A la lecture de cet article de notre confrère Nku’u Le Messager au titre racoleur : « Vers une nouvelle révision de la Constitution. Une autre brèche va s’ouvrir », nous avons compris que le millier de rumeurs annonçant une prochaine modification de la Constitution ne font que précéder cette dernière.
Le détail de cette nouvelle « brèche » dans la mère des lois gabonaises nous est explicité par notre confrère dans les termes suivants : « Le pouvoir législatif est composé de deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. Si les membres de la première sont élus au suffrage universel direct, à l’instar du président de la République, ceux de la seconde sont, eux, élus au suffrage universel indirect. D’aucuns [qui ?] ne comprennent pas alors pourquoi c’est le président du Sénat qui assurerait l’intérim du président de la République en cas de vacance de pouvoir si ce n’est par mimétisme de la Constitution de la République française ».
Cette analyse de Nku’u Le Messager nous explique, donc, que les parlementaires élus au suffrage universel direct seraient, quelque part, plus légitimes que les autres. Discutable, mais admettons ! Toutefois, il n’en demeure pas moins quelques questionnements. Pourquoi ne s’en préoccuperait-on que maintenant ? Pourquoi avoir attendu l’arrivée de Faustin Boukoubi à la tête de l’Assemblée nationale pour s’inquiéter soudainement du déficit de légitimité des sénateurs dont l’Etat-Bongo et le PDG s’accommodent depuis plus de 20 ans ? En guise de réponse à ces questions, Nku’u Le Messager nous donne une indication précieuse : « C’est au niveau de [l’] intérim que se pose le problème…et qu’il risque d’avoir révision constitutionnelle ». Indication précieuse parce qu’elle lève un pan du voile, notamment sur le fait de savoir qui, contrairement à l’article 13 en voie de disparition, va diriger le Gabon non pas pendant les 60 jours intérimaires légaux, mais, comme le précise Nku’u Le Messager diablement bien informé, « jusqu’à la fin du mandat en cours », donc jusqu’en 2023. Le président de l’Assemblée nationale. Autrement dit, Faustin Boukoubi. Notre confrère s’appuie, assure-t-il, sur des « sources que l’on dit souvent autorisées » et nous annonce que tout cela devrait prendre forme dans quelques mois. Pendant ce temps, l’agence américaine Bloomberg pronostique six mois de convalescence avant qu’Ali Bongo ne regagne définitivement le Gabon. Elle révèle, en même temps, le retour d’Abo « pendant deux ou trois jours la semaine prochaine pour superviser une réunion du cabinet » qui pourrait déboucher sur un Conseil des ministres et une vaste recomposition du paysage politico-administratif gabonais. Alors que, pour « les médecins de Bongo », comme l’explique le média américain, ce dernier « est en convalescence lente », quelles urgentes raisons peuvent pousser Marie-Madeleine Mborantsuo à le soumettre à de nouveaux efforts physiques ? D’autant que 3M avait déjà agréé la possibilité pour le vice-président de la République de présider des Conseils de ministres. Maganga Moussavou ne serait-il plus en odeur de sainteté ? PCMM fait-il partie de la suite des évènements ? Rien n’est moins sûr. La présidente du Sénat non plus, d’ailleurs. Surtout elle, Milebou out. Comme quoi les rumeurs sont bien souvent des fumées annonciatrices des feux qui couvent entre les factions actuellement en bataille au sein du système-Bongo.
Quant à l’argument concernant cette légitimité des députés qui serait supérieure à celle des sénateurs, rappelons-nous que c’est bien la même Cour constitutionnelle qui avait décidé, un lundi 30 avril 2018, de mettre fin au mandat des députés et de remettre tous les pouvoirs de l’Assemblée dans les mains la présidente du Sénat considérée alors, au sein des parlementaires, comme leur Primus inter Pares. Manifestement, Milebou n’est pas/plus l’homme qu’il faut pour ce long voyage intérimaire. Ses relations familiales avec Jean Ping ou de l’autre côté de l’une de nos frontières n’arrangent pas les choses. Boukoubi présenterait donc plus de garanties. Pour les clans qui sont convenus de la conduite des affaires dans une perspective sans et post-Abo. Pour Nku’u, « quelques mois » suffiront, six pour l’agence américaine Bloomberg qui préfère ne pas s’avancer sur l’état de santé d’Abo à son retour définitif au Gabon. Et immédiatement après ces « quelques…mois », exécution du plan B. B comme Boukoubi. Présidence en vue.