Loin de les banaliser, les événements d’Okondja doivent plutôt inquiéter au plus haut point. D’abord, ils sont le signe, grandeur nature, que, dans le Haut-Ogooué, des compatriotes estiment que cette localité est une province présidentielle jouissant d’un statut particulier. Personne ne doit y mettre les pieds s’il n’est pas du PDG, sinon originaire de là-bas.
Mais c’est aussi l’expression en miniature que demain si, par extraordinaire, le Haut-Ogooué perd le pouvoir en faveur d’un fils d’une autre province, le Gabon va connaître des lendemains incertains. Tout cela est, bien sûr, exploité par les hauts cadres de cette province qui ont peur de perdre leurs privilèges actuels. Des confrères ont écrit que certaines personnes, faisant partie de l’expédition punitive d’Okondja, émargent à la mairie de Libreville. Comment peut-on expliquer qu’on vienne chercher son pain dans une administration située dans une localité autre que celle où on interdit aux autres Gabonais d’y mettre les pieds et croire qu’on est Gabonais avec les mêmes droits que les autres ?
Ce qui vient de se passer à Okondja ne peut susciter que de la frustration et de l’inquiétude vis-à-vis des Gabonais qui ne sont pas originaires du Haut-Ogooué et qui ont pensé que les ressortissants de cette province ont envers les autres Gabonais les mêmes sentiments d’appartenance à un même pays, à une même patrie, à une même nation. Ils se sont trompés. Si on n’y prend garde, les va-t-en guerre du Haut-Ogooué peuvent conduire le pays demain vers une politique de la destruction et de la terre brûlée. Et de cela, les politiques, en commençant par le régime en place, doivent s’en inquiéter.
En 1993 déjà, alors que Mba Abessole venait de battre Omar Bongo dans les urnes, son beau-frère, Jean Boniface Assélé, avait conseillé au mauvais perdant Omar Bongo de laisser le reste du Gabon à Mba Abessole et de plutôt se concentrer à la création d’un micro Etat qu’il avait lui-même baptisé la République du Haut-Ogooué-Lolo. Autrement dit, la fusion des deux provinces sœurs avec Omar Bongo comme président. La France avait mis fin à ce dangereux plan de partition du pays en imposant Omar Bongo comme président à vie du Gabon… Le Gabon est un et indivisible. Ceux qui cherchent à le mettre en péril devront répondre un jour de leurs actes et en payer le prix.