Le débat vole bas à Mounana entre le sémillant Sous-préfet, le camarade Léonel Ondy Ebounou et le médecin chef de l’hôpital Jean Claude Andrault. Le pognon serait au cœur de la discorde.
Pour le Sous-préfet de Mounana, le jour où l’actuel ministre de la Santé, le Dr Obiang Ndong a nommé Dr Lydia Ikapit épouse Allogo Nguema médecin chef de l’hôpital Jean Claude Andrault, reste un jour maudit. Comme s’ils s’étaient retrouvés par ailleurs, les relations entre l’homme de commandement et la dame de la santé sont très malsains. Il semble que, usant de son autorité, le Sous-préfet, dès que l’occasion se présente, n’hésite pas à humilier la dame de la santé. Allant parfois à traiter cette mère de famille de « voleuse ».
Si jusque-là, dame Ikapit a gardé son calme, sieur Ebounou, va malheureusement croire qu’il s’agit d’un laxisme ou d’un aveu d’impuissance doublé de culpabilité. Mais mal lui en a pris, lorsque, le 14 septembre dernier, monsieur le Sous-préfet prenait sa belle plume pour se défouler sur une dame qui pensait pourtant bien faire les choses et sauver des vies à Mounana. Dès le début de sa lettre, l’homme de commandant sort l’arme lourde : « Nous constatons, pour le déplorer, que depuis votre prise de fonctions à la tête de l’hôpital Jean Claude Andrault de Mounana, votre gestion des deniers publics est peu ou pas tout orthodoxe ». Ce monsieur est qui en terme de contrôle financier pour juger de l’orthodoxie d’une gestionnaire de santé ? Passons !
Plus loin, monsieur le Sous-préfet enfonce : « Que ce soit pour les recettes ou pour les dépenses, votre façon de faire laisse paraitre clairement des flagrants détournements de fonds ; toute chose que la loi condamne et dont le chef de l’Etat et le gouvernement en font un combat sans merci depuis quelques temps. » Conclusion, le médecin chef détourne.
Pour monsieur le Sous-préfet : « Sur la gestion des recettes générées par l’hôpital, vous vous êtes établi en comptable public, avec certains agents. Les recettes sont peu ou pas du tout reversées au Trésor public. Leurs utilisations n’est connue que de vous. Vous engagez même des agents dont la rémunération et la qualification ne sont connues que de vous, sans vous référer à votre hiérarchie. Comme si l’hôpital Jean Claude Andrault était votre clinique ». Quelle agressivité monsieur le Sous-préfet !
Voleur toi-même !
Blessé dans son amour propre par ses propos injurieux de la part d’une autorité de commandement, le médecin chef va lui donner la réplique qu’il mérite : « J’accuse réception de votre courrier. Tout d’abord permettez-moi de vous faire part de mon indignation et ma frustration suite à la façon dont vous m’avez humilié ce mercredi 14 octobre, en présence de MM le Commissaire, le Commandant de brigade et d’un agent de renseignement. Vous m’avez convoqué à une réunion sans me donner la parole, vous m’insultez en me traitant de voleuse, d’impoli et me menaçant de me mettre en prison. Que je sache, notre relation est strictement professionnelle. Je suis une mère de famille et non votre sujet sur qui vous devez crier, le respect doit être mutuel pour une bonne collaboration. » Ça c’est l’entrée en matière. Maintenant le lourd.
« Venons-en aux faits » !
Madame le médecin chef laisse parler son cœur : « Concernant la gestion de l’hôpital dont vous faites état avec légèreté pour me discréditer sans tenir compte des réalités, je profite de cette occasion pour vous présenter ce qui suit :
Le 26 novembre 2019, j’ai pris mes fonctions à l’hôpital Jean Claude Andrault de Mounana et par arrêté n° 00050/MS/SG portant désignation des responsables de programmes, des responsables de budgets opérationnels de programmes et des responsables d’unités opérationnelles du ministère de la Santé en date du 18 mars 2020, j’ai été désignée RUO (Responsable unité opérationnelle) pour exécuter le budget de l’hôpital de Mounana. Mais je n’en ai reçu notification que le 27 mai 2020 par une voie non-hiérarchique.
Dès mon arrivée à l’hôpital j’ai trouvé un gestionnaire Monsieur Nang Aurélien (votre protégé), mais ayant constaté les malversations de ce dernier (voir courrier du 11 mai 2020 dont vous êtes en ampliation), je lui ai retiré la caisse que j’ai remis à madame Kalini Karelle infirmière assistante et il se devait de continuer à passer ses écritures comptables. Pour votre information, depuis mon arrivée, j’ai instauré le paiement des quotes-parts à l’ensemble du personnel, chose qui n’existait pas, vu que chacun se faisait du beurre dans son coin, où il y avait des entrées d’argent. Comme vous pouvez le constater je ne gère pas l’hôpital d’une manière opaque, j’essaie plutôt de mettre de l’ordre, mais cela gêne certaines personnes. Je suis libre de croire aujourd’hui, que ma gestion transparente a pour conséquence le harcèlement et les intimidations dont je suis victime, dont vu que certains ont perdu leurs privilèges d’entrée de fonds.
Afin de permettre d’avoir une lisibilité pour mieux planifier les engagements du fonctionnement de notre hôpital, j’avais eu des séances de travail avec monsieur le Receveur-percepteur du Trésor public de Moanda, d’où malheureusement j’avais pu constater que plusieurs opérations comptables avaient été passées sans que je ne sois consultée, ni n’en sache la traçabilité et les raisons des dépenses en ma qualité de médecin-chef de l’hôpital, ordonnateur des dépenses :
-Le 02/12/2019, décaissement au Trésor de Moanda de 1 800 000FCfa (voir courrier réclamation des justificatifs du 8 mai 2020 dont vous êtes en ampliation. Je rappelle que monsieur Nang Aurélien qui avait reçu le courrier du Receveur-percepteur, me l’avait caché).
– Le 14/04/2020 au trésor de Moanda de 3 998 560Fcfa.
-Le 20/04/202 décaissement au trésor de Moanda de 2 999 400Fcfa
-Le 20/04/2020 décaissement au trésor de Moanda de 1 997 400Fcfa
-Le 06/05/2020 décaissement au trésor de Moanda de 3 999 920FCfa
Soit un montant total de 14 795 280Fcfa du compte CNAMGS qui ont été sortis du trésor de Moanda en mon insu, dont vous avez été le signataire contrôleur budgétaire. Est-ce que vous avez convoquez les fournisseurs sur ces détournements de fonds ? A ma connaissance, à chaque fois que j’ai posé ce problème, c’est bouche cousue, on évite les problèmes, sans réaction de votre part. Et c’est à moi que vous écrivez sur ma gestion. Tout ceci est vraiment de la démagogie et de la distraction, c’est moi que l’on veut noyer alors que le vrai problème de fond est ailleurs. »
Comme on le voit, il y a à boire et à manger du côté de l’hôpital de Mounana, sauf que monsieur le Sous-préfet veut se montrer trop gourmand.