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PDG/Sanctions contre les parlementaires : De la discipline au despotisme obscurantiste

Largement affaibli par Brice Laccruche Alihanga, le PDG n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même, un bateau ivre.

C’est par la voix de l’un de ses porte-paroles que le Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir sans discontinuité depuis 1967 au Gabon, a rendu publique la décision de sanctionner plus d’une vingtaine de ses parlementaires (députés et sénateurs) qui n’avaient pas accordé leurs suffrages lors du vote dans les deux chambres du Parlement du texte contre la dépénalisation de l’homosexualité. Une mesure disciplinaire qui rappelle, à quelques sceptiques encore, que le PDG est tout, sauf un bien pour le Gabon !

Les parlementaires sanctionnés

La commission de discipline du PDG a, dans sa décision n° 002/PDG/SE/CPDA adressé des « avertissements » à une pléthore de parlementaires qui avaient eu un vote dissident à la consigne du parti lors de l’examen, il y a deux semaines, du nouveau code pénal, notamment dans les dispositions qui sanctionnaient l’homosexualité au Gabon. Selon le rapport d’audition de ces parlementaires, ces derniers se seraient illustrés par « un vote dissident » lors de la plénière portant sur la modification du code pénal et plus particulièrement l’aspect portant sur la dépénalisation de l’homosexualité actée par le retrait de l’alinéa 5 de l’ancien article 402 de la loi n° 042/01 du 5 juillet 2019 portant code pénal. Motif, la commission permanente de discipline a constaté « une absence de concertation au sein du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale ».
Si l’avertissement est le plus petit niveau de sanction, il reste que, symboliquement, le PDG s’affirme, comme toujours, comme un parti qui refuse la diversité de pensée et la liberté de parole. Cette sanction concerne les 25 parlementaires suivants : Alain Simplice Boungoueres, Guy Bertrand Mapangou, Régis Immongault, Blaise Louembe, Martin Fidèle Magnaga, Idriss Ngari, Flavien Nzengui Nzoundou, Josué Mbadinga, Charles Otando, Albert Richard Royembo, Alphonse Nziengui, Malika Bongo Ondimba, Irène Lissenguet, épouse Lindzondzo, Jean Bosco Ndjeunga, David Ella Mintsa, Romain Mikanga Semba, Pacôme Moubelet Boubeya, Barnabé Indoumou Mamboungou, Séverin Ndong Ekomie, Louis Elvis Engozogo, Léonard Andjembe et Philibert Ngayipe.

Discipline ou despotisme ?

Il n y a pas de doute que la discipline est essentielle au fonctionnement des partis politiques afin de garantir son unité et sa cohésion. Mais la discipline politique (partis) n’est pas la même que la discipline militaire. Un parti politique, sauf autre chose, est une association libre de personnes qui partagent des convictions, des idées, des valeurs. Au tournant de certaines réformes comme celle qui a ébranlé le pays sur le retrait de l’alinéa 5 de l’ancien article 402 de la loi n° 042/01 du 5 juillet 2019 portant code pénal, il va sans dire qu’un militant et un parlementaire peuvent estimer, dans leur libre arbitre et leur intime conviction, que le parti adopte ou viole un principe ou une valeur fondamentale qui lui est propre. Il a le choix, à ce moment, de voter contre ou de s’abstenir. C’est ce que plusieurs parlementaires (députés et sénateurs) PDG ont fait lors de l’examen de cet alinéa. De surcroît, leur intention n’était pas la fronde au sein du parti, mais d’amener leurs autres collègues à réaliser que la réforme n’est pas bonne. Non, le passage en force a été choisi et est suivi aujourd’hui par des sanctions diluviennes.
Il faut rappeler qu’en février 2019, près d’une centaine de militants de ce parti, à travers tout le pays, avaient été sanctionnés (avertissement, blâme) ou radiés avec pertes de mandants politiques (députés, postes au sein du parti) et postes politico-administratifs pour avoir osé exprimer leur point de vue sur les arbitrages et choix du parti lors de la désignation des candidats aux locales et aux législatives d’octobre 2018.
La haine entretenue par le PDG contre la démocratie, la liberté de pensée et de conscience, est si heureusement connue.

 

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