Dans la journée du lundi 03 décembre 2018 le roi du Maroc a fait circuler une photo et une vidéo où il est en audience avec Ali Bongo en convalescence à Rabat. Cette vidéo avait le double avantage de confirmer ce que nous avons souvent dit ici, à savoir qu’Ali Bongo n’est certainement pas mort. Mais est-il encore capable, physiquement et mentalement, de poursuivre son mandat à la tête du pays ?
Avec la diffusion de la photo et de la vidéo montrant Ali Bongo en audience avec le roi Mohamed VI du Maroc et avec les autorités gabonaises, on peut considérer que le débat sur la question de sa mort est clos, même si, pour certains, des doutes subsistent. Encore que cette question n’a réellement pas été au cœur du débat de fond. Cette question fondamentale reste entière, à savoir, est-il en capacité physique et mentale de continuer à diriger le Gabon ? Cette question est essentielle, car les vidéos que nous avons vues et que nous jugeons indécentes parce qu’elles nous montrent un Ali Bongo largement diminué, avaient au moins l’avantage de nous convaincre qu’il est en vie tout comme elles nous poussent à émettre des doutes sur son retour aux affaires tout de suite. Autrement dit, la convalescence pourrait durer.
Quelques constats à partir de l’analyse des vidéos
La première nous montre un Ali Bongo de profil. On voit bien que la maladie a laissé des traces sur son visage. Ensuite, on ne le montre pas de face ou encore du côté de droit. Sans en tirer des conclusions, nous savons tous que l’AVC entraine souvent des paralysies d’un côté des membres de ceux qui en sont victimes. Qu’en est-il d’Ali Bongo ? Toujours de la même vidéo, Ali Bongo, qui tient un verre de lait, peine à l’entrainer vers sa bouche et même lorsqu’il y parvient, il ne parvient pas à bien ouvrir ses lèvres… La question sur la maladie est si sensible qu’il faut la traiter avec tact. Mais il s’agit tout de même ici de la capacité de la plus haute autorité du pays à poursuivre son sacerdoce à la tête de l’Etat. Sans verser dans l’émotion et la suspicion, il est important, après avoir vu les vidéos sur Ali Bongo, que les autorités du pays se ressaisissent et mettent les intérêts du Gabon et l’avenir du Gabon en priorité. Pour cela, il revient au Sénat, seule institution jouissant de la « légitimité populaire » en ce moment, de prendre l’initiative de mettre en place un collège de médecins expérimentés qui iraient à Rabat pour consulter le convalescent président du Gabon afin de dire si, oui ou non, il pourra très rapidement poursuivre sa mission à la tête du pays.
Si nous le disons, c’est non seulement parce qu’il y a eu trop de mensonges et de contre-vérité sur la santé du chef de l’Etat au point que même après avoir vu les vidéos, de nombreux Gabonais émettent toujours des doutes. Mais aussi pour que le Gabon retrouve sa pleine souveraineté. Même malade, Ali Bongo reste le président du Gabon. Ainsi, seul le Gabon et son gouvernement doivent avoir le monopole de communiquer sur sa santé et d’y veiller. C’est une honte et une humiliation de voir que c’est le roi du Maroc qui gère désormais notre président, comme s’il était son sujet. Que nos autorités se ressaisissent et cessent de faire comme s’ils étaient des lâches. Qu’ils s’approprient rapidement Ali Bongo, qui est Gabonais et président du Gabon. Le Sénat, dans son ensemble, est ici interpellé.
Nous n’avons rien contre le Maroc, pays ami et frère, mais il n’est pas question que la relation entre Mohamed VI et Ali Bongo soit placée au-dessus du Gabon, de son honneur et de sa dignité. Jusqu’à présent, le Maroc et la France ont joué un très mauvais jeu dans la politique intérieure du Gabon. Un jeu qui humilie le Gabon et les autorités gabonaises. Il faut que cela cesse. Le Maroc doit faire en sorte que si, demain, le pouvoir change de main au Gabon, les relations privilégiées qui unissent nos deux pays demeurent intactes. Malheureusement aujourd’hui, les Gabonais vivent comme une humiliation de trop la manière dont le Maroc s’implique dans la gestion de la santé d’Ali Bongo au point que nos autorité sont larguées et doivent se contenter de ce que le Maroc veut bien leur lâcher comme information. Cela ne pleut plus et ne doit plus durer trop longtemps.