En attendant d’être démenti, le moment venu, personne au Gabon en ce moment ne peut croire que le Migovéen se soit autant battu pour diriger l’Union nationale pour finalement se mettre à la remorque d’un autre candidat de l’opposition lors de la présidentielle à venir. Surtout pas derrière Paulette Missambo dans l’hypothèse, d’ailleurs hautement improbable, où la présidente de l’Union nationale parvenait à arracher le consensus autour de son nom pour devenir le cheval unique de l’opposition gabonaise éparpillée.
L’on doit cependant commencer à se demander, dès à présent, si le conseiller municipal, presque esseulé, du premier arrondissement de Lambaréné saura être prophète chez lui en arrivant à rallier à sa cause les populations pluri-ethniques des départements de l’Ogooué et des lacs et de l’Abanga-Bigné. En espérant aussi, pour lui, que Guy Nzouba Ndama, en difficultés politico-judiciaires et lâché par ses principaux adjoints ces derniers temps, ne choisisse pas de lancer dans la bataille le député Séraphin Akure Davin, mieux implanté, à tous les niveaux, dans la même circonscription politique.
La maîtrise du terrain politique, très insuffisante de l’Union nationale, ancienne version, sur les deux arrondissements du chef-lieu de la province du Moyen-Ogooué et ses performances politiques lors des scrutins locaux et législatifs de 2011, 2013 et 2018 peuvent-elles encourager Paul-Marie Ndjambiempolo Gondjout à penser en faire la rampe de lancement de ses futures ambitions présidentielles dans quelques mois ? Raisonnablement, non.
Même si l’on doit tempérer la fermeté de la réponse au questionnement en notant que la politique est dynamique, le président de l’Uni (Union nationale initiale) ne remplit pas l’essentiel des atouts nécessaires pour enclencher justement…la dynamique de mobilisation de celles et ceux qu’il n’a pas su convaincre depuis son entrée en politique, chez lui, sur les bords de l’Ogooué. Le corps et le cœur dans une grande commune de Libreville, peu accessible jusque dans ses banlieues d’Owendo et d’Akanda (même si l’épouse Chantal Myboto a pu y faire une bonne percée, lors des dernières élections locales au nord de la capitale), Paul-Marie Gondjout ne pense généralement à Lambaréné qu’au moment d’aller y faire, d’ailleurs ponctuellement, de la politique. C’est en tous cas ce qu’on lui reprocherait dans la principale cité migovéenne.
Ambitieux et quelque peu revanchard après le décès d’Omar Bongo Ondimba, qui lui avait fait voir de toutes les couleurs et fait subir les pires souffrances physiques, celui qui n’était pas encore leader de parti politique, mais qui avait de qui tenir, puisque son père, feu Paul Indjendet Gondout, fut président de l’Assemblée nationale du Gabon de 1975 à 1980, n’a pas pu prendre part aux élections législatives de 2011 en respectant un mot d’ordre de boycott des élections législatives de cette année-là lancé par une opposition déjà peu sincère avec elle-même puisque des personnalités comme Maganga Moussavou ou le Pr Léon Mbou Yembit s’affranchirent de cette consigne pour aller, malheureusement se faire battre, l’un à Mouila et l’autre à Guiétsou, terminant, lamentablement de la sorte, une carrière politique jusque-là remarquable. Alors que Ndjambiempolo piaffait d’impatience d’en découdre avec les cadres du Parti démocratique gabonais de l’époque. Il faudra attendre les élections locales organisées en 2013 pour voir ce que l’époux de Chantal Myboto avait dans le ventre.
Vraiment rien de consistant à la sortie des urnes. Le résultat des courses de cette équipée politique ayant été à la limite décevant pour celui qui deviendra par la suite secrétaire général adjoint en charge des élections au sein de l’Union nationale et se pensait peut-être déjà à cette époque mis en orbite par le clan pour prendre la présidence du parti que dirigeait encore son beau-père Zacharie Myboto. Son score et celui de son propre parti, qui évoluaient ainsi en indépendants, ayant pour ainsi dire atteint des piques de désespérance peu en rapport avec l’ambition affichée et les moyens déployés. La liste conduite par Paul-Marie Etienne Ndjambiempolo Gondjout avait sombré devant celle conduite par Richard Auguste Onouviet dans le 1er arrondissement de la commune convoitée de Lambaréné.
Revenu sur le terrain électoral pour les scrutins législatif et local de 2018, PMG brilla encore par des performances politiques à nouveau très, très insuffisantes pour lui-même comme pour ceux que l’Union nationale avait investis pour ces deux échéances.
En 2023 et maintenant qu’il est à la tête de son propre parti et les mains complètement libres pour agir, pense-t-il pouvoir faire mieux ? Et pourquoi pas ? Puisqu’en politique tout est possible, y compris de le voir rallier le camp de ceux qui l’ont traumatisé hier.
Ngale Beghl’Ango