Le lundi 30 décembre 2019, le directeur de publication du journal Le Diagnostic, Bertin Ngoua Edou, a été interpellé par les éléments de la DGR au cabinet du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), René Ndemezo’o Obiang (RNO), également président de Démocratie nouvelle (DN). Le motif de son arrestation repose sur la diffamation concernant un article paru dans son journal n° 91 dont le titre est « La visite de toutes les interprétations » et qui accuse René d’avoir reçu du grisbi des mains de BLA.
Il semble que l’article, qui aurait été rédigé par le pigiste Bienvenu Mintsa (aujourd’hui en cavale), a tout simplement rapporté les faits tels qu’ils lui auraient été rapportés. Sauf qu’il a péché en n’allant pas prendre la version de René. Ce qui a d’ailleurs vexé ce dernier au moment où aucun acteur du pouvoir ne veut voir son nom figurer à côté de celui de BLA ou de celui de Tony Ondo Mba qui, hier encore, était avec René comme col et chemise à Bitam pour faire la peau au camarade Pastor Ngoua N’neme. D’ailleurs, on a assisté à une sorte de Yalta à Bitam entre René, Tony et l’actuel maire Mbele Asseko pour le contrôle du Conseil municipal.
Le jeudi 03 janvier 2020, René aurait ordonné aux enquêteurs de la DGR de traduire le journaliste au tribunal. Entre-temps l’Organisation patronale des médias (Opam), Reporters sans frontières (RSF) et le collectif des journalistes se mobilisent pour la libération du confrère. Décision est prise par la presse libre du Gabon de boycotter la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux au chef de l’Etat.
Le vendredi 04 janvier 2020, une délégation de l’Opam, conduite par son président, s’est rendue à la DGR pour leur signifier qu’au Gabon le délit de presse n’est plus du ressort du pénal. La DGR a rétorqué qu’au Gabon « le code pénal est au-dessus du code de la communication« . Décision est prise sur place de présenter le prévenu au parquet. C’est devant le procureur que le journaliste et son avocat apprennent que RNO vient de retirer sa plainte, mais il exige du prévenu qu’il aille lui présenter des excuses à domicile. Selon le prévenu Bertin, le chauffeur et le garde du corps de RNO l’attendaient pour le convoyer chez son bourreau. « RNO a envoyé un véhicule pour venir te chercher », disent-ils à Bertin qui doit aller subir l’humiliation en live.
Au domicile de René, le petit frère Bertin a fléchi la jambe devant le grand frère et présenté ses excuses à son grand frère démocrate qui lui a fait passer la bonne année dans les geôles de la DGR. Il semble tout de même que René lui aurait prodigué des conseils d’usage.
Sauf qu’après leur séparation, les images des deux frères ‘’ennemis’’ passent en boucle sur Facebook, montrant que la réconciliation a bien eu lieu.
Ce que RNO ne sait pas, c’est que la presse gabonaise, dans son ensemble, avait déjà pris la décision de boycotter sa séance de vœux au chef de l’Etat si le journaliste n’était pas libéré. Le président de la HAC a personnellement pris le téléphone pour rappeler à RNO qu’il risquerait d’être responsable de ce boycott et qu’il ne rendait pas service au président de la République que la presse nationale et internationale tient déjà pour responsable de l’arrestation du journaliste Ngoua Edou Bertin. C’est fort de cette pression que RNO a été contraint de retirer sa plainte 30 minutes seulement avant le passage du journaliste devant le procureur.
Cependant, si le directeur de publication est libéré, ce n’est pas le cas pour son pigiste qui est toujours traqué par les éléments de la DGR. Depuis quelques jours, certains proches de RNO sont signalés du côté de Bitam à la recherche de Bienvenu Mintsa avec pour but de le faire arrêter et l’obliger à dénoncer l’adversaire politique à l’origine de cet article. Depuis lundi dernier, sa famille n’a aucune nouvelle de leur enfant et se prépare à déposer un communiqué radio à Bitam pour prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur tout ce qui pourrait arriver à Bienvenu Mintsa.