Soupçonnant son demi-frère Omar Denis Junior Bongo Ondimba d’avoir des ambitions pour 2023 et avec lui, des acteurs de la diaspora, Ali Bongo a, lors de son Conseil des ministres du 13 septembre dernier, amené le gouvernement à prendre un certain nombre d’ordonnances et de projets de loi liberticides et anti-constitutionnels, dont le projet d’ordonnance portant loi organique exigeant d’avoir résidé au moins six mois de façon continue au Gabon pour se porter candidat à l’élection présidentielle.
La Constitution, qui est la mère des lois comme on dit, impose l’égalité de tous devant la loi. Oser prendre une loi qui stipule que « sont éligibles à la présidence de la République tous les Gabonais des deux sexes jouissant de leur droits civils et politiques et ayant résidé sans discontinuité sur le territoire national au moins six mois chaque année au cours des deux dernières années précédant l’élection » n’est rien d’autre que discriminatoire et liberticide. Autrement dit, un texte lâche et imbécile qui est loin d’être « l’expression de la volonté générale », mais plutôt celle d’un groupe, d’un clan, les seuls Bongo-Valentin-PDG. Le comble est que l’exigence de résidence, précise l’ordonnance, vaut aussi pour les Gabonais en poste dans les missions diplomatiques et dans les organisations internationales dont le Gabon est membre. Ceux-ci n’en sont pas dispensés. Voilà qui prive Frédéric Bongo et d’autres diplomates d’une possible rupture d’avec le régime pour venir le tutoyer dans les urnes.
Posons-nous la question de savoir pourquoi de nombreux Gabonais se trouvent actuellement à l’étranger alors que, dans la mentalité gabonaise, vivre à l’étranger n’est pas notre dada. Ils le sont parce qu’ils sont inquiétés par la dictature en place à Libreville et craignent pour leur sécurité. Nombreux ont abandonné ici fortune, femme et enfants, à l’exemple de Jean Pierre Lemboumba Lepandou dont la maison à Okondja vient de passer par un brasier sans que personne n’en dise mot au sein du régime. Cette loi, quoi qu’on en dise, vise ceux-là.
Or, même si ce n’est pas encore officiel, Charles Mba, Laurence Ndong, Séraphin Moundounga ne faisaient plus mystère de leur intention de venir tutoyer la dictature de Libreville en 2023. Les Gabonais attendent le gouvernement sur les chantiers des routes, des écoles, de la santé, des logements et de l’allègement du panier de la ménagère… Mais le gouvernement préfère verser dans la provocation en prenant des lois liberticides. Les Bongo affectionnent la violence parce quelqu’un de violent est, de nature, peureux. C’est donc la peur qui leur fait prendre ces lois liberticides.
Pourquoi défaire les droits de certains sous-prétexte qu’ils ne vivent pas au pays ? C’est là une bonne mauvaise volonté d’écarter certains pour la magistrature suprême. En quoi ceux qui sont au pays et qui maltraitent leur peuple sont plus méritants qu’eux ? Sauf à penser qu’un individu (candidat) peut tromper tout un peuple. Quand le jeu démocratique se fait en toute transparence, il faut laisser et donner au peuple souverain lui-même la possibilité de s’exprimer et confirmer sans aucune discrimination quelconque son choix par le vote. N’est-ce pas pour cette même raison que le pouvoir Bongo-Valentin-PDG avait évoqué la nécessité de faire sauter la limitation de mandats du président de la République de notre Constitution et de notre code électoral ? Idem pour la limite d’âge. Puis, dernièrement, l’âge minimum d’éligibilité ramené à 18 ans. L’âge pour un jeune d’aller à l’université. En quoi un jeune de 18 ans serait-il plus outillé à diriger le Gabon qu’un candidat de la diaspora ? Pour le poste de président de la République d’un pays totalement ruiné économiquement, dont la cohésion sociale n’existe plus, ayant un taux d’endettement avoisinant les 75 % et une corruption endémique, il est normal que des personnes jouissant d’une d’expérience professionnelle et d’un certain âge postulent à la fonction suprême. Peu importe qu’ils vivent au Gabon ou à l’extérieur. Le peuple souverain choisira ou refusera en connaissance de cause. Par contre, comment un jeune de 18 ans, qui n’a pas encore acquis suffisamment de connaissances et d’expérience pour faire face à tous les défis de la vie d’une Nation de 2 000 000 d’habitants, peut-il présenter sa candidature à la présidence de la République ? Non, le Gabon n’est pas la propriété privée des Bongo. Seules les urnes doivent parler et non des lois scélérates susceptibles d’accroître des tensions déjà perceptibles dans notre pays.