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Les parlementaires du PDG : Ces illustres assurances-vie du régime !

Le cas de la mouvance Héritage et Modernité en est une belle illustration. En effet, il se laissait dire qu’elle drainerait au moins une vingtaine de députés. En tous cas, les promoteurs de ce mouvement ne faisaient pas mystère de leur sentiment d’assurance, presque d’autosuffisance, quant à l’estimation – ou surestimation – de leur popularité et de leur impact dans les deux chambres.

Les propos d’époque de Barro Chambrier interdisent le moindre doute à ce sujet : « j’ai avec moi des cadres de l’administration, des retraités. On nous soutient au Sénat, à l’Assemblée nationale et même dans la société civile ». Pourtant, suite à son exclusion du parti par Ali Bongo Ondimba ainsi qu’à celles de Jonathan Ignoumba et de Michel Menga-m’Essone, seuls neuf députés cadres et militants du PDG, solidaires des exclus, ont annoncé, le 1er avril 2016, leur démission collective de leur mandat parlementaire. Il s’agissait de Vincent Ella Menie, (du 3ème siège du Ntem), Vincent de Paul Gondjout, (du 1er siège du 3ème arrondissement de Libreville), Clotaire Christian Ivala, (du 1er siège de Mougoutsi, à Tchibanga), Michel Mboumi, (du 3ème siège d’Etimboué, à Omboué), Sylvain Momoadjambo (du 1er siège de la Zadié, à Mékambo), Senturel Ngoma Madoungou (du 1er siège de l’Ogoulou, à Mimongo), Philippe Nzengue Mayila (du siège unique de la Louétsi-Bibaka, à Malinga), Maxime Ondimba (du 1er siège du Haut-Como, à Medouneu) et Edgard Owono Ndong (du 2ème siège du Woleu, à Oyem). Ce qui fait, en tout 12, soit 10 % des 120 députés. Historique, mais insuffisant ! On n’est pas loin des 15 pronostiqués plus haut.
Une telle issue résulte du dispositif mis en place depuis les années 1970 pour éviter toute surprise : le contrôle de toutes les institutions par le système Bongo selon le principe « un seul peuple, une seul parti, un seul chef ». Depuis 1968, le peuple gabonais est toujours représenté par un seul parti, le PDG, dans toutes les chambres du Parlement et la quasi totalité des collectivités locales. La seule différence, depuis 1990, est qu’il n’est plus unique, mais il reste toujours dominant. C’est-à-dire un maillon politico-administratif essentiel du système. Les escarmouches actuelles entre différentes composantes engagées dans une guerre de succession qui ne dit pas encore son nom ne changent pas grand-chose au problème. Elles visent surtout à un renouvèlement générationnel des agents du système sans toucher aux fondements du système. A la tête du pays, le moment venu, au moment choisi, on changera le pilote, éventuellement les couleurs du vaisseau, mais certainement pas le vaisseau. Le groupe qui l’emportera d’ici à 2023 bénéficiera, comme le PDG sous Omar Bongo, des financements directs et indirects de l’Etat. Ses cadres seront assimilés à des ministres et ses « permanents » grassement rétribués par les deniers publics. Les cadres de l’administration civile (gouverneurs, préfets, sous-préfets, chefs de villages et chefs de quartiers, secrétaires généraux et directeurs généraux), militaire (généraux, colonels, commandants de sections…), judiciaire (présidents de chambres, tous les membres de la Cour constitutionnelle et de la Cour de sûreté de l’Etat) seront choisis en fonction de leur sympathie pour le groupe dominant – les pronostics sont favorables au PDG javellisé par l’Ajev – et, de ce fait, mobilisables à tout moment pour assurer ses victoires à chaque élection, sauvegarder les intérêts des ‘’camarades’’ et garantir la pérennité du royaume avec Ali Bongo Ondimba et, comme certains s’y préparent activement, même sans lui. C’est grâce à toute cette nomenklatura que le PDG a toujours contrôlé, depuis 1968, les chambres du Parlement avec un nombre prédéterminé de parlementaires qui lui permettaient de convoquer et de faire adopter en congrès tout ce qu’Omar Bongo voulait – même de se faire élire président – sans passer par un véritable référendum ou un suffrage universel sincère. Les Gabonais ont, depuis 1968, un seul chef qui n’a toujours pas de contre-pouvoirs. Dans un tel système, le Premier ministre, simple vizir, n’a aucun pouvoir. De Léon Mebiame à Emmanuel Issoze Ngondet en passant par Casimir Oye Mba, pour aboutir à Julien Nkoghe Bekale, on sait de quoi on parle. Pire, depuis la toute dernière modification de la Constitution en 2018 qui a vu les pouvoirs du président de la République renforcés pour endiguer l’impact d’une éventuelle cohabitation, la fonction du Premier ministre a été cantonnée à un rôle de bouc-émissaire ou, tout au mieux, de faire-valoir. Nkoghe Bekale peut-il affirmer le contraire ? Le gouvernement, comme le Maghzen marocain, gère les affaires courantes et favorise les sorties d’argent. Premiers ministres et gouvernements, en somme, sont des fusibles.
Le rôle principal des députés gabonais qui participent, eux aussi, du même système consiste à le défendre. Véritable digue sécuritaire, l’Assemblée nationale est l’une des fortifications du système où les députés-sentinelles montent la garde pour contenir la demande sociale et faire obstacle aux réformes qui pourraient remettre en cause la stabilité du pouvoir. Une forme d’assurance-survie. Elle a, par exemple, permis de transformer les Accords de Paris en un buffet self-service où, au nom du fait majoritaire PDG au Parlement, le système a pris ce qui lui convenait et fait la fine bouche pour le reste. La loi sur la décentralisation, votée sans textes d’application, en est un exemple patent.
Ces sentinelles du système sont payées en retour par une « montagne de privilèges ». Que, par la suite, les sénateurs aient bénéficié des mêmes avantages que leurs collègues de l’Assemblée nationale n’est nullement un fait du hasard et n’aura étonné personne.

 

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