Ses principaux soutiens de la présidentielle de 2016 l’ont quitté les uns après les autres. Et, progressivement, l’ancien président élu s’est aussi lui-même laissé aller à croire qu’il n’arriverait plus de toutes les façons en terre promise. Pourtant, près de dix jours avant la survenue de la nouvelle année 2023, Jean Ping se rassurait encore lui-même, beaucoup moins qu’il ne parvenait à convaincre un dernier carré de fidèles de moins en moins convaincus, que la France viendrait, on ne sait par quelle magie, l’installer au pouvoir avant…2023. Or, cette échéance est largement consommée.
Mais avant même d’y être, le président Ping s’était déjà rendu à l’évidence de ses désillusions dans son dernier discours à la Nation du 31 décembre 2022. Message dans lequel il disait ne plus croire à rien, surtout pas à la crédibilité des élections au Gabon. Le mal avait pourtant déjà été fait. Par lui, comme par tant d’autres imprudents. On doit cependant s’interroger, au moment de la séparation, sur ce qui restera de l’image d’un homme…surprenant.
La victoire, quand il s’agit de la sphère politique où l’on doit jouer collectif pour espérer s’en sortir, a plusieurs géniteurs. La défaite, dans le cas d’un titre que l’on doit porter seul, est toujours orpheline. Se considérant comme le véritable vainqueur de la présidentielle qui a échu constitutionnellement à l’usurpateur Ali Bongo Ondimba, il y a bientôt sept ans, Jean Ping Okoka, apparemment très sûr de son fait à l’entame des débats électoraux, a dû, jour après jour, depuis le 27 août 2016, vivre dans l’univers inconfortable de la défaite. Cet environnement très particulier où l’on découvre et redécouvre la complexité de la nature humaine faite de retournements de vestes, de coups inattendus, d’engagements non tenus et de véritables actes de trahison. Celui qui rêvait encore de l’impérium jusqu’à l’entame de la dernière semaine de décembre 2022 aurait sans doute tant aimé connaître la solitude du pouvoir. Un esseulement davantage jouissif puisque détenteur des clés de la promotion sociale et de la prestance financière, le solitaire prestigieux peut tout de même se régaler d’avoir à composer avec la largesse du spectre de choix qui s’offrent à lui en vue de la promotion de ses femmes et hommes. C’est sûrement à cette solitude confortable, loin du désœuvrement politique et affectif des vaincus, qu’avait songé le natif chinois d’Omboué. Hélas, il n’y sera sans doute plus jamais ! Mais que lèguera l’homme qui s’est beaucoup investi et a énormément donné pour tenter de devenir le premier opposant à ravir le fauteuil présidentiel au clan Bongo de 2015 à 2016 ?
Il laissera globalement l’image d’un homme politique quelque peu égocentrique, qui n’aura pensé avant tout qu’à lui-même comme l’attestent les références systématiques à sa victoire immense de 2016 dans son dernier discours à la Nation. Ne tenant aucun compte des carrières politique des femmes et hommes qui l’ont aidé à gagner la présidentielle, si longtemps revendiquée, il n’autorisa personne à prendre part aux dernières élections locales et législatives de 2018. Et pour celles à venir, hors celle du président de la République qui ne le concernera sans doute plus à titre personnel, il n’a pas préparé les Anaclet Bissielo à prendre part à un quelconque scrutin futur. Pire, Jean Ping, avec tous les moyens financiers et les ressources humaines mises à son service, n’a pas cru utile de créer un parti politique qui devait continuer à mener son combat et à valoriser ses idées pour la postérité. Quel gâchis !
Ngale Beghl’Ango