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Kleptocratie émergente au Gabon : Yann Koubdje, BGFI et l’argent des gabonais

Dans un article accusateur publié par Le Confidentiel d’Echos du Nord du mardi 26 octobre et intitulé : « Le trésor inépuisable sous Yann Koubdje à BGFI », on découvre l’existence d’un réseau de camouflage et de détournements délictueux des deniers publics mis en place par la présidence de la République avec la complicité d’une banque privée (BGFI-la banque des Bongo). Yann Koubdje serai au cœur de cette maffia. Lecture!

Plus profond que « le tonneau des Danaïdes », avec la seule différence qu’il a toujours été bien garni. Pendant des années, Yann Koubdge a géré un compte du temps où il était à BGFI. Il s’agit du compte n°4000304100 21008951013-55, intitulé « RE-PUBLIQUE GABONAISE – TRE-SOR PUBLIC ». Vous l’aurez compris, il est question non pas d’un compte seulement, mais de deux comptes distincts simplement couplés, qui ont toujours été provisionnés pour les besoins de trésorerie de la présidence de la République. Et pour d’autres besoins. Une sorte de compte fourre-tout. Il reçoit les royalties du pétrole et toutes les recettes issues du pétrole et tout type de bonus liés aux activités extractives. Mais ce compte était également indiqué aux sociétés parapubliques pour tous leurs dépôts au Trésor, comme les règlements d’une ardoise d’impôt.

De la Caisse de stabilisation (Caistab), de la Société gabonaise de raffinage (Sogara), de l’Office des ports et rades du Gabon(Oprag), du Conseil gabonais des chargeurs (CGC), de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et d’autres. En somme, toutes les entités de l’Etat. C’est de ce compte qu’est faite la répartition pour ce qui est des postes de financement à pourvoir. Ce compte assure le financement de toutes les dépenses budgétaires retenues. Les dépenses engagées par exemple par la Direction générale des hydrocarbures y sont payées. Ce compte fourre-tout est en réalité la véritable caisse du pays. Un doute est désormais admis sur les recettes déclarées par le Trésor public, qui ne fait qu’office de billetterie pour de petits règlements ponctuels. Le gros est à BGFI. Ce qui engendre une opacité totale dans les comptes publics et un problème de traçabilité pour le Fonds monétaire international(FMI) et la Banque mondiale, qui se perdent dans ce nœud gordien. Un véritable scandale ! Et un secret bien conservé, jusqu’à ce qu’un audit des sociétés parapubliques par la Cour des comptes vienne révéler la supercherie.

Le compte intitulé « REPUBLIQUEGABONAISE – TRESOR PUBLIC» est la caisse noire de la présidence de la République. Sous d’autres cieux, ce compte n’a pas sa place dans une banque privée, de surcroît lorsqu’une des boîtes de la famille Bongo, au pouvoir depuis 1967, y détient la majorité des parts avec une myriade de sociétés toutes proches de la famille. Ouvert pour les activités de la présidence de la République, ce compte est alimenté en grande partie par des fonds publics. L’on découvre par exemple que le montant de 1,4milliard de FCFA, cité dans l’ardoise dont le Parlement s’est servi pour la levée de l’immunité parlementaire de Justin Ndoundangoye, n’était rien d’autre qu’un règlement effectué au Trésor public pour répondre à un avis de mise en recouvrement. Mais le plus cocasse est la destination que ce 1,4 milliard a prise par la suite. Il ressort que ce fonds a servi à financer le deuxième tour des élections pour le compte du Parti démocratique gabonais (PDG). De l’argent public. Ce compte est un véritable trésor inépuisable vu le niveau de ressources dont il regorge. Généralement, seuls le patron de BGFI et son gestionnaire en détiennent le secret du contenu. Chaque directeur de cabinet (dircab) sous Ali Bongo Ondimba (ABO) en sait quelque chose.

