Dénigré par Nicole Assélé, cousine de Boa, au motif qu’il porte les revendications des retraités publics et parapublics, le Syndicat des retraités des secteur privé et parapublic (Synarest) n’entend pas renoncer à sa lutte pour la sauvegarde des droits des retraités gabonais.
Prétextant appliquer la loi 6/75 portant code de la sécurité sociale, Nicole Assélé a fait basculer le paiement des retraites du mode mensuel au mode trimestriel sans prévenir ni requérir les avis des concernés. Une décision inique, cruelle et méchante qui a mis les retraités gabonais dans le désarroi total ne sachant plus à quel saint se vouer vu que, depuis des années, leur train de vie (loyer, alimentation, santé, éducation des enfants) était déjà calé au paiement mensuel de leur pension.
Les vraies fausses raisons de basculement du paiement des retraites
Dans son argumentaire, Nicole Assélé estime que, d’ici à 3 ans, la CNSS va fermer ses portes, car la structure va vers la faillite. Elle ne disposerait plus d’assez de réserves, à peine 19 milliards de Fcfa. Trimestriellement, la CNSS décaisse 32 milliards de Fcfa pour le paiement des pensions alors qu’elle n’encaisse que 28 milliards de Fcfa de cotisations. Cette situation intenable s’ajoute à celles de ses créances, près de 400 milliards de Fcfa, détenues par l’Etat et les entreprises au titre des cotisations non payées. Elle initierait, selon elle, des réformes visant à « sauver la maison ». De plus, sur le plan légal, la loi 6/75 portant code de la sécurité sociale autorise le paiement trimestriel. Des raisons, a priori, « sérieuses », mais qui tombent vite en allant de près regarder aussi bien le fonctionnement et les pratiques rétrogrades de gestion de la CNSS.
Sur le fonctionnement, les réformes attendues de la CNSS doivent précisément viser non pas à faire des rationnements ou des économies sur les droits des retraités, mais à revoir le coût de fonctionnement d’une structure qui devient plus pesante que la mission qui lui est confiée. Les effectifs, extrêmement pléthoriques, les grilles opaques de salaires dont celui de Nicole Assélé, la non-déclaration totale des pénalités infligées aux entreprises en retard de paiement de leur part patronale et des prélèvements de leurs salariés…tout cela représenterait, selon des analystes, des manques à gagner de plusieurs milliards de Fcfa, soit 30 à 40 % des réserves actuelles de la CNSS. Et ce n’est pas tout. Où va donc tout cet argent ? Qui le prend ? Cette manne alimenterait-elle le train de vie et les folles dépenses de Nicole Assélé (arbre de Noël 2017 payé à 150 millions de Fcfa, frais de mission, primes et per diem astronomiques) ?
Sur le cadre juridique, la loi 6/75 a posé des préalables et des lignes de réformes qui incluent la mobilisation des recettes par une politique solide de recouvrement (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, car de très nombreuses sociétés ne paient pas les cotisation sociales de leurs employés), l’alignement des effectifs aux stricts missions essentielles de la CNSS ou encore l’orientation des investissements et des dépenses dans le cœur de métier de la CNSS, la revalorisation des pensions de retraites, l’indemnisation du chômage, etc. Pourquoi, dans une loi aussi vaste, n’a-t-elle lu et n’a-t-elle pris qu’un point qui n’est pas, entre autres, l’élément fondamental de sauvegarde et de réforme de la CNSS dans son état actuel ? Un état que sa mauvaise gouvernance actuelle contribue encore, plus que par le passé, à aggraver. Par exemple, elle a réussi à mettre à l’écart le président du Conseil d’administration et ses collègues qui n’ont véritablement aucune connaissance de l’état des comptes de la structure.
Le 22 avril dernier, la BEAC a annoncé avoir accordé un prêt de 45 milliards de Fcfa à la CNSS pour la construction de logements sociaux et d’un super marché. Incroyable ! Comment une structure, que Nicole Assélé chante être en cessation de paiement ou en faillite, peut-elle lever auprès de la banque sous-régionale une aussi grosse somme que l’Etat gabonais a lui-même du mal à mobiliser sur les marchés financiers comme on le sait tous ? La raison est alors simple. Il y a des états financiers que la direction générale présente au Conseil d’administration et d’autres dont elle « parle » devant les retraités pour justifier la cure d’austérité qu’elle leur impose de subir. De plus, ces dépenses (Tropicale Amissa Bongo, logements sociaux, supers marchés, arbres de Noël, etc.) ne concernent nullement le centre de l’activité de la CNSS. Elle préfère donc faire souffrir et mourir des retraités en destinant leur argent à d’autres dépenses.
Les revendications et les « victimes collatérales » de Nicole Assélé
Selon le Synarest, le mouvement de contestation des retraités, né depuis deux mois, a déjà enregistré deux (02) morts : un cas de suicide et l’autre par inhalation du gaz lacrymogène en la personne de Mambili Blandin, à la suite de l’intervention de la police qui avait été envoyée pour disperser les retraités et grabataires venus réclamer leur pension le 07 juin 2019 vers 14 heures. Faudra-t-il d’autres « sacrifiés » pour que la République des Bongo père, fils cousins, neveux, nièces et tontons, comprennent que le Gabon n’est pas une propriété privée et que tout un chacun a aussi des droits autant qu’eux, dont le droit à une vie digne à la retraite ? Face à cet état des choses, le Synarest, soutenu par les retraités, a posé comme conditions immédiates : le départ sans délai de Nicole Assélé à la tête de la CNSS pour cruauté morale et incompétence notoire, la représentation des retraités dans le Conseil d’administration de la CNSS, la mise à disposition des rapports du cabinet d’audit Afnor et le lancement d’un nouvel audit des compte et des effectifs de la CNSS afin de réduire son train de dépenses astronomiques et l’organisation des états généraux de la sécurité sociale et de l’action sanitaire.
Eric Morabitôm, Sévérine A., Rol Filbrice