Lors des dernières élections (législatives et locales), de nombreux leaders des partis politiques et pas des moindres, sont tombés sans coup férir. Leur légitimité n’est-elle pas mise en cause ? Peuvent-ils légitimement s’entêter à être à la tête de leur parti sous prétexte qu’ils en sont les fondateurs et les principaux pourvoyeurs de fonds. Que diront-ils à leurs militants ayant eux, été élus ?
A un moment où à un autre de la vie, il faut savoir passer la main et quitter les choses. Lorsqu’on décide de créer un parti, la raison première est de participer au suffrage universel. D’ailleurs, c’est derrière cette logique que certains leaders de l’opposition, membres de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) pilotée par Jean Ping ont justifiés devant le peuple, leur participation aux dernières élections couplées, fussent-elles organisées par Ali Bongo. Ainsi, de manière disparate, l’Union nationale (UN) de Zacharie Myboto, le Rassemblement héritage et modernité (RHM) d’Alexandre Barro Chambrier, les Démocrates (LD) de Guy Nzouba Ndama…vont prendre la lourde responsabilité d’aller aux urnes avec la ferme conviction de battre à plat de couture, un parti politique qui des années durant, a bien huilé et perfectionné ses stratégies de fraude, le PDG d’Ali Bongo.
D’autres partis dits « collaborationnistes » dont les leaders ont été affublés du qualificatif peu flatteurs de « collabo » plongeront aussi dans cette farce électorale. Il s’agit de Démocratie nouvelle (DN) de René Ndemezo’Obiang, le Parti social démocrate (PSD) de Pierre Claver Maganga Moussavou, le Parti pour le développement et la solidarité (PDS) de Séraphin Ndaot Rembogo vont aussi foncer, estimant certainement que leur alliance d’Agondjé avec Ali Bongo et le PDG allait prospérer…
Idem pour les partis Union et solidarité (US) de Jean de Dieu Moukagni Iwangou et Michel Menga se proclamant leader d’une faction du Rassemblement héritage et modernité (RHM)… Voilà les partis qui font rêver d’aller tutoyer le PDG dans les urnes. La suite nous la connaissons. En dehors de Barro Chambrier qui a assuré le service minimum, contraint à un ballotage favorable certes, mais tout de même avec un adversaire du PDG, aucun de ces leaders n’a tiré son épingle du jeu. Tous ont été laminés. Guy Nzouba Ndama est tombé à Koulamoutou (un coup K.O), Michel Menga humilié dans son fief de Cocobeach, Rien à grignoter pour René Ndemezo’o dont les candidats notamment un ministre, ont été battus au premier tour.
A partir de là, on peut se poser quelques questions. Par exemple, celle de savoir si ces partis ont une base sociologique qu’ils peuvent mobiliser lors des élections ? Les résultats rendus montrent bien que non. Est-ce des imposteurs ? Difficile à dire. Tout comme on pourra aussi se demander si ce n’est pas les leaders qui posent problèmes ? Autrement dit, un leader sans base sociologique dans sa propre maison, son village, son quartier ou sa ville natale peut-il réellement se faire appeler leader national ? Peut-il aspirer à diriger un pays, c’est-à-dire rechercher la légitimité national, si on n’arrive même pas à se taper la légitimité locale ? Toute la question est là.
Aller à une élection pour mesurer ses forces, c’est bien. Encore faudra-t-il la gagner pour jouir de la légitimité populaire. Lorsqu’on ne la possède pas, cela pose problème aux yeux des militants qui regardent leur leader comme un être sans réelle assise politique et dont l’influence au sein du parti ne tient que, soit à sa poche, soit à son titre de fondateur. Il faut en sortir de cette logique et faire en sorte que dans le fonctionnement des partis politiques, le leader soit un homme à la légitimité incontestable et incontestée.
Ndemezo’o, Nzouba, Moukagni, Menga, Ndaot, Maganga…on fait comment ? A vos militant d’apprécier.