A ce qu’il semble, chaque dircab d’ABO en a été l’ordonnateur délégué. Sauf Théophile Ogandaga, l’actuel, qui n’y voit que dalle. Les cordons de la bourse ayant été transférés à son adjoint. Les ministères peuvent être exsangues, mais pas la présidence de la République qui peut, à sa guise, se permettre de financer tout type d’opérations, même les investissements. En son temps, Brice Laccruche Alihanga (BLA), alors dircab du président de la République, a engagé le financement des travaux de réfection des voiries de Libreville et la totalité des activités politiques à partir de ce compte. Si officiellement les salaires des ministres sont établis entre 2,5 millions et 5 millions de FCFA et celui du Premier ministre (PM) plafonné à 7 millions de FCFA, il va de soi qu’au vu de leurs nombreuses activités pour se maintenir dans leurs fiefs politiques, ces salaires sont dérisoires.

C’est ainsi que leurs besoins financiers immenses sont couverts par le 40003 0410021008951013-55. De petits secrets ont fusé sur les montants dévolus en fonction de l’ordre protocolaire. Le PM y est servi à hauteur de 300 millions de FCFA par mois en moyenne. Les ministres d’Etat 100 millions. Les ministres délégués 40 millions par mois. Voire plus, selon qu’un client est bien en cours ou pas. Le « patron» peut décider que les émoluments mensuels d’un ministre s’élèvent à 500 millions de FCFA/mois. Quant au cabinet du président de la République, il décline ses besoins en milliards de FCFA/mois. Ce compte étant exempté de tout contrôle, ses ordonnateurs et son gestionnaire principal, toujours Yann Koubdge à ce qu’il semblerait, ont eu le loisir de le mouvementer pour des opérations à caractère privé, n’ayant aucun rapport avec les activités du chef de l’Etat, notamment des transferts au profit de tiers. L’on comprend par exemple pourquoi BLA, du fond de sa prison, accusé de détournements de fonds publics, a conservé toute sa sérénité. Il sait mieux que quiconque au profit de qui de telles opérations y ont été menées. Voire qui avant lui y a plongé ses mains et il en connaît certainement les éléments de traçabilité. Sur un tout autre plan, les comptes de la présidence de la République n’étant pas soumis au contrôle du Parlement, ni à celui de la Cour des comptes, les ordonnateurs et tous ceux qui y ont accès se sont lâchés. Et cette farandole dure depuis Omar Bongo. Période à laquelle Yann Koubdjé, vu sa proximité avec la dircab Pascaline Mferri Bongo Ondimba, a été désigné pour piloter les opérations liées au 40003 04100 21008951013-55.

En bon exécutant très informé des secrets et des destinations des fonds puisés dans ce compte, pas étonnant que de ce poste doré à BGFI, il ait été propulsé à la Trésorerie générale. De cette tour, il a un meilleur regard sur « REPUBLIQUE GABONAISE– TRESOR PUBLIC ». La question reste : pourquoi un compte public destiné aux besoins de trésorerie de la présidence de la République, alimenté sur fonds publics, n’est-il pas logé au Trésor public comme l’a recommandé la Cour des comptes dans un rapport ? Et lorsqu’on sait ce que représente l’argent du pétrole, il n’y a qu’un pas pour comprendre d’où émanent les bilans exceptionnellement positifs du Holding BGFI. Car en dépit de la crise liée à la Covid-19, les dépôts de l’Etat par la domiciliation des recettes fiscales et du pétrole lui garantissent des résultats extraordinaires. Le plus vicieux est ce qui se passe par la suite : le patron de BGFI a été à la création du Club de Libreville pour subvenir aux besoins financiers de l’Etat gabonais. Alors, quel argent cette banque prête-t-elle à l’Etat si ce n’est l’argent du pétrole, c’est-à-dire le propre argent de cet Etat, sans parler des taux d’intérêts ? Un cynisme qui ne fait pas sourire. Si ce n’est pas du vol, alors c’est tout comme.

Affaire à suivre.

 

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