des Affaires étrangères Alain Claude Bilie-By-Nze lui a remis ce précieux et sensible document devant un parterre de responsables administratifs des AE et des journalistes. Une scène insolite qui a fait comprendre à plus d’un que ce pays est vraiment réduit à zéro par une bande de profito-situationnistes qui n’ont que f… de la dignité de l’Etat et de l’image internationale que cela renvoie du pays. Que ces autorités illégitimes veuillent faire de Samuel Jackson le promoteur de la culture ou de la nature gabonaise en faisant de lui un Gabonais n’est pas une si mauvaise idée, mais ce n’est pas une raison pour que les formes administratives et républicaines requises soient mises au sol pour cela. Sinon, on parlerait du mépris de ce pays et de son peuple. En réalité, cela témoigne de leur part d’une grande ignorance de certaines valeurs républicaines.
Si Samuel Jackson avait été appelé à la Maison Blanche par le président Donald Trump, aurait-il eu l’audace d’y aller en culote pour rencontrer son président ? Pour un pays dont il aurait formulé la demande de naturalisation, ne sait-il pas que la tenue vestimentaire est le costume, une autre tenue de ville ou un tailleur africain ? Tout ceci montre que ce type n’est pas venu pour respecter le Gabon, mais pour renforcer sa popularité et créer le buzz au « bongoland » autour de sa personne. Quel est l’impact réel de cette opération de communication à effet zéro sur notre PIB ? En plus, en quoi le ministre des AE est-il qualifié par rapport au ministre en charge de l’Intérieur et de la Justice pour remettre un passeport gabonais ordinaire, de surcroît à un acteur américain qui aurait obtenu sa nationalité par naturalisation ? Loin de toute haine ou acharnement, il y a des Gabonais qui ont la double nationalité américaine et gabonaise. Il est donc du libre choix de Jackson de devenir Gabonais. Mais il aurait pu montrer que ce pays l’intéresse en tant que pays de ses prétendus ancêtres Benga en respectant le code vestimentaire courant. En tant que « nouveau » Gabonais, ignore-t-il le décret relatif à l’habillement dans les administrations publiques ?
Un cas révélateur de plus qui révèle les instincts puérils du pouvoir actuel
Le cas Samuel Lee Jackson ne relève donc pas d’un simple oubli, mais de pratiques bananières qui ont fait irruption dans la « monarchie » gabonaise dès l’arrivée accidentelle au pouvoir d’Ali Bongo en 2009. Les Gabonais, abasourdis, assistent à du « jamais vu, mais du venez voir » depuis son arrivée au pouvoir. Les événements festifs et distrayants où l’argent du pays est dilapidé sont nombreux : Coupes d’Afrique des nations de football (1 500 milliards entre 2012 et 2017) ; course de bateaux en juillet 2012 (10 milliards de Fcfa), Carnaval de Brésiliennes nues sur le boulevard de l’indépendance devant des dignitaires de la République extasiés (5 milliards de Fcfa)… Des évènements organisés ou amenés au pays par Boa et une jeune garde illégitime uniquement assoiffée d’argent, de pouvoir et de prestige qui se f… royalement de ce pays et de son image.
Eric Morabitôm