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Interview de Léandre Nzué ancien militant du PDG : « Ma décision de quitter le PDG n’est pas une défiance à l’égard de ce parti »

Après un séjour au pénitencier de Libreville, l’ancien maire de la capitale du Gabon va recouvrer sa liberté grâce au coup de liberté opéré par les militaires du CTRI au matin du 30 août 2024 dernier. Sorti de prison, l’homme a pris ses responsabilités en fin de semaine dernière en claquant la porte du PDG. Il a bien voulu par la suite, répondre à nos questions.

Le Mbandja : Etes-vous crédible lorsque vous annoncez aujourd’hui quitter le PDG, alors qu’il y a un peu plus de trois (3) ans, vous déclariez que votre politique de recrutement et de nomination au sein de la Mairie de Libreville était fondée sur votre volonté de créer des conditions d’une victoire éclatante du candidat du PDG, lors du scrutin de 2023 ?

Léandre Nzué : Je ne renie rien de ma déclaration de l’époque qui avait au moins le mérite d’être transparente et courageuse. Si vous m’avez bien suivi lors de ma dernière sortie, j’avais bien dit que ma décision de quitter le PDG n’est pas une défiance à l’égard de ce parti qui, en tant que personne morale, n’a fait de mal à personne. Et en tant que bon militant et de surcroit membre du Bureau Politique, il était normal que je contribue à la victoire du parti qui m’avait investi pour être Maire de Libreville. C’était mon devoir de militant.
Le problème du PDG, je le redis avec force et ténacité, ce sont les femmes et les hommes, dont beaucoup, transfuges d’autres partis politiques, s’étant souvent opposés à lui et à ses candidats, n’ont jamais été de vrais militants de ce parti, connaissant ces valeurs et les appliquant, mais de simples adhérents opportunistes à la recherche de leadership. Ce sont ces derniers qui ont emmené le désordre dans le parti. Pour eux, le PDG n’était perçu que comme un pourvoyeur de postes. Ils ont totalement détourné les instruments et dévoyé les objectifs du parti à des fins personnelles et continuent allègrement, sans vergogne, à fouler aux pieds ses statuts, son règlement intérieur et sa charte des valeurs. Bref, tout le cadre juridique du parti adopté en congrès par une base militante pour laquelle ils n’ont aucune considération. Comme je vous l’ai dit, je ne saurais être caution de telles dérives autocratiques et de telles forfaitures.

Que répondez-vous à ceux qui affirment que vous quittez le PDG par rancœur, parce qu’il ne vous aurait pas soutenu pendant la période difficile de votre vie que vous venez de traverser, marquée notamment par votre emprisonnement, et par opportunisme parce que le vent a tourné et que ce Parti n’est plus au pouvoir ?

Rancœur ! non ! je suis animé par des sentiments nobles, car la rancune détruit et le pardon élève. Tout simplement, puisque vous en parlez, oui, les hommes et les femmes qui dirigent le parti ne m’ont pas soutenu dans mon épreuve, alors même qu’ils savaient que j’étais victime de la young team et de règlements de comptes de la part de certains camarades proches de cette young team. Ils ne m’ont même pas rendu visite en prison ou à l’hôpital, aucun message de soutien, rien, en dehors de l’ancien Secrétaire Général Eric Dodo Bounguendza, et de l’ancien Secrétaire National 1, Augustin Ndong Mba, eux aussi victimes, en mars 2022, de forfaiture, d’abus de pouvoir et de trafic d’influence de la part de la même clique. Je ne saurais leur en vouloir, ça ne servirait à rien, c’est leur nature. Vous observerez d’ailleurs que la divine providence, par l’action salutaire du CTRI, s’est occupée de réparer l’injustice dont j’ai été victime, puisqu’aujourd’hui, je suis en liberté et eux en prison. Comme quoi, il faut croire au Karma.
Quant à la question de l’opportunisme, je considère qu’elle n’a pas lieu d’être, à moins d’estimer que la forfaiture que je dénonce et que je refuse de cautionner en restant au PDG, n’est pas avérée et suffisamment grave.

Certains prétendent aussi qu’en réalité, c’est votre profonde aversion à la personne de Paul Biyoghe Mba, récemment promu 1er Vice-Président du PDG, et au MOGABO accusé, à tort ou à raison, d’avoir fait main basse sur le PDG, qui motive votre décision de quitter ce Parti. Qu’en est-il ?

Je vous ai donné les raisons profondes de ma décision de démissionner du PDG. Il n’y en a pas d’autres. Je ne m’en prends pas aux personnes physiques, mais à une façon de faire, à des comportements exorbitants de la norme et irrespectueux du plus grand nombre, que cela soit clair, c’est une question de principe. Je dénonce une forfaiture dont je ne peux m’accommoder, même si certains le peuvent, au risque d’être complice devant l’histoire et les pères fondateurs de ce parti que j’ai tant aimé et servi, jusqu’à en être Secrétaire général adjoint.
Monsieur Paul Biyoghe Mba est pour moi un ainé et un patriarche, pour qui j’ai une certaine considération. C’est vrai qu’il est bénéficiaire de la forfaiture que dénoncent de nombreux militants, écœurés comme moi par ce qui se passe, et j’en suis sincèrement désolé, mais soyez assurés, s’agissant d’une question de principe, que mon attitude aurait été la même, indépendamment des personnes concernées.
Pour ce qui est du MOGABO, il suffit d’observer le nouvel organigramme et les nominations issues de cette forfaiture pour comprendre. Le projet de faire main basse sur les organes dirigeants du parti est ourdi de longue date par cette tendance du PDG, qui avait déjà semé la zizanie au sein de ce parti à l’époque ou monsieur Faustin Boukoubi en était le Secrétaire général.

Monsieur Léandre Nzue, merci.

C’est moi.

GPA

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