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Guinée Conakry/Procès de Moussa Dadis Camara du 28 septembre 2009 : Le miraculé politiquement persécuté ?

Le procès des massacres du 28 septembre 2009 au stade éponyme de Conakry devrait, en principe, rendre ses verdicts avant le mois d’août prochain si les dernières plaidoiries des avocats du principal accusé, l’ancien chef de la junte, Moussa Dadis Camara, ne tirent pas trop en longueur. Or, les conseils du successeur du Gl Lansana Conté n’entendent négliger aucun détail pour éviter à leur client la réclusion à perpétuité requise contre ce dernier par le ministère public.

Evacué de Conakry pour Rabat à la suite de la tentative d’assassinat perpétrée contre lui le 3 décembre 2009 par son aide de camp, Aboubacar Diakité, dit Toumba, c’est treize ans plus tard que le capitaine Moussa Dadis Camara va être autorisé à regagner Conakry pour se mettre enfin, à sa demande et volontairement, à la disposition de la justice de son pays dans le cadre du procès des massacres et des viols de la journée du 28 septembre 2009. Ce jour-là, les forces de l’ordre sont entrées dans le stade de football de la capitale, pris d’assaut par les militants et sympathisants des partis de l’opposition venus se regrouper en ces lieux pour protester contre une éventuelle candidature du président de la junte qui avait pris le pouvoir, sans effusion de sang, après le décès du Gl Lansana Conté.
Pour justifier sa tentative de meurtre, l’aide de camp Toumba, qui a pris la fuite après son acte, expliqua celle-ci par le fait que le président Moussa Dadis Camara aurait voulu lui faire porter, seul, la responsabilité des évènements tragiques qui avaient horrifié et endeuillé les populations guinéennes cette année-là.
Opéré avec ses succès de sa blessure par balle à la tête, c’est finalement à Ouagadougou que celui qui reste toujours alors le président de la République de Guinée Conakry, s’est retrouvé pour une convalescence qui va se révéler un long exil, une espèce de prison à ciel ouvert, l’homme, malgré ses demandes, n’ayant pas obtenu de se rendre à Conakry pour déposer, à cette époque-là, comme simple témoin des évènements précités.
En avril 2013, les obsèques de sa mère, décédée au Maroc, aurait pu donner l’opportunité aux autorités judiciaires guinéennes de faire arrêter l’ancien putschiste. Curieusement, le pouvoir, alors exercé par le président Alpha Condé, refusa que le premier responsable du pays, au moment des faits, transite par Conakry avant de rallier son fief de Nzérékoré à la frontière du Libéria.
C’est finalement en transitant par Monrovia que l’ancien chef de l’Etat guinéen, sous très forte escorte burkinabé et avec un très proche collaborateur du président Blaise Compaoré, entra dans son pays pour ne rester que deux jours, du 13 au 15 avril, pour enterrer sa mère avant de regagner Ouagadou, toujours par la frontière libérienne. Alors que ses soutiens sur place auront tout fait pour le persuader de demeurer chez lui.
C’est aussi sur place, au Burkina Faso, qu’on est venu lui faire signer l’acte par lequel il renonçait définitivement à ses hautes fonctions pour laisser à son adjoint, le Gl Sékouba Konaté, assurant alors l’intérim du pouvoir présidentiel, la pleine jouissance de cette charge.
Il faut signaler qu’avant la commission de l’attentat contre sa personne, le président Dadis Camara avait fait mettre en place une commission nationale d’enquête sur les actes innommables posés au stade du 28 septembre au cours d’une manifestation politique non autorisée et, surtout, pas encadrée.
La justice guinéenne ne fit jamais engager des poursuites contre lui jusqu’en mai 2015, le jour où, adoubé par une nouvelle formation politique appelée FPDD (Forces patriotique pour la démocratie et le développement), il annonça son entrée en politique ; six mois avant la tenue de la présidentielle du 11 octobre 2015.
Des magistrats guinéens sont alors envoyés enfin à Ouagadougou pour l’entendre et, finalement, l’inculper dans l’affaire qui est en procès depuis bientôt deux ans grâce à la volonté du président Mamadi Doumbouya de voir enfin la lumière se faire sur les moments extrêmement douloureux de septembre 2009. Sous le règne d’Alpha Condé, ce procès n’a jamais pu se tenir alors que, même après son inculpation d’Ouagadougou, Moussa Dadis Camara, par le biais de ses avocats, avait saisi à deux reprises la justice de Conakry pour venir se défendre devant ses juges.
Au banc des accusés en ce moment avec celui qui a failli lui ôter la vie, l’ancien chef de l’Etat guinéen, qualifié par ses avocats d’ami des politiciens de l’opposition et des journalistes, se bat pour assurer que s’il peut porter une responsabilité morale dans la commission des événements en sa qualité de chef suprême des forces armées de l’époque, accusées de massacres et de viols, il ne peut, en aucun cas, être tenu responsable des actes criminels posés par ces derniers puisqu’il ne leur en avait jamais donné expressément l’ordre. Une position que battent en brèche les parties civiles.
Pour les conseils de Moussa Dadis Camara, c’est plutôt sur le terrain politique que l’on devrait inscrire l’assignation de leur client dans cette affaire. Ils soupçonnent un deal qui aurait été passé entre feu le Gl président Sékouba Konaté et le président déchu Alpha Condé dont l’inaction dans l’activation de ce dossier judiciaire interroge.

Sylvanal Békan

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