Alors qu’au cours de la réunion organisée le 07 juillet dernier par le DC de BOA Laccruche Alihanga, « les yeux dans les yeux » pour dire aux PDGistes que c’est BOA qui décide et choisira les candidats à la députation du PDG aux prochaines élections législatives, ce dernier avait déclaré que le PDG va obtenir une large victoire comme par le passé. Question : sur quel bilan économique, social et politique, Laccruche, le nouveau gourou de BOA et homme à tout faire, s’appuie –t-il ?
Pour beaucoup de pédégistes, ce gars-là vit, comme tous les émergents, dans une bulle et ignore la réalité dans laquelle vivent les gens et surtout le mépris et la haine que les gens vouent au PDG, mais surtout à son patron BOA. Mais surtout avec toutes les mesures impopulaires contre les fonctionnaires qu’il prend et les limogeages de centaines de cadres du PDG de leurs fonctions à la veille de cette élection laisse présager un risque sous-évaluer ou minimiser de déroute électorale comme en 2016 face à Jean Ping.
Un bilan économique et social squelettique
De 2016 à 2018, la junte peut se targuer d’avoir réalisé quoi exactement ? L’année 2017 n’a été marquée que par la préparation du monologue politique d’Angondjé. Aucune mesure sociale ou économique phare n’a été enregistrée. En fin 2017, comme pour tenter de se rattraper, BOA avait annoncé un chapelet de mesures sociales qui avaient laissés tout le monde sceptique, y compris dans son propre camp, quant à leur réalisation concrète en 3 mois au 6 au trop au regard de la tonalité du discours du chef des putschistes lui-même : « exonération temporaire de cotisations sociales pour toute création nette d’emploi à compter du 1er janvier 2018. Cette mesure devra permettre de créer 10 000 emplois nouveaux par an ; plan de rénovation des écoles primaires sur l’ensemble du territoire. Au total, 92 écoles de la capitale, Libreville, et 697 écoles dans les neuf provinces ; réseau de cliniques mobiles dans chacune des provinces du Gabon afin de permettre une meilleure couverture sanitaire à l’échelle du pays et l’accès aux soins de base pour les plus démunis. Ce réseau sera constitué d’une flotte de bus médicalisés, de type 4X4, disposant de l’équipement nécessaire pour réaliser des soins d’urgence et de base ; déploiement de 5 000 lampadaires solaires sur tout le territoire national ; opérationnalisation d’un Fonds d’initiative départementale (FID) dans chacun des les 50 départements ; livraison de 80.000 tables-bancs démarré aux différents établissements scolaires (l’année scolaire est même terminée avec moins de 20% livrées) »
De l’autre coté, le bilan d’étape sur la mise en œuvre du fumeux Plan de relance économique (PRE) entamé en 2017 a montré un échec total. Aucun des objectifs importants visés notamment en matière de création d’emplois, de croissance économique, d’amélioration du climat des affaires et d’attraction des investissements étrangers n’a été atteint. Seule la réduction du solde globale de la dette extérieur de 64% du PIB à 59%. Ce qui ne s’explique par une rationalisation et des remboursements, mais davantage par la frilosité des marchés financiers avertis par les Agences notations (Moodys, Fitch and Ratings) sur le risque à court terme d’insolvabilité du Gabon.
Des manœuvres politiciennes dilatoires au lieu du bilan attendu…
Alors que l’on attendait en fin avril le bilan de ses promesses en cascade qui étaient par une démagogie électoraliste (préparation des législatives), c’est plutôt un coup d’état constitutionnel qui a été perpétré par BOA et l’ex maitresse de son prétendu père, l’inamovible Marie Madeleine Mbouranstouo (Cour constitutionnelle) : une incroyable dissolution de l’assemblée nationale suivie du transfert de toutes les compétences législatives à la chambre du sénat, puis dissolution du gouvernement pour rependre exactement encore les mêmes.
Dans le même temps, il a poursuivi dans le même registre en annonçant un plan de redressement du train de vie de l’Etat qui ne vise que la fonction publique mais ne dévoile pas son propre salaire mensuel et ses avantages, ne limite pas ses voyages hors du pays et qui coûtent en moyenne 5 milliards de FCFA selon diverses sources. De même, les exonérations fiscales de l’ordre de 230 milliards de FCFA par an dont bénéficient OLAM et de très nombreuses autres sociétés libanaises et asiatiques qui ne traitent qu’avec lui-même ou son entourage (conseillers, certains ministres émergents) ne sont pas touchées. A la présidence, une bonne partie des cadres du Haut-Ogooué à été jetée à la porte, à la primature et dans les cabinets de ministres, ainsi que dans les secrétariats généraux et directions d’administration centrale, il a renvoyé au tapis les cadres de son propre parti… On se demande dès lors comment avec un tel bilan social, économique et politique chaotique, BOA peut-il espéré avoir la majorité des 143 sièges de députés à l’Assemblée nationale ?
Deux facteurs peuvent l’y aider cependant : d’une part, la faible participation sinon la démobilisation de l’opposition (CNR/Ping) qui est divisée sur la question car partout à travers les 143 sièges, les candidats du changement ne seront pas présentés ; d’autre part, la configuration actuelle du Centre Gabonais des Elections (CGE/Bibalou) est favorable au PDG grâce au soutien des représentants de Démocratie nouvelle (Ndemezo’Obiang) et du PSD (Maganga Moussavou